Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Berberova (Nina)

Écrivain russe (Saint-Pétersbourg 1901– Philadelphie 1993).

Une des représentantes majeures de l'émigration russe (Berlin, Paris de 1925 à 1950, puis les États-Unis), Berberova n'a jamais cessé d'écrire de la poésie, mais c'est par sa prose qu'elle se fait connaître : les Chroniques de Billancourt (1929-1940), résultat de son travail de journaliste dans les périodiques russes de Paris, constituent une suite de portraits et d'anecdotes consacrés au milieu de l'émigration. C'est aussi parmi les émigrés que se déroulent des récits dont les motifs essentiels sont la passion et l'asservissement qu'elle provoque (les Premiers et les Derniers, 1930 ; l'Accompagnatrice, 1935 ; le Laquais et la Putain, 1937 ; Astachev à Paris, 1938). Pour Berberova, l'émigration est une tragédie et elle tente de replonger dans ses racines, en écrivant la biographie de grands musiciens russes (Tchaïkovski, 1936 ; Borodine, 1938) mais aussi des Mémoires (C'est moi qui souligne, 1969). Elle se tourne ensuite vers l'écriture historique, rédigeant à partir de sources écrites une Vie de la baronne Boudberg (1981), consacrée à l'histoire récente, ou un ouvrage sur la franc-maçonnerie russe (Des hommes et des loges, 1986).

Berchet (Giovanni)

Écrivain italien (Milan 1783 – Turin 1851).

Il est l'auteur d'un des plus célèbres manifestes du romantisme italien (Lettre à moitié sérieuse de Grisostomo à son fils, 1816) : le « peuple », identifié à une bourgeoisie qui se distingue à la fois des masses incultes et des gens de lettres  par ses valeurs de la famille et de la patrie, constitue le public de la littérature romantique moderne. Dans sa propre poésie (les Réfugiés de Parga, 1821 ; Romances, 1822-1824 ; Imaginations, 1829), qui mêle des expressions populaires au langage de la tradition classique, Berchet crée toute une mythologie patriotique sur le thème, en partie autobiographique, de l'exil. Affilié au carbonarisme en 1820 et compromis dans le soulèvement milanais de 1821, il vécut successivement à Paris, à Londres et en Belgique, jusqu'en 1845, avant de revenir participer en 1848 à l'insurrection de Milan.

Berditchevski (Mikha Yosef)
ou Mikha Yosef Berdyczewski

Écrivain d'expression hébraïque et yiddish (Medjiboj, Podolie, 1865 – Berlin 1921), connu sous le pseudonyme de Bin Gorion.

Il subit l'influence de Schopenhauer, puis de l'individualisme nietzschéen. Il réhabilita la tradition hassidique méprisée par le mouvement de la Haskalah et chercha à élargir les thèmes d'inspiration de la littérature hébraïque, en proposant une morale de l'action, sur fond de pessimisme (le Livre des hassidim, 1900 ; Des deux mondes, 1902 ; Myriam, 1925).

Beretta (Remo)

Écrivain suisse de langue italienne (Valle di Blenio 1922).

Remo Beretta est un cas tout à fait unique dans la littérature suisse de langue italienne avec sa prose expérimentale. En 1964, il publie sous le pseudonyme de Martino della Valle une plaquette de courts récits (Sept récits). Dans la lignée du Nouveau Roman français, son style vise un présent absolu et immédiat, traduit dans une langue qui renonce à tout mouvement au profit de la « substance » du récit. La structure narrative est faite d'une juxtaposition de touches infimes qui cherchent à fixer les nuances les plus fugitives du réel.

Bergadis

Poète crétois (Rethymnon XVe s.).

Il reste de lui un poème en vers politiques rimés, Apokopos, édité en 1519 à Venise. À travers un rêve, une descente aux enfers, l'œuvre exprime la conception populaire de la mort en Grèce.

Bergamin (José)

Écrivain espagnol (Madrid 1895 – Saint-Sébastien 1983).

Après les aphorismes de la Fusée et l'étoile (1923), il publie des essais dont, notamment, une méditation sur l'essence du christianisme (le Clou brûlant, 1972). Catholique, compagnon de route du Front Populaire en 1936-1939, influencé par Unamuno et Maritain, plusieurs fois exilé, il a écrit des poésies conceptistes (Velado desvelo, 1978) et des œuvres théâtrales, dont la Fille de Dieu et la fille guerillera (1945).

Bergelson (David)

Écrivain de langue yiddish (Okhrimovo, Ukraine, 1884 – Moscou 1952).

Ses récits et romans (Autour de la gare, 1909 ; Quand tout est fini, 1913 ; Départ, 1920) montrent, dans un style feutré, les conflits et impasses de la petite bourgeoisie juive de province. Après un long séjour en Europe occidentale (1921-1934), il s'installa en Union soviétique et se plia au réalisme socialiste. Il mourut victime de la répression stalinienne en 1952.

Bergengruen (Werner)

Écrivain allemand (Riga 1892 – Baden-Baden 1964).

Poète (le Fruit caché, 1938), il excella dans le genre du récit historique, culminant dans une « pointe métaphysique », une morale chrétienne et humaniste : le plus connu de ses romans, le Tyran et le tribunal (1935), histoire de meurtre dans l'Italie de la Renaissance, est une parabole de la faiblesse humaine devant le pouvoir absolu et ses tentations. Converti au catholicisme, il adopta sous le IIIe Reich une attitude prudente d'« émigration intérieure » et approfondit sa réflexion sur le destin de l'homme mis à l'épreuve par Dieu (le Miracle des brigands, 1964).

Berger (Yves)

Écrivain français (Avignon 1934).

Enseignant puis directeur littéraire des éditions Grasset, c'est un romancier fasciné par les paysages sauvages de l'Amérique du Nord, qu'on retrouve en toile de fond de ses récits (le Sud, 1971, prix Femina ; le Fou d'Amérique, 1976 ; les Matins du Nouveau Monde, 1987). Objet d'un rêve lancinant (la Pierre et le saguaro, 1990 ; l'Attrapeur d'ombres, 1992), l'Amérique s'agrandit jusqu'au mythe dans Cow-boys, mythe et réalité, écrit en 1996 avec Claude Poulet.

bergerie

Connu au Moyen Âge sous la forme de la pastourelle, ce petit poème évoquant les amours de bergers reparut à la Renaissance, sous l'influence du goût italien et espagnol, qui tend à en faire l'expression d'une poésie galante et d'une rusticité de convention. Si la bergerie garde quelque fraîcheur chez Belleau ou Ronsard, elle s'affadit ensuite (« Pourquoi des bergers ? On ne voit que cela partout », le Bourgeois gentilhomme, I, II) jusqu'à la Galatée et à l'Estelle de Florian.