Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Harlem Renaissance

Mouvement littéraire américain qui, après la Première Guerre mondiale, imposa, à partir de l'expérience et de l'évocation du ghetto de Harlem, un renouveau de la culture noire. Au souci de justice Claude McKay, Countee Cullen, Langston Hughes, Rudolph Fisher et Wallace Thurman ajoutent l'attention au langage et à la vie quotidienne des Noirs pour en révéler les possibilités esthétiques.

Harness (Charles Leonard)

Écrivain américain (Texas 1915 – North Newton, Kansas, 2005).

Ses récits sont des constructions subtiles aux résonances métaphysiques. Dans Vol vers hier (1949-1953), la relativité, la logique non aristotélicienne et la vision toynbienne de l'histoire se conjuguent en une fresque baroque où les destins des hommes et des civilisations se heurtent et se fondent en une grandiose apothéose. L'Enfant en proie au temps (1953) est une célèbre histoire de paradoxe temporel. De fait le temps, le hasard, Dieu, le destin et la liberté sont les vrais sujets de ses romans, comme dans l'Anneau de Ritornel (1968), fable initiatique où le thème de l'éternel retour débouche sur une interrogation sur les origines mêmes de l'univers, ou dans la Rose (1966), réflexion sur l'art et la mort. Son dernier roman, Testaloup (1977), est un récit « post-atomique » conçu comme un hommage à la Divine Comédie de Dante. Une œuvre multiple et dense qui combine la fantaisie de l'histoire d'Arlequin et de Colombine et la rigueur de la physique nucléaire.

Harris (Wilson)

Écrivain guyanais de langue anglaise (New Amsterdam 1923).

Fonctionnaire puis directeur du Cadastre guyanais jusqu'en 1958, il s'établit à Londres après le succès de son premier roman, voyageant dans le monde entier comme « écrivain résident » dans plusieurs universités, il se consacre à l'écriture. Recueillis dans Eternity to Season (1952), ses premiers poèmes se situaient dans la tradition mythologique classique. Bien que profondément enracinée dans un paysage de forêts mystérieuses, de fleuves immenses et de cascades grandioses, sa fiction prend seulement la nature comme tremplin et, aux antipodes du réalisme social, utilise un langage insolite comme véhicule exploratoire des sentiments primordiaux de l'espèce humaine et d'une conscience enfouie des origines. Sa vision trouve son inspiration dans les cultures de la région caraïbe, comme en témoigne l'un de ses essais, Histoire, Fable et Mythe dans La Caraïbe et la Guyane (1970). Le Palais du paon (1960) ouvre le « quatuor guyanais » qui se poursuit avec le Très grand voyage d'Oudin (1961), The Whole Armour (1962) – le plus politique des récits de Harris – et l'Échelle secrète (1963), quêtes parallèles du mystère de l'intérieur et de la conscience. Heartland (1965) vient en post-scriptum et résumé, tandis que l'Œil de l'Épouvantail (1965) constitue un départ, par sa structure disloquée et paradoxale ; Tumatumari (1968), fonctionnant sur le mode de l'anamnèse, et Ascent to Omai (1970), où la quête du père accompagne une exposition à la fois spécifique et universelle de l'histoire, conservent également le même arrière-plan guyanais. Celui-ci est encore plus explicite dans les légendes arawaks et caraïbes qui informent les fables de les Dormeurs de Roraima (1970) et l'Âge des faiseurs de pluie (1971). La scène change, devenant plus occidentale, avec la Salle d'attente (1967) qui explore l'opposition entre l'art et la science, et surtout Marsden le Noir (1972), situé en Écosse, où les cultures s'interpénètrent en une véritable alchimie. Les Compagnons du jour et de la nuit (1975) utilise la tradition catholique et le culte de Quetzalcoatl dans un drame mexicain du passé et du présent. Jetant un pont entre l'Europe et l'Amérique du Sud, la Genèse des clowns (1975), qui pose le plus clairement le problème de l'artiste, puis la Friche cultivée de Da Silva da Silva (1977) et sa suite, l'Arbre du soleil (1978), reprennent la création d'une réalité magique, où la technique du flash-back se conjugue à la simultanéité, où personnages doubles, jumeaux ou schizophrènes (l'Ange sur le seuil, 1982) incarnent la dualité des univers matériel et spirituel, où des images et des métaphores étroitement reliées se font infiniment écho, que l'on retrouve encore dans le Bouffon mystérieux (2001).

Le Palais du paon, roman (1960). Ce premier volet du « quatuor guyanais » de l'auteur contient en germe bien des thèmes développés plus tard : manifestations paradoxales et imprévisibles d'une nature indomptée, accrétions et vestiges historiques, interaction des héritages amérindien, africain, européen, épanchement du rêve dans la réalité. La quête du capitaine Donne lancé sur les traces d'une tribu fugitive, sa remontée d'un fleuve sans nom jusqu'au cœur de la jungle, représente en fait une épopée spirituelle. Par degrés, en acceptant dans la cascade l'effacement de soi pour rejoindre l'autre, l'équipage multiracial en tire le triomphe éternel d'une transcendance.

Harrison (Jim)

Écrivain américain (Grayling, Michigan, 1937).

Romancier (Loup, 1971 ; Un bon jour pour mourir, 1973), nouvelliste, il est aussi le poète à la fois impressionniste et brutal du désespoir (Simple Chant, 1965 ; Dépenses et ghazals, 1971 ; Lettres à Yésénine, 1973 ; Poèmes choisis [édition augmentée], 1982).

Harsa

Roi indien et poète sanskrit (606 – 647).

Il régna à Thanesvara et à  Kanyakubja et semble proche à la fois de la tradition bouddhiste, s'ivaïte et saura. On lui attribue trois pièces en sanskrit, deux « comédies galantes » (Ratnavali, Priyadars'ika), la dramatisation d'une légende édifiante (Nagananda), ainsi que quelques hymnes bouddhiques.

Hart (Robert Edward)

Écrivain mauricien de langue française (Port-Louis 1891 – Souillac 1954).

Journaliste, puis bibliothécaire, il refusa la tentation de l'exil parisien pour rester fidèle à son île natale. C'est de la rencontre en son propre pays de civilisations multiples qu'il attendait l'enrichissement de sa poétique. Ses vers, d'abord d'inspiration parnassienne et symboliste (les Voix intimes, 1920), sont devenus de plus en plus fluides et musicaux, dans une quête spirituelle reflétant une inquiétude intime et l'influence des philosophies indiennes (Mer indienne, 1925 ; Poèmes solaires, 1936 ; Poèmes védiques, 1941 ; Plénitudes, 1948). Dans le Cycle de Pierre Flandre, suite de récits et de textes poétiques publiés de 1928 à 1936, il développe un panthéisme naturiste, à la fois retour à l'enfance fabuleuse et exaltation panique de l'île tropicale. Cette mystique insulaire prolonge le mythe littéraire de la Lémurie et annonce les cosmogonies inspirées de Malcolm de Chazal.