Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Mir (Muhammad Taqi)

Poète indien de langue urdu et persane (Allahabad 1724 – Lucknow 1810).

Surnommé « le Dieu de la poésie », il a composé plus de 50 000 vers en urdu : masnavi (la Flamme de l'amour, l'Océan de l'amour, le Miracle de l'amour) et poèmes consacrés à la chasse et aux animaux. Il est également l'auteur en persan d'une autobiographie (1788) et d'une anthologie des poètes urdu (1752).

Mirabai

Poétesse indienne de langue hindi et gujarati (Merta v. 1503 – v. 1573).

Princesse rajpute, dès son enfance, elle exprima sa dévotion à Krisna par des chants et des danses. Ses poèmes chantés, composés en braj mêlé de rajasthani, ont été diffusés dans toute l'Inde (Mirabai kipadavali, « Chants mystiques de Mirabai »).

Mirabeau (Honoré Gabriel Riqueti, comte de)

Écrivain français (Le Bignon, Gâtinais, 1749 – Paris 1791).

Son père, l'économiste dit « l'Ami des hommes », le fit enfermer pour dettes. En prison, Mirabeau composa des pamphlets (Des lettres de cachet et des prisons d'État, 1782) et des textes érotiques ; les lettres enflammées du prisonnier à sa maîtresse furent publiées sous le titre de Lettres à Sophie (1794-1828). Après sa libération, il fit un voyage en Prusse qui lui inspira l'Histoire secrète de la cour de Berlin (1789). Le début de la Révolution rendit célèbre à la fois l'homme et l'orateur.

Mirabeau (Victor Riqueti, marquis de)

Écrivain français (Pertuis, Provence, 1715 – Argenteuil 1789).

Le marquis fut connu de ses contemporains sous le nom de « l'Ami des hommes », d'après le titre d'un de ses livres sur la philanthropie (1756), dans lequel il emploie pour la première fois, dans son sens moderne, le mot de civilisation (jusqu'alors terme juridique, civiliser signifiait rendre « civil » un procès « criminel »). Sa rencontre avec Quesnay le convertit à la physiocratie, ce qui fit de lui l'un des rédacteurs des organes physiocrates, le Journal de l'agriculture et les Éphémérides des citoyens.

Miracles de Marie (Livre éthiopien des)

Ouvrage liturgique en langue guèze (fin XIVe s. – début XVe s.).

Les premières collections de récits rapportant des miracles de la Vierge se sont constituées en France, autour des grands sanctuaires mariaux, vers le milieu du XIIe s. Diffusées par les pèlerins, elles se sont enrichies à chaque étape de nouveaux épisodes, notamment en Italie et en Espagne, et elles ont été traduites dans la plupart des langues de l'Europe. Un de ces recueils, probablement rédigé en français, est passé dans l'Orient chrétien et a été traduit en arabe au cours du XIIIe s., en tout cas avant la chute de Saint-Jean-d'Acre (1291). Comme en Occident, de nouveaux récits d'origine locale ont été ajoutés en Syrie, en Palestine, en Égypte et certains ont été rapportés en Europe. L'ouvrage pénétra en Éthiopie et fut traduit de l'arabe en guèze à la fin du XIVe ou au début du XVe s., à la suite du grand mouvement de traduction inauguré par l'abuna Salama (1350-1390). Comme en Égypte, il servit de livre liturgique et bénéficia du regain de la dévotion mariale favorisé par l'empereur Zar'a Ya' qob (1434-1468) pour extirper certaines hérésies qui, précisément, refusaient la vénération de la Vierge. Plus encore qu'ailleurs, le livre s'enrichit en Éthiopie de récits originaux, relatifs aux traditions locales, d'un grand intérêt historique, linguistique et littéraire. Les collections conservées dans les différents manuscrits sont d'importance très inégale suivant le choix qui a été fait, de quelques dizaines à plusieurs centaines de récits. Au XVIIe s. s'est formé un corpus fixe, limité à 33 récits, qui a été illustré, dans les manuscrits du XVIIe et du XVIIIe s., par des miniatures constituant un des plus remarquables ensembles de la peinture éthiopienne.

Mirbeau (Octave)

Écrivain français (Trévières, Calvados, 1848 – Paris 1917).

Il passe son enfance dans l'Orne (Rémalard), avant de monter à Paris et d'entrer à l'Ordre comme critique dramatique. Il servira avec la même fougue polémiste l'idéologie de droite, puis de gauche : « J'aime mieux être un lion mort qu'un chien vivant. » Ses histoires de paysans normands (Lettres de ma chaumière, 1885 ; le Calvaire, 1886) l'avaient révélé comme un naturaliste inquiétant, l'Abbé Jules (1888), histoire d'un prêtre fou, et Sébastien Roch (1890), évocation d'un collège de jésuites, le placèrent au rang des anticléricaux les plus violents. Le Jardin des supplices (1899) et le Journal d'une femme de chambre (1900) font sombrer les conventions bourgeoises mais aussi l'ensemble des codes de la civilisation dans le ridicule, l'odieux, le fétichisme. Ce scandale nihiliste se poursuivra avec les Vingt et Un Jours d'un neurasthénique (1901), Dingo (1912) et surtout son théâtre où, mis à part le Foyer (1908), écrit avec Thadée Natanson et poursuivi pour outrage aux institutions, son plus grand succès reste Les affaires sont les affaires (1903). À l'écoute de son temps, il soutint les impressionnistes ainsi que Rodin, créa le « roman de l'automobile » (la 628-E8, 1907) et défendit partout une esthétique radicalement moderne (Combats esthétiques, Combats littéraires).

Miron (Gaston)

Poète québécois (Sainte-Agathe-des-Monts 1928 – Montréal 1996).

Fondateur (1953) et animateur des Éditions de l'Hexagone, militant socialiste et indépendantiste, il a joué un rôle capital dans la défense de la langue et l'essor de la littérature québécoise. Concevant le développement de son œuvre à travers des cycles – « la Marche à l'amour », « la Vie agonique », « la Batèche », « l'Amour et le Militant », « l'Amour en sursis » –, il a rassemblé l'essentiel de ses poèmes dans l'Homme rapaillé (1970), sans cesse repris et enrichi (Gallimard, 1999). Enracinée dans la parole populaire aussi bien que dans les complaintes de Rutebeuf et de Villon, l'écriture de Miron s'autorise de Garneau et de Grandbois, mais aussi d'Éluard, de La Tour du Pin, d'André Frénaud.

Mirtsxulava (Alio Andrias dze)

Poète géorgien (Xorga, rég. de Xobi, 1903 – Tbilisi 1976).

Il chante, avec un lyrisme échevelé qui s'assagira un peu au fil du temps, la révolution et la Géorgie nouvelle (Urmuli, 1925 ; Baratachvili et moi, 1926 ; Enguri, 1934 ; Hymne à la patrie, 1936 ; Rustavi, 1961).