Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
R

Rinaldi (Angelo)

Critique littéraire et romancier français (Bastia 1940).

Éditorialiste littéraire à l'Express (1972-98), puis critique au Nouvel Observateur (depuis 1998), surnommé l'« éreinteur » pour la férocité de ses papiers (réunis dans Service de presse, 1999), il est l'auteur de romans d'inspiration proustienne, dont la Loge du Gouverneur (1969, prix Fénelon), la Maison des Atlantes (1971, prix Femina), l'Éducation de l'oubli (1974), la Dernière Fête de l'empire (1981, prix Marcel-Proust), les Roses de Pline (1988), Tout ce que je sais de Marie (2000). Prix littéraire de la Fondation Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre (1994), et prix de la Fondation Mumm (1995), il est élu à l'Académie française en 2001.

Rinser (Luise)

Écrivain allemand (Pitzling, Bavière, 1911-Unterhaching, Bavière, 2002).

Enseignante puis écrivain indépendant, elle est emprisonnée en 1944-1945 et fixe les souvenirs de cette période dans son Journal de captivité (1946). Ses convictions catholiques s'affirment dans ses essais (Centre de gravité, 1960 ; Dire oui à la vie, 1966 ; Jeunesse de notre temps, 1967) et son journal (Chantier, une sorte de journal, 1970 ; Jouet de guerre, Journal 1972-1978,). Ses romans (les Anneaux transparents, 1940-1949 ; Histoire d'amour, 1950 ; le Vol de la colombe, 1957 ; l'Âne noir, 1974) et ses nouvelles (Pars si tu peux, 1959 ; Jour de septembre, 1964) retracent l'évolution psychologique de figures féminines ou enfantines.

Rinuccini (Ottavio)

Écrivain italien (Florence 1562 – id. 1621).

Poète, il joua surtout un rôle décisif dans la naissance du mélodrame par la qualité des livrets qu'il composa pour Iacopo Peri (Daphné,1594 ; Eurydice,1600) et pour Monteverdi (Ariane, 1608 ; la Danse des ingrates, 1608).

Rio (Michel)

Romancier français (1945).

Depuis Mélancolie Nord (1982), ses romans érudits, au style dense et maîtrisé mais non dénué d'humour ni de folie, s'organisent en cycles qui revisitent le roman exotico-encyclopédique (les Jungles pensives, 1985 ; Tlacuilo, prix Médicis 1992), policier (Faux pas, 1991 ; la Mort, 1998) ou arthurien (Merlin, 1989 ; Morgane, 1999 ; Arthur, 2001). La fiction est pour lui le seul lieu où l'on peut mêler imaginaire et intelligence dans une « tentative d'élucidation » (Rêve de logique, 1992).

Ríos (Alberto)

Poète américain (Nogales, Arizona, 1952).

Depuis son premier recueil, Chuchoter pour tromper le vent (Prix Walt Whitman, 1981), Ríos est le plus important auteur hispano-américain. Bilingue, sa poésie englobe des thèmes très variés, allant des aléas de l'amour aux problèmes raciaux des Hispaniques dans le Sud-ouest américain. Dans les poèmes de la Femme du verger de citrons verts (1988), il exprime avec subtilité les interférences entre la sphère du personnel et celle du collectif, montrant les rapports étroits, mais cachés entre le détail et l'universel.

Riou (Jakez)

Écrivain français d'expression bretonne (Lothey 1899 – Châteaubriant 1937).

À douze ans, il fut envoyé avec d'autres jeunes Bretons, comme Youenn Drézen, au petit séminaire des Pères de Picpus à Fontarabie (Espagne). C'est là qu'il se passionna pour sa langue maternelle. Appelé sous les drapeaux (avril 1918), il renonça à la prêtrise et exerça les métiers les plus divers (vendeur de machines à écrire, instituteur, pion) avant d'entrer dans le journalisme. Il avait commencé en 1922 à publier des poésies en breton dans diverses revues, mais son art s'affirma lorsqu'il fit partie de l'équipe de Gwalarn, où il publia Introibo, Balafenn (Papillon), Serr-noz (Crépuscule). Auteur de plusieurs pièces de théâtre dont Nomenoe-oe ! –évocation historique cocasse et anticonformiste, pleine de poésie, de truculence et d'humour –, de romans : Lizer an hini maro (la Lettre du mort), An ti satanazet (la Maison hantée), son chef-d'œuvre est un recueil de nouvelles, Geotenn ar Werc'hez (l'Herbe à la Vierge, 1934).

risala

Mot arabe signifiant épître.

La littérature épistolaire est un véritable genre dans le domaine arabe médiéval. C'est l'un des plus importants et des plus riches, par sa liberté de ton, d'expression, de choix du sujet à traiter, qui comprend aussi bien la fiction légère et plaisante que le traité technique ou philosophique. C'est aussi l'un des premiers genres à s'imposer. Les témoignages les plus anciens d'une prose arabe écrite (et non pas orale), de type littéraire, sont en effet des épîtres. Une question de légitimité : l'acte d'enregistrer par écrit est un acte sensible, très significatif, d'abord réservé à l'intemporel, au sacré ; car qui pouvait prétendre à une autorité telle que ses paroles eussent méritées de lui survivre et de se perpétuer, sans altération aucune (d'où l'importance de les fixer par écrit), jusqu'aux générations futures ? Or l'épître ne prétend pas franchir le temps mais l'espace, ni s'adresser aux foules, mais, plus modestement, à un destinataire déterminé. C'est à ce titre, dans une administration géographiquement éclatée, qu'est né le genre épistolaire, grâce à des secrétaires de chancellerie comme 'Abd al-Hamid ou Ibn al-Muqaffa'. Par la suite, bien entendu, de nombreux auteurs, comme al-Djahiz, al-Ma'arri, Ibn Chuhayd ou Ibn Hazm, ont choisi la forme épistolaire pour parler d'amour ou même pour s'adonner, de façon plus mordante, à la critique littéraire.

Rist (Johann von)

Poète allemand (Hambourg 1607 – Wedel, Holstin, 1667).

Pasteur à Wedel, il est aussi en contact avec les cercles poétiques de Nuremberg (« Nürnberger Dichterkreis ») et de Weimar (« Fruchtbringende Gesellschaft »). Ses nombreux poèmes religieux, représentatifs des débuts du baroque, mis en musique par Praetorius, T. Selle, A. Hammerschmidt ou S. G. Staden, en font le fondateur de l'école du lied à Hambourg. Parmi ses drames allégoriques, l'Allemagne avide de paix (1647) exprime, un an avant la fin de la guerre de Trente Ans, les aspirations à la paix de la nation allemande. Tous les éléments constitutifs du drame baroque y sont déjà en place.

Ristat (Jean)

Écrivain français (Argent-sur-Sauldre 1943).

Comme son maître, modèle et ami Aragon, Jean Ristat a tenté de faire marcher du même pas amour, poésie et politique (Tombeau de Monsieur Aragon, 1983). Il a vite compris que la subversion du texte était de loin la plus aisée et que l'on joue plus facilement avec les stéréotypes littéraires (le Lit de Nicolas Boileau et de Jules Verne, 1965 ; Du coup d'État en littérature, 1970 ; le Fil(s) perdu, 1974 ; Lord B, roman par lettres avec conversations, 1977) qu'avec la Perruque du vieux Lénine (1980), « tragi-comédie lyrique ». Aussi comprend-on que son irrépressible désir de vie et de renouveau (Ode pour hâter la venue du printemps, 1978) passe par la forme dialogique par excellence, le théâtre, dont le rythme était déjà sensible dans l'Entrée dans la baie et la Prise de la ville de Rio de Janeiro en 1711 (1973), poème divisé en actes et qui retrouve la tonalité des pièces baroques du début du XVIIe s. Fondateur de la revue Digraphe, Jean Ristat a rassemblé dans Qui sont les contemporains ? (1975) des articles publiés dans divers périodiques. Derniers titres : l'Hécatombe à Pythagore (1991), le Parlement d'amour (1994), la Mort de l'aimé : tombeau (1998).