Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Betjeman (sir John)

Poète anglais (Londres 1906 – Trebetherick, Cornouailles, 1984).

Il publie son premier recueil en 1931. Vieilles Lumières pour nouveaux chœurs (1937) et Nouvelles Chauves-Souris pour vieux beffrois (1945) lui valent toujours plus d'admirateurs. Chantre du quotidien, il dit avec ferveur et humour la nostalgie du « bon vieux temps ». Il peint à merveille les paysages, qu'il anime de personnages savoureux. Quelques Chrysanthèmes tardifs (1954) a la réputation d'être son meilleur recueil, tandis qu'en 1958 ses Poèmes complets remportent un vif succès. En 1960 paraît son autobiographie en vers, Appelé par les cloches. Anobli en 1969, il succède en 1972 à C. Day Lewis dans la charge de poète lauréat.

Betti (Ugo)

Écrivain italien (Camerino 1892 - Rome 1953).

Poète et conteur symboliste, il est surtout apprécié pour l'atmosphère féerique et le lyrisme de son théâtre (la Patronne, 1927 ; Nos rêves, 1936 ; l'Île des chèvres, 1946 ; la Reine et les insurgés, 1948 ; Corruption au palais de justice, 1949 ; la Fugitive, 1953).

Bettinelli (Saverio)

Écrivain italien (Mantoue 1718 – id. 1808).

Jésuite, il inséra ses poèmes dans une célèbre anthologie des meilleurs poètes de son temps (Anthologie de trois excellents poètes, 1757). Il ébaucha également une critique des poètes du passé dans ses Lettres virgiliennes.

Bevilacqua (Alberto)

Écrivain italien (Parme 1934).

Poète (Images et ressemblances, 1982 ; Ma vie, 1985 ; Poésies d'amour, 1996), il brosse dans ses romans un tableau ironique de la société moderne à travers l'analyse de la psychologie féminine (La Califfa, 1964 ; Cet amour qui fut le nôtre, 1966 ; Sous le regard du chat, 1968 ; le Voyage mystérieux, 1972 ; le Curieux des femmes, 1983 ; la Dame des merveilles, 1984 ; le Jeu des passions, 1989 ; Âme aimante, 1996).

Beyala (Calixthe)

Écrivain camerounais (Douala 1960).

Depuis son premier roman C'est le soleil qui m'a brûlée (1987), audacieux par son langage et ses thèmes féministes, elle a publié presque un livre par an. Ses personnages, des femmes, très défavorisées, vivent souvent en enfer. Dans le Petit Prince de Belleville (1992, grand prix littéraire d'Afrique noire) et la Petite Fille du réverbère (1998), les narrateurs sont des enfants. Calixthe Beyala vit et publie en France, où elle connaît un succès parfois entaché de scandale, comme au moment de l'affaire de plagiat qui a suivi l'attribution du grand prix de l'Académie française à son roman les Honneurs perdus, en 1996. Transgressive et provocatrice, engagée surtout dans la cause des femmes, elle n'est guère reconnue en Afrique.

Bèze (Théodore de)

Écrivain et théologien français protestant (Vézelay 1519 – Genève 1605).

Après des études de droit et de lettres à Bourges et à Orléans, il obtint une chaire de grec à l'Académie de Lausanne, puis, en 1558, devint pasteur et professeur de théologie à Genève. Il participa au colloque de Poissy réuni en 1561 par Catherine de Médicis pour tenter une conciliation entre catholiques et calvinistes, et succéda (1564) à Calvin comme recteur de l'Académie de Genève, poste qu'il occupa jusqu'en 1600. Son œuvre abondante comporte des poésies de jeunesse (Poemata, 1548), une traduction des Psaumes de David qui compéta celle entamée par Clément Marot et que le musicien Claude Goudimel mit en musique, des libelles (dont le plus célèbre est le De Haereticis), des sermons, des harangues, un traité sur la prononciation du français (1584), des méditations (Chrestiennes meditations, 1584), de nombreux opuscules théologiques et surtout une « Tragédie Françoise », Abraham sacrifiant, jouée vraisemblablement en 1550 par les élèves de l'Académie de Lausanne. La pièce conserve, dans sa structure et sa mise en scène, de nombreux traits du théâtre religieux médiéval. Elle est en même temps une œuvre de propagande religieuse profondément marquée par la doctrine, et l'esthétique calvinienne de la sobriété.

Bezruč (Vladimír Vasek, dit Petr)

Poète tchèque (Opava 1867 – Kostelec na Hané, près d'Olomouc, 1958).

Avec les Chants silésiens (1903), il se présenta comme le défenseur du petit peuple des Beskides moravo-silésiennes. Il s'attaqua aux propriétaires germaniques et fustigea l'indifférence des Tchèques. Ses poèmes « Maryčka Magdonová » ou « Ostrava » font aujourd'hui partie du patrimoine populaire.

Bezzola (Andrea)

Écrivain suisse d'expression romanche (Zernez 1840 – Zurich 1897).

Il fit une carrière juridique et politique très riche, mais il est surtout l'auteur de poèmes et de chansons d'inspiration patriotique et religieuse (15 chansons latines pour cœurs virils, 1889).

Bhagavad-Gita
(« chant du divin seigneur »)

Ce poème de 700 vers (s'loka) et 18 chapitres se situe au cœur de l'Épopée du Mahabharata. Arjuna, désespéré à l'idée de se battre contre des proches, prie Krisna, son cocher, de l'éclairer. Le Bhagavat répond en posant deux préceptes clefs : la dévotion (bhakti) et l'accomplissement du devoir personnel (svadharma) sans attachement aux fruits des actes. Ce joyau de la spiritualité hindoue exerça une profonde influence, en particulier par ses nombreux commentaires (dont ceux d'Abhinavagupta, Ramanuja, S'ankara...).

bhajan

Terme hindi qui désigne, à l'époque classique et médiévale, une forme poétique destinée à être chantée : c'est le mode d'expression privilégié des poètes de la bhakti (union à Dieu par l'amour). Dans l'Inde moderne, le mot désigne les chants dévotionnels.

bhakti

Terme sanskrit issu de la racine bhaj (« partager-participer »). Mystique d'amour entre l'homme et le divin, la bhakti a inspiré de nombreux auteurs : Narada (Xe s., Aphorismes sur la bhakti [Bhaktisutra]), Caitanya (XVe s.), Ramanuja (XIe-XIIe s.), Utpaladeva (Xe s., S'ivastotravalli,...)

Bhandari (Mannu)

Femme de lettres indienne de langue hindi (Bhanpura 1931).

Auteur de nouvelles (Une femme seule ; C'est cela qui est vrai). Elle a brossé dans le Grand Repos (1979) un tableau satirique des milieux politiques.

Bhartrihari

Poète et grammairien sanskrit.

Il est l'auteur de trois recueils de cent versets : Sringaras'ataka, sur l'amour, Nitis'ataka, sur la politique et l'éthique, Vairagyas'ataka, sur le renoncement ascétique, ainsi que d'un traité de grammaire célèbre, le Vakyapadiya.