Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Liu Na'ou (Liu Canbo, dit)

Écrivain chinois (1900-1939 ?).

Après des études au Japon qui lui donnent une parfaite maîtrise des langues japonaise et anglaise, il regagne Shanghai où il édite (avec Shi Zhecun) plusieurs revues littéraires. Traducteur de romans japonais contemporains, il sera en Chine la figure de proue du « néo-sensationnisme », courant littéraire japonais inspiré des différents courants modernes européens, censé restituer une expérience subjective du monde et exprimer la beauté convulsive des grandes métropole modernes (Shanghai), fragmentaire, désordonnée. Son recueil de nouvelles l'Horizon de la cité (1930), où il utilise en virtuose toutes les techniques du modernisme (impressionnisme, monologue intérieur...), est un hommage passionné à la mégapole cosmopolite. Il disparaît trop vite, peut-être assassiné par des agents secrets du Guomindang.

Liu Xinglong

Romancier chinois (né en 1956).

D'une famille modeste du Hubei, il fait ses études secondaires, puis devient manœuvre (1973-1983). Il commence à écrire en 1985 et sera bientôt considéré comme le porte-drapeau du « néo-réalisme ». De son expérience du travail manuel dans les zones rurales, il garde un intérêt fécond pour les contrées reculées, qui constituent souvent le cadre de ses fictions ; de là encore lui viennent son amour du terroir, « seule vraie source d'inspiration », et une compréhension fraternelle des humbles qui y vivent (paysans, mais aussi instituteurs, petits cadres) : il décrit avec réalisme leurs conditions de vie difficiles, les conflits qui secouent leur communauté ainsi que leurs efforts pour subsister dans une société où la ville, séductrice, corruptrice, peuplée de gens hostiles, menace la campagne et ses habitants, dont l'innocence et le dévouement n'excluent ni l'humour ni la ruse lorsqu'ils choisissent de résister.

Liu Xinwu

Romancier chinois (né en 1942).

Sa nouvelle le Professeur principal (1977), qui décrit les souffrances subies par la jeunesse pendant la Révolution culturelle, fonde la « littérature de cicatrices ». Le reste de son œuvre met en scène le petit peuple pékinois aux prises avec une société en pleine mutation (les Tours de la Cloche et du Tambour, 1985 ; l'Aria du bus, 1986).

Liutprand

Historien lombard de langue latine (Pavie v. 920 – 972).

Diacre de l'église de Pavie, secrétaire de Bérenger II, il fut disgracié à son retour de Constantinople en 949. Il trouva refuge à la cour d'Otton Ier, qui le fit évêque de Crémone et dont il écrivit le panégyrique (Liber de rebus gestis Ottoni). Le récit de son ambassade à Constantinople en 968 (Relatio de legatione Constantinopolitana) contient de nombreuses descriptions pittoresques et souvent ironiques de la cour de Nicéphore Phocas.

Lively (Penelope)

Romancière anglaise (Le Caire 1933).

Connue grâce à ses livres pour enfants, elle publie son premier roman en 1977 (la Route de Lichfield). Fascinée par le rôle de la mémoire, elle s'intéresse aux liens entre passé et présent. Ses héros sont archéologues, biographes, historiens ; elle montre leurs réactions au décès d'un être cher ou à l'approche de leur propre mort. Elle a remporté le Booker Prize avec Moon Tiger (1987).

Livesay (Dorothy)

Poétesse canadienne d'expression anglaise (Winnipeg 1909 – Victoria, Colombie Britannique, 1996).

D'abord influencée par le symbolisme français et l'imagisme (Pichet vert, 1928 ; Panneau, 1932), elle s'orienta vers une inspiration sociale proche de W. H. Auden (le Cavalier, 1935 ; Nuit et jour, 1944). Elle témoigna ensuite d'un lyrisme plus subjectif (Rappelez mes amis chez eux, 1950 ; le Lit de soucis, 1967 ; l'Âge de glace, 1975 ; la Femme que je suis, 1978 ; les Phases de l'amour, 1982). Elle a fondé en 1975 la revue poétique CV/II.

Living Theatre

troupe théâtrale américaine, fondée par Julian Beck et Judith Malina. Il définit le renouveau du théâtre expérimental américain en représentant des pièces de Gertrude Stein (Docteur Faust allume les lumières, 1951), Jarry (Ubu Roi, 1952), William Carlos Williams, Lorca, Strindberg, Cocteau (Orphée, 1954). Il s'orienta ensuite vers un théâtre social et contestataire (mises en scène de Jack Gelber : la Connection, 1959 ; de Brecht : Dans la jungle des villes, 1960 ; de Kenneth Brown : la Caravelle, 1963 ; les Bonnes de Genet, 1965 ; Antigone de Sophocle adaptée par Brecht ; Frankenstein de Mary Shelley) fondé sur une technique de « création collective » (Mystères et pièces courtes, 1964 ; le Paradis maintenant, 1968). L'influence du « théâtre de la cruauté » d'Artaud, de l'anarchisme de Paul Goodman, la reprise du théâtre épique de Piscator conduisirent le groupe à privilégier le happening (tournées en Europe, 1963-1968) et un système de rôles impersonnels, où l'acteur est tout entier dans sa performance (l'Héritage de Caïn, 1971).

Livingstone (Douglas)

Écrivain sud-africain d'expression anglaise (Kuala Lumpur, Malaisie, 1932 – Durban, Afrique du Sud, 1996).

Biologiste, auteur d'essais scientifiques sur la bactériologie, c'est aussi un poète virtuose, au ton volontiers ironique (Sjambok, 1964 ; Yeux clos contre le soleil, 1970 ; Rosaire d'ossements, 1975).

Livre des mystères du ciel et de la terre (le)

Ouvrage éthiopien, en langue guèze, connu par une copie manuscrite, soustraite à un couvent d'Égypte, que l'érudit provençal Peiresc s'était procurée en 1636. Jusqu'en 1950, ce manuscrit fut le seul disponible. On en connaît au moins deux autres aujourd'hui, dont l'un en Éthiopie, à Gunda Gundi. L'ouvrage réunit quatre traités : le premier est une explication symbolique de la création du monde ; le second, une explication de l'Apocalypse de Jean, attribuée à Jean lui-même ; le troisième est du même type que le premier (peut-être en a-t-il été séparé par l'insertion arbitraire du second) ; le quatrième traité est attribué à un auteur différent et révèle certains computs secrets. L'ensemble pourrait remonter à la fin du XIVe ou au début du XVe s. Il faut y voir un ouvrage d'apologétique chrétienne d'un type connu : preuves du christianisme tirées de l'Ancien Testament. On y insiste beaucoup sur la Trinité, obstacle irréductible dans la polémique avec les juifs comme avec les musulmans. Les courants de pensée gnostiques ont pu influencer les auteurs et l'ouvrage affiche une certaine parenté avec le Livre d'Hénoch.