Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Fleming (Ian)

Écrivain anglais (Londres 1908 – Canterbury 1964).

Admis à l'Académie militaire royale de Sandhurst, il préfère entrer à l'agence Reuter. Contacté par les services secrets anglais (1939), il construit à partir de son expérience le personnage de James Bond (Casino royal, 1953 ; Chauds les glaçons, 1956 ; James Bond contre Dr No, 1958 ; Goldfinger, 1959 ; On ne vit que deux fois, 1964).

Fleming (Paul)

Poète allemand (Hartenstein 1609 – Hambourg 1640).

La vie de ce fils de pasteur fut brève et mouvementée. Ses voyages le menèrent jusqu'à Moscou et Ispahan, où il séjourna plusieurs années. D'abord auteur de poèmes latins, il écrivit ensuite en allemand et profita des leçons de Martin Opitz. Dans une langue à la fois vigoureuse et mesurée, il a repris les formes chères aux pétrarquistes, le sonnet, l'épigramme et surtout l'ode. Il passe avec aisance du lyrisme galant à l'expression d'un stoïcisme émouvant, de chansons à boire à la poésie religieuse. Ses poèmes ont été réunis en volume après sa mort (Poèmes allemands, 1642).

Flers (Robert de)

Auteur dramatique français (Pont-l'Évêque 1872 – Vittel 1927).

Journaliste, il écrit quelques romans et nouvelles puis, avec Georges Arman de Caillavet, des opérettes (les Travaux d'Hercule, 1901 ; le Sire de Vergy, 1903 ; Monsieur de La Palice, 1904) et des vaudevilles (Miquette et sa mère, 1906 ; le Roi, 1908 ; le Bois sacré, 1910 ; l'Habit vert, 1913) qui connaissent un vif succès. Les comédies sentimentales (l'Âne de Buridan, 1909 ; la Belle Aventure, 1913 ; Primerose, 1914) plurent moins. Après la mort de Caillavet (1915), Robert de Flers, avec Francis de Croisset, crée avec succès les Vignes du Seigneur (1923) , les Nouveaux Messieurs (1925) et le livret de Ciboulette, l'opérette de Reynaldo Hahn (1923).

Fletcher (Giles)

Écrivain anglais (Cranbrook, Kent, v. 1549 – Londres 1611).

Diplomate, il décrit la Russie (De la société russe, 1591). Son fils Giles, dit le Jeune (Londres v. 1585 – Alderton, Suffolk, 1623), est l'auteur d'une épopée spensérienne (Victoire et triomphe du Christ..., 1610). Phinéas, frère aîné de Giles le Jeune (Cranbrook 1582 – Hilgay, Norfolk, 1650), publia des églogues sur la pêche (Sicélide ou Pescatoire, 1631), un poème érotique (Ida de Bretagne, 1628) et une description allégorique du corps humain en douze chants (L'Île pourpre, 1633), qui assure le lien entre Spenser et Bunyan.

Fletcher (John)

Auteur dramatique anglais (Rye, Sussex, 1579 – Southwark 1625).

Collaborateur probable de Shakespeare, il devient le partenaire de Beaumont dans des pièces (Philaster, 1608 ; le Chevalier au Pilon-Ardent, 1611 ; la Belle Dédaigneuse, 1616) qui sont les classiques du théâtre jacobéen : une dramaturgie solide sans l'ambition nationale ou universelle des élisabéthains. Après la mort de Beaumont, Fletcher collabore, notamment avec Ben Jonson, Massinger, Tourneur et Middleton pour la Bergère fidèle (1609), le Pèlerin (1621). Sa verve et son habileté en firent l'auteur préféré de la Restauration.

Fleur en Fiole d'Or
(Jin Ping Mei)

C'est le dernier-né des quatre romans-fleuves connus en Chine sous l'appellation de Quatre Livres extraordinaires (Si da qishu). Sa première édition date du tout début du XVIIe siècle. Bien qu'il emprunte une part de sa matière à Au bord de l'eau (Shuihu zhuan) – en fait, un épisode secondaire narré dans les chapitres 23 à 27 –, à certains récits (conte et roman) en langue vulgaire, c'est la première œuvre romanesque d'ampleur (100 chapitres) à sortir, pour l'essentiel, du pinceau d'un seul auteur. Que celui-ci soit un écrivain de renom tel que Tang Xianzu (1550-1616) ou un lettré obscur, peu importe. Il fut aussi habile à tisser une trame romanesque aux nombreuses ramifications qu'à la soutenir sur la longueur par maints récits mineurs et descriptions foisonnantes. L'ensemble est porté par une maîtrise singulière de la langue vulgaire. Conscient de sa responsabilité de narrateur, l'auteur réussit à varier les registres, sans s'interdire le recours à un érotisme parfois torride qui condamna le roman à être mis à l'index. Qu'à l'instar de son préfacier, on le considère comme « obscène pour la bonne cause » ou « aucunement licencieux », comme son plus fervent commentateur et partisan Zhang Zhupo qui l'éditera dans une version allégée de bon nombre de ses poèmes en 1695, le Jin Ping Mei est un livre véritablement extraordinaire. Il narre l'ascension puis le déclin d'un marchand nommé Ximen Qing, avide de richesses, d'honneurs, tout autant que de conquêtes féminines. S'étant acheté une charge qu'il peine à remplir, il réunit autour de lui cinq concubines dont Pan Jinlian (Lotus d'or), qui ne le rejoint qu'après avoir dûment empoisonné son mari, et Li Ping'er (Fiole), qui lui donnera un fils. Grand consommateur d'aphrodisiaques – penchant qui le perdra –, il prend, de force s'il le faut, son plaisir avec plus d'une dizaine d'autres femmes, jeunes et moins jeunes, parmi lesquelles Pan Chunmei (Fleur-de-Prunier), la très jolie servante de Lotus d'or. Mais tout cela n'est que la toile de fond d'une peinture au vitriol de la société à une époque minée par la corruption du milieu mandarinal. Le roman, toujours interdit en Chine, reçut plusieurs suites dont celle de Ding Yaokang (1599-1669) vers 1660 (Xu Jin Ping Mei) ; Cao Xueqin (1715 ?-1763) s'en inspira tout en s'en démarquant dans le Honglou meng.

Fleutiaux (Pierrette)

Romancière française (Guéret 1941).

Adepte d'un fantastique peu conforme aux règles du genre et aux modes actuelles, elle explore avec compassion et lucidité, dans ses romans et nouvelles, les marges opaques, enfantines ou mystiques du quotidien, les pouvoirs de transformation de l'animalité (Histoire de la chauve-souris, 1975) ou de la destruction (Métamorphoses de la reine, prix Goncourt de la nouvelle 1984 ; Nous sommes éternels, prix Femina 1990).

Floire et Blancheflor

Composé au milieu du XIIe siècle par un auteur français anonyme, ce récit en vers s'inspire d'un conte des Mille et Une Nuits (Neema et Noam). Sous sa première forme (développée par la suite), l'œuvre est contemporaine des romans antiques, comme l'Énéas. Mais le thème central – les amours enfantines contrariées, qui se retrouvent aussi dans le Pyrame et Thisbé français imité d'Ovide – met en scène un couple inattendu : le fils d'un prince sarrasin et la fille d'une esclave chrétienne, qui se ressemblent comme frère et sœur et font ensemble leur apprentissage des lettres et de l'amour. Après la séparation imposée par les parents de Floire et une série d'épreuves qui déplacent l'action vers l'Orient et ses merveilles inquiétantes, les deux jeunes gens finissent par se retrouver et par s'unir à Babylone, Floire se convertissant alors au christianisme. L'action s'enrichit de motifs descriptifs qui deviendront classiques (la description du verger de l'émir de Babylone) et fait de l'Orient un nouvel espace littéraire que l'on peut qualifier d'exotique. L'existence de deux versions en français et de nombreuses traductions et adaptations témoignent du succès qu'a connu ce récit dans toute l'Europe médiévale.