Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Schmid (Christoph von) , dit le Chanoine Schmid

Écrivain allemand (Dinkelsbühl, Bavière, 1768 – Augsbourg 1854).

Prêtre (1791), puis chanoine capitulaire à Augsbourg (1827), il fut fortement influencé par les pédagogues Weisse (1726-1804) et Campe (1746-1818). Ses livres pour la jeunesse connurent un succès européen. Son didactisme moral et religieux passe par des récits vivants, d'une grande variété, où se mêlent fantaisie, mystère et réalisme social. Les personnages, bien campés, appartiennent à un monde manichéen où seule la foi sauve et où seuls les chrétiens sont récompensés.

Schmidt (Arno)

Écrivain allemand (Hambourg 1914 – Bargfeld 1979).

Autodidacte à la culture encyclopédique, il tentait de conserver dans et par la littérature ce qu'il avait sauvé du naufrage du monde (Leviathan, 1949). Dans la trilogie Nobodaddy's Kinder (1963), le récit est réduit à des éclairs de conscience des survivants d'une catastrophe (nazisme, bombe atomique). Le scintillement de ces pulsions perceptives doit être rendu « topographiquement » (orthographe phonétique, ponctuation sauvage) en subordonnant les formes narratives aux processus psychiques (Calculs I, II et III, 1955-1956, 1980 ; la République des savants, 1957). Le rêve de Zettel (1970), dont le texte « tridimensionnel » (divisant chacune des 1 330 pages en trois colonnes) s'apparente aux expériences de certains « fous littéraires » (collages, montages, références et citations), met en scène 4 personnages discutant de Poe, revu et corrigé par Freud – le miroir déformant du moi démultiplié à l'infini de l'auteur.

Schmidt (Augusto Frederico)

Écrivain brésilien (Rio de Janeiro 1906 – id. 1965).

Son œuvre poétique lyrique s'inspire de Claudel et de la Bible (Chant de l'affranchi Augusto Frederico Schmidt, 1929 ; Source invisible, 1949 ; Babylone, 1959).

Schnabel (Johann Gottfried)

Écrivain allemand (Sandersdorf, près de Halle, 1692 – Stolberg v. 1750).

Chirurgien militaire du prince Eugène puis à la cour du comte de Stolberg, il a écrit deux romans, Destins extraordinaires de quelques voyageurs (1731-1743) et le Chevalier perdu dans le jardin d'amour (1738), dont le premier, plus connu sous le titre de l'Île de Felsenburg, est la meilleure des imitations allemandes du Robinson de Defoe. Le thème de l'île déserte s'y combine avec l'utopie politique, la vingtaine d'Européens naufragés formant une communauté patriarcale dans laquelle, conformément au piétisme naissant, l'altruisme est la valeur dominante.

Schneider (Peter)

Écrivain allemand (Lübeck 1940).

Son récit Lenz (1973), démarqué de Büchner, proche de Plenzdorf, en fait un porte-parole de l'après-68 : mal à l'aise dans une société « bloquée », la jeunesse y cherche une voie où la subjectivité serait sauvegardée. Ses autres récits – Te voilà un ennemi de la Constitution (1976) et le Couteau dans la tête (1978), scénario du film de R. Hauff sur les excès de la chasse aux terroristes (thème repris dans le Sable aux souliers de Baader, 1979) – analysent avec une sensibilité « gauchiste » les problèmes de l'Allemagne, que focalise la « ville siamoise » de Berlin (le Sauteur de mur, 1982 ; Chute libre à Berlin, 1999).

Schneider (Reinhold)

Écrivain allemand (Baden-Baden 1903 – Fribourg 1958).

Son œuvre considérable comprend des drames, des sonnets, des récits (entre autres le célèbre Las Casas devant Charles Quint, 1938) et de très nombreux essais, biographies et études historiques ou littéraires (Philippe II, 1931 ; les Hohenzollern, 1933 ; Corneille, 1939 ; Kleist, 1946 ; Kierkegaard, 1956). La religion et l'histoire sont ses principales sources d'inspiration. Résolument attaché aux valeurs de l'Occident chrétien, le catholique Reinhold Schneider fut un des représentants les plus authentiques de « l'émigration intérieure » et de la résistance au national-socialisme.

Schnéour (Zalman)

Écrivain de langue yiddish et hébraïque (Shklov, Biélorussie, 1886 – New York 1959).

Issu d'une famille hassidique, il vécut à Varsovie puis à Vilno et en Europe occidentale, notamment à Paris (1924-1941). La dernière partie de sa vie se partagea entre les États-Unis et Israël. Remarqué dans sa jeunesse comme poète en hébreu, il a publié en yiddish, à Vilno, puis à New York, de nombreux romans et nouvelles (les Gens de Shklov, 1929 ; les Rustauds, 1939 ; l'Empereur et le rabbi, 1944-1952).

Schnitzler (Arthur)

Écrivain autrichien (Vienne 1862 – id. 1931).

Médecin, il devient, après ses premiers succès dramatiques (Amourette, 1895), un des chefs de file de la jeune génération viennoise. Dans ses pièces, d'abord frivoles d'apparence comme Anatole (1893), il met en évidence le vide de l'existence dans les structures. La Ronde (créée seulement en 1901) fit longtemps scandale par sa structure et son sujet : chaque nouveau personnage devient l'amant ou la maîtresse du personnage précédent, qui s'efface alors, chacun des partenaires de la « ronde » révélant l'inanité de l'idéal. Schnitzler est aussi l'auteur de romans : Vienne au crépuscule (1908) évoque les difficultés de la création chez un musicien hanté par l'échec, tout en évoquant de manière ouverte l'antisémitisme de la société autrichienne, tandis que Thérèse (1928) raconte l'échec d'une femme dans sa lutte pour échapper à l'étroitesse bourgeoise. Mais Schnitzler demeure avant tout l'auteur de très nombreuses nouvelles, à travers lesquelles il expérimente toutes les potentialités de la forme. Sur le modèle d'Édouard Dujardin (les Lauriers sont coupés, 1887) et avant Joyce et Larbaud, il utilise la forme du monologue intérieur dès 1901, dans Lieutenant Gustl (1901) : à travers les réflexions d'un sous-officier qui envisage de se suicider à l'aube pour un point d'honneur (et qui finit par y renoncer), il remet en cause les conventions et les préjugés sur lesquels repose la société viennoise d'avant-guerre. Il reprend la forme dans Mademoiselle Else (1924), où le monologue intérieur met également à nu, sur un mode plus dramatique, les pulsions cachées de l'héroïne. La Nouvelle rêvée (1926, adaptée au cinéma par Stanley Kubrick sous le titre Eyes Wide Shut, 1999) révèle, à travers le jeu de reflets entre le rêve et la réalité, l'impossible intimité du couple. Nombre de ses nouvelles ont pour héros des êtres velléitaires, hantés par la mort ou la folie comme dans l'une de ses dernières œuvres, l'Appel des ténèbres (1931), représentation vertigineuse d'une conscience paranoïaque. Freud voyait en lui une sorte de « double » : Schnitzler, qui se démarque de la théorie psychanalytique en élaborant sa propre réflexion sur l'inconscient, la rejoint cependant par son inlassable exploration du psychisme.