Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Ribeyro (Julio Ramón)

Écrivain péruvien (Lima 1929 – id. 1994).

Romancier réaliste (Chronique de saint Gabriel, 1960), essayiste (Proses apatrides, 1975), il est surtout un conteur préoccupé par l'injustice sociale. Ses recueils (Contes sans circonstances, 1958), caractérisés par un fantastique abstrait où perce l'influence de Kafka, évoluent vers une écriture plus réaliste davantage fondée sur la force de la narration que sur les effets techniques (les Hommes et les Bouteilles, 1964). La Parole du monde (1973) réunit l'ensemble de ses contes.

Ricard (Louis Xavier de)

Poète et journaliste français (Fontenay-sous-Bois 1843 – Marseille 1911).

Fils d'un général bonapartiste, il devint républicain et fonda, en 1863, la Revue du progrès, qui lui valut la prison. Fondateur de l'Art (1865) avec C. Mendès, cofondateur du Parnasse contemporain (1866) dont le huitième numéro lui est consacré, il mène une carrière de journaliste en France et en Amérique latine. Son engagement dans la Commune le fait s'exiler en Suisse. Installé à Montpellier en 1874, converti à l'albigéisme, il découvre le félibrige et devient l'ami de A. Fourès, avec lequel il fonde la Lauseta (l'Alouette, 1876), « armanac dal patrioto langadoucian », à tendance fédéraliste et en opposition avec le félibrige conservateur de F. Mistral. Il publia le Fédéralisme (1878), en faveur de la décentralisation littéraire, et de nombreux poèmes en occitan.

Ricardo (Cassiano Ricardo Leite, dit Cassiano)

Écrivain brésilien (São José dos Campos, São Paulo, 1895 – Rio de Janeiro 1974).

D'abord poète symboliste (la Flûte de Pan, 1917), il accompagne le modernisme « verde-amarelo » dans Martim Cererê (1928) et Laisse tomber, Caïman (1931), puis évolue jusqu'à la « poésie-praxis » (Jérémie sans-pleurer, 1964) en passant par des essais théoriques en prose (Quelques réflexions sur la poétique de l'avant-garde, 1964).

Ricardou (Jean)

Écrivain français (Cannes 1932).

Théoricien du « Nouveau Roman » (Problèmes du Nouveau Roman, 1967 ; Pour une théorie du Nouveau Roman, 1971 ; le Nouveau Roman, 1973 ; Nouveaux Problèmes du roman, 1978) et auteur de fictions (l'Observatoire de Cannes, 1961 ; les Lieux-dits, 1969 ; Révolutions minuscules, 1971 ; la Cathédrale de Sens, 1988), où prise et prose (mots sur lesquels joue la Prise de Constantinople, 1965), dire et dit, entrent dans une belligérance permanente.

Riccoboni (Luigi, dit Lelio)

Acteur et auteur dramatique italien (Modène 1676 – Paris 1753).

Acteur célèbre de la troupe du Théâtre-Italien, il est aussi l'auteur de pièces (l'Italien marié à Paris ; Samson, 1717) et d'ouvrages de réflexion sur le théâtre avec lesquels il contribua à élever le ton du Théâtre-Italien.

Riccoboni (Marie-Jeanne Laboras de Mezières, Mme)

Actrice et romancière française (Paris 1713 – id. 1792).

Actrice dans des théâtres de société, elle entra au Théâtre-Italien et épousa le fils du directeur, Antonio Riccoboni. Elle se rendit surtout célèbre par ses romans par lettres, comme les Lettres de mistriss Fanni Butler (1757) et l'Histoire de M. le marquis de Cressy (1758), donnés pour des traductions de l'anglais ; suivirent les Lettres de milady Juliette Catesby (1758), l'Histoire de miss Jenny (1764), les Lettres de la comtesse de Sancerre (1767) et les Lettres d'Elisabeth-Sophie de Vallière à Louise-Hortense de Canteleu, son amie (1772). Ces romans peuvent être dits féministes dans la mesure où ils peignent la différence psychologique entre la sensibilité féminine et l'indifférence ou l'égoïsme masculins. La femme serait capable d'élans et d'altruisme que l'homme ignorerait, trouvant dans la forme épistolaire la possibilité de faire entendre une authentique voix féminine et d'exprimer des amitiés et des complicités entre femmes.

Rice (Elmer)

Auteur dramatique américain (New York 1892 – Southampton, Angleterre, 1967).

Révélé par la pièce Procès (1914), dans laquelle il invente la technique du flash-back, il s'oriente vers un théâtre de critique sociale : la Machine à compter (1923), dont le personnage principal est la victime d'une société mécanisée, puis Scène de rue (1929), sur le monde des slums new-yorkais, que Kurt Weill mettra en musique en 1947. Ses pièces ont contribué à faire de la scène américaine une tribune d'idées.

Rich (Adrienne)

Poétesse américaine (Baltimore 1929).

Ses recueils poétiques (Changer de monde, 1951 ; Tailleurs de diamands, 1955 ; Instantanés d'une belle-fille, 1963 ; les Nécessités de la vie, 1966 ; Tracts, 1969 ; la Volonté de changer, 1971 ; Au cœur du naufrage, 1974 ; Née d'une femme, 1976) disent, à partir des influences notables de Robert Frost, Dylan Thomas, Auden, Stevens, Yeats, la découverte du moi et l'apprentissage du sens de la durée au sein de l'Histoire.

Richard (Hugues)

Écrivain suisse de langue française (Lamboing 1934).

Spécialiste de Cendrars (Dites-nous, monsieur Blaise Cendrars, 1969) et de Charles-Albert Cingria, ami du poète Francis Giauque (1934-1965), dont le suicide l'avait traumatisé, ce spécialiste du livre rare, libraire en chambre, a derrière lui une œuvre poétique ouverte aux grandes questions de la vie, de sa région, du souvenir et de sa sauvegarde par l'écriture (le Soleil délivré, 1961 ; la Vie lente, 1965 ; la Saison haute, 1971 et 1998 ; Ici, 1975 et 1998 ; À toi seule je dis oui, 1988 ; Neiges, proses, 1995).

Richard de Fournival

Chanoine d'Amiens (1201 – v. 1259).

De formation encyclopédique, il déploya une grande activité culturelle et rassembla beaucoup de manuscrits pour la bibliothèque du chapitre d'Amiens et pour son compte, sous le titre Biblionomia. Il fit en latin un traité de chimie et un poème d'inspiration ovidienne, De vetula, traduit en vers français par Jean Le Fèvre. Il composa, surtout en français, une œuvre lyrique (21 pièces) et une œuvre didactique qui comprend le Bestiaire d'Amours, à quoi s'ajoutent des traités sur le même sujet : le Consaus d'amours, la Poissance d'Amours et le Commens d'Amours. Le Bestiaire d'Amours (mis en vers fin XIIIe s.) combine la tradition typologique des bestiaires (dont le modèle est le Bestiaire de Pierre de Beauvais) et la topique amoureuse des trouvères, souvent agrémentée de comparaisons animales : l'ensemble constitue un code qui sert à analyser, en dehors de toute analogie naturelle, le comportement illustrant la doctrine de la fin'amor.