Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Ubayd (Isa)

Écrivain syrien (vers 1890 – 1922).

L'un des créateurs du récit de mœurs, il a décrit le terroir égyptien (Ihsân Hânem, 1921 ; Thurayyâ, 1922). Chihâta, son frère (vers 1890 – 1961), a également publié des nouvelles réalistes et humoristiques (Une leçon pénible, 1922).

Uberti (Fazio degli)

Écrivain italien (Pise v. 1305 – Vérone apr. 1367).

Outre des poésies lyriques d'inspiration politique, ce noble d'origine gibeline a composé entre 1346 et 1367 le Dicta mundi (« les Dits du monde »), poème allégorique en 6 livres, imité de Dante et publié en 1474, qui évoque un voyage imaginaire à travers l'Europe, l'Afrique et l'Asie.

Udall (Nicholas)

Érudit et auteur dramatique anglais (Southampton 1505 – Londres 1556).

Directeur du collège d'Eton (1534-1541), où il se fait remarquer par sa passion toute britannique du fouet et dont il est chassé pour « indécence », il est l'auteur de traductions de Térence et d'Érasme, de tragédies et surtout de la première comédie anglaise en vers, Ralph Roister Doister (vers 1553).

udhrite

Mot arabe qui évoque la tribu des Banu 'Udhra, où la tradition place le modèle de l'amant idéal, capable de mourir de sa passion sans la réaliser physiquement. L'épithète a désigné ensuite, sans référence de tribu ni de lieu, une attitude passionnée à l'excès, mais courtoise et platonique. De nombreux auteurs se sont chargés au fil du temps de donner une tonalité concrète à une conduite somme toute fort idéalisée et qui a attiré dans son sillage aussi bien les zurafa' (les raffinés) que la pensée mystique.

Ueda Akinari

Écrivain japonais (Osaka 1734 – Kyoto 1809).

Fils d'une courtisane, il est adopté à l'âge de 3 ans par un riche marchand. Une attaque de variole dans sa prime jeunesse le laisse pratiquement infirme des deux mains et il attribuera à sa survie un caractère miraculeux. La mort de son père adoptif (1761) le place soudain à la tête d'un commerce important, ce qui ne l'empêche pas de se lancer dans la littérature : après avoir publié quelques haikai, il donne coup sur coup (1766-1767) deux ukiyozoshi (le Singe mondain à l'écoute sur tous les chemins, Caractères de femmes entretenues). Ce n'est qu'après la rencontre décisive avec le philologue Kato Umaki que paraîtra son œuvre majeure, les Contes de pluie et de lune (1768-1776), recueil de neuf légendes fantastiques où le sens profond du surnaturel se nourrit d'une intime connaissance des classiques japonais et chinois. Au cours des longues années de gestation de l'œuvre, les conditions d'existence de l'auteur ont toutefois bien changé : un incendie ayant ruiné son commerce, il étudie la médecine, qu'il pratiquera à compter de 1775. Une controverse demeurée célèbre l'oppose sur des points de langue et de littérature anciennes au philologue Motoori Norinaga. Cependant, après la mort d'une petite malade dont il se sentira responsable (1788), il abandonne la pratique médicale et connaît une existence précaire, assombrie encore par la perte de sa femme et par la cécité. Il n'en continuera pas moins à écrire, publiant un recueil de waka (1806), réglant quelques comptes personnels dans ses Notes téméraires et circonspectes (1808), mais consacrant en fait l'essentiel de son activité à l'étude critique de la poésie ancienne (Poudre d'or, 1804). À la veille de la mort, il renoue avec la littérature de fiction dans les Contes des pluies de printemps (1808), où il cherche à retrouver, au-delà des apports bouddhiste et confucianiste, l'essence d'un Japon primordial.

Ugarte (Manuel)

Écrivain argentin (Buenos Aires 1878 – Nice 1951).

Auteur de romans et de poèmes de facture moderniste, centrés sur le thème de l'amour (Paroles, 1893 ; Vers, 1894 ; Vendanges juvéniles, 1907), ses contes écrits à Paris reflètent la nostalgie de sa terre natale (Contes de la Pampa, 1903 ; Contes argentins, 1908). On lui doit également des essais littéraires et socio-politiques (la Jeune Littérature hispano-américaine, 1906 ; la Douleur d'écrire, 1933 ; la Dramatique Intimité d'une génération, 1951).

Uhland (Ludwig)

Écrivain allemand (Tübingen 1787 – id. 1862).

Il reçut une formation juridique, fut avocat, député à l'Assemblée des États du Wurtemberg, puis au parlement de Francfort, où il fit entendre la voix du libéralisme démocratique et grand-allemand. Son premier recueil de vers, publié en 1815, plusieurs fois réédité et augmenté, rassemble l'essentiel d'une production lyrique où s'exprime un romantisme tempéré et limpide, reflétant mieux que toute autre poésie du XIXe siècle, les goûts et les états d'âme des classes moyennes et de la bourgeoisie allemandes. Ses poésies se sont souvent intégrées au répertoire du Lied romantique et du Volkslied. Uhland s'est aussi consacré à l'étude du patrimoine littéraire dont s'inspire sa poésie, rassemblant et interprétant dans l'esprit des frères Grimm, en poète, en savant et en patriote, Volkslieder, textes médiévaux, mythologies nordiques et légendes souabes.

Ujayli (Abd al-Salam al-)

Écrivain syrien (al-Raqqa 1917 – id. 2006).

Docteur en médecine, député, ministre de la Culture, des Affaires étrangères et de l'Information (1962), grand voyageur, il entreprit une carrière littéraire. Poète (les Nuits et les Étoiles, 1951), romancier (Souriant entre les larmes, 1959 ; Des cœurs sur des fils, 1974 ; les Trois Sortes d'amour, 1973 ; Fleurs sanglantes d'octobre, 1977 ; les Engloutis, 1979) et surtout nouvelliste, il a une connaissance profonde du monde bédouin de la Djézireh syrienne et évoque en un style raffiné et ensorceleur des êtres et des situations d'exception (la Fille de la sorcière, 1948 ; la Montre du sous-lieutenant, 1951 ; les Lanternes de Séville, 1956 ; le Traître, 1960 ; le Trottoir de la vierge noire, 1960 ; les Chevaux et les Femmes, 1965 ; le Chevalier d'Alcantra, 1971 ; Mort de l'aimée, 1987). On lui doit aussi des ouvrages autobiographiques, des essais et des relations de voyages (Conversations du soir, 1965 ; Affaires personnelles, 1968 ; Clinique de campagne, 1977).

Ujevic (Augustin, dit Tin)

Poète croate (Vrgorac 1891 – Zagreb 1955).

Son existence de bohème le mena à Paris (1913-1919), à Belgrade, à Sarajevo, à Split et enfin à Zagreb. Sur le sentiment de sa solitude, il construisit un monde poétique original où s'expriment sa révolte (Lamentation d'un serf, 1920 ; l'Auto sur la promenade, 1932) puis sa résignation (la Pierre assoiffée sur le puits, 1954).