Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
I

Ivasiuc (Alexandru)

Écrivain roumain (Sighetul Marmatiei 1933 – Bucarest 1977).

Ses romans débattent de graves problèmes de conscience, rapportés aux contraintes exercées par le pouvoir dans la société contemporaine (le Vestibule, 1967 ; Intervalle, 1968 ; les Oiseaux, 1970 ; l'Eau, 1973 ). Son meilleur roman, l'Écrevisse (1976), transpose l'analyse de la dictature dans un État latino-américain imaginaire.

Ivo (Lêdo)

Écrivain brésilien (Maceió, Alagoas, 1924).

Romancier, conteur, essayiste, il est le chef de file de la « génération de 45 », soucieuse d'inventions verbales (Imaginations, 1944 ; Ode au crépuscule, 1948 ; Magies, 1960).

Ivoi (Paul Deleutre, dit Paul d')

Écrivain français (Paris 1856 – id. 1915).

Journaliste-chroniqueur, il se fit connaître par des romans d'abord publiés en feuilletons (le Capitaine Jean, la Femme au diadème rouge). Les Cinq Sous de Lavarède (1893) racontent le tour du monde d'un jeune débrouillard confronté à de cocasses péripéties. Il publia, dans la même veine, le Sergent Simplet 1895), le Corsaire Triplex (1898), l'Aéroplane fantôme (1910), et fit jouer des pièces de théâtre (le Mari de ma femme, 1887).

Iwan Simatupang

Écrivain indonésien (Sibolga 1928 – Jakarta 1970).

L'intervention militaire néerlandaise de décembre 1948 interrompit ses études secondaires : il entra dans l'armée de la République d'Indonésie, fut arrêté par les Néerlandais en 1949, puis relâché. Il continua alors ses études, d'abord à Medan, puis à Surabaya à l'École de médecine en 1953. Après son mariage avec une pianiste néerlandaise (1955), il suivit des cours d'anthropologie, de sciences sociales et de théâtre aux Pays-Bas (1956-57), puis des cours de philosophie à Paris (1958). Très affecté par la mort de sa femme (1960), qu'il évoque dans son roman Pèlerinage (1969), il se remarie, divorce, enseigne à Bandung, travaille au Pingkan Film Corporation et au Zebra Film, devient journaliste au Warta Harian. Il est l'auteur d'essais, de poésies, de pièces de théâtre, mais ce sont ses romans qui font de lui le grand novateur de la littérature indonésienne. Leur intrigue, absurde et tragique, est relatée avec humour, le style est volontiers symbolique, le héros anonyme, incomplet, insaisissable, la méditation philosophique toujours présente : on a voulu y voir une parenté avec le Nouveau Roman français (le Rouge du rouge, 1968 ; Sécheresse, 1972 ; Koong, 1975).

Iwanari Tatsuya

Poète japonais (Kyoto 1933).

Mathématicien de formation, il fut cofondateur, avec Irisawa, de la revue Amorphe, et participa au mouvement d'un art poétique, recherchant non la représentation de la réalité, mais la construction formelle du langage. Pionnier du poème en prose, il fait œuvre de poète à l'intérieur même de la logique, en transformant en épiphanie poétique et mystique l'absence même de toute « poétique » ordinaire. Compléments fragmentaires concernant le bateau de Léonard (son premier recueil de poèmes, 1969) ; Notes continues concernant un récipient de glaçons (1980, prix Rekitei) ; Chansons de Flebevry Hippopotamus (1989, prix Takami Jun) ; Ma somme poétique (critique, 1995) ; Notes sur les oiseaux, le vent, la lune et les fleurs (2000).

izlan

nom berbère pluriel (singulier : izli) donné à une forme de poésie chantée dans beaucoup de populations berbères, en particulier celles du Moyen Atlas (le terme désigne à la fois le genre et un spécimen particulier). L'izli classique est un très court poème à mélodie et à rythme fixes. Il est formé de deux hémistiches (respectivement amezwarou, « le premier », et asmoun, « le compagnon »), suivis d'un refrain indépendant. Le rythme n'a pas encore été clairement déterminé ; il semble cependant que chaque hémistiche comporte de cinq à sept temps accentués, le second pouvant être raccourci d'une syllabe. Il n'y a ni rime ni assonance, sinon par réalisation fortuite. Chaque izli forme une unité à la fois grammaticale et sémantique. Les izlan sont, au cours d'une même performance, totalement indépendants les uns des autres, quoique tous suivis du même refrain. Ce type peut cependant présenter des variantes.

   Les dimensions limitées de l'izli lui confèrent souvent un mode particulier d'expression. Le genre compense (un peu à la manière du haiku japonais) par la recherche de l'effet (oppositions contrastées des deux hémistiches, images selon le cas réalistes ou précieuses, raccourcis évocateurs) les développements que sa brièveté lui interdit. La plupart du temps, les izlan sont chantés dans les ahidous. Ils ponctuent tous les événements de la vie sociale ou personnelle, si bien que la masse s'en trouve en perpétuel renouvellement. Il existe des compositeurs professionnels au talent confirmé, tels que, dans les cinquante dernières années, Ba Hedda, Belghazi Bennaser, Hammou Lyazid, Moha Ou Mouzoun, Moha Ou Dris.

Izoard (Jacques)

Écrivain belge de langue française (Liège 1936).

Son écriture poétique s'allonge comme « un mince fil de verre ténu ». Il aime observer « les dessous de l'écriture » – l'écriture de l'écriture – et faire voir le travail de la main qui bouge et qui trace (Ce manteau de pauvreté, 1962 ; Voix, Vêtements, Saccages, 1971 ; la Patrie empaillée, 1973 ; Bègue. Bogue. Borgne, 1974 ; Vêtu, dévêtu, libre, 1978 ; Enclos de nuit, 1983). Il anime la revue Odradek.

Izumi Kyoka (Izumi Kyotaro, dit)

Écrivain japonais (Kanazawa 1873 – Tokyo 1939).

Fils d'un célèbre ciseleur de métaux et d'une mère issue d'une famille d'artistes de no, cet orfèvre du langage, doué d'un sens théâtral de la mise en scène et de l'art du dialogue, et porté à un mysticisme sans retenue, est l'un des grands maîtres de la littérature romantique et fantastique japonaise. Après avoir été disciple d'Ozaki Koyo, il est reconnu comme auteur de « récits à thèse » : Kanmuri Yazaemon (1892), la Ronde nocturne de l'agent de police (1895), et la Salle de l'opération (1895). Allant contre le naturalisme de son époque, l'univers mystique et symbolique de son œuvre apparaît comme l'unique miroir de ses visions : Teriha kyogen (1896) ; le Saint du mont Koya (1900), chef-d'œuvre incontesté ; Généalogie de femmes (1907) ; le Chant à la lanterne (1910).