Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
X
X

Xénophon

Historien grec (Athènes v. 426 – Corinthe v. 355 av. J.-C.).

Appartenant au milieu des cavaliers, corps permanent issu des deux classes censitaires les plus riches d'Athènes, Xénophon suivit l'enseignement des sophistes et fut un disciple de Socrate. Après la chute du régime des Trente, les cavaliers, qui avaient servi sous l'oligarchie, furent mis en accusation par la démocratie restaurée. En 401, Xénophon qui s'était opposé à la démocratie radicale incarnée par Cléon au début de la guerre du Péloponnèse, décida de s'enrôler comme mercenaire pour participer à la campagne de Cyrus, l'ennemi d'Athènes, au cœur de l'Empire perse (expédition des Dix Mille). De « chroniqueur », il devint stratège, prit la tête de l'expédition après la mort de Cyrus, ramena les Dix Mille à Pergame pour les remettre à un commandement spartiate ; banni d'Athènes, il servit Sparte, vécut en Élide jusqu'en 371 sur un domaine qui lui avait été offert en récompense par les Lacédémoniens, puis à Corinthe. Il retourna sans doute à Athènes, qui avait mis fin à son exil.

   L'œuvre de Xénophon est variée et sa chronologie n'est pas exactement connue. Rangé parmi les historiens grecs classiques, Xénophon se fait le continuateur de Thucydide dans les Helléniques, qui reprennent le récit de la guerre du Péloponnèse à partir de 411 et sont composées de trois parties : le Supplément à Thucydide (Paraleipomena, I-II, 3, 10), le compte rendu de la tyrannie des Trente (II, 3, 11 – II, 4, 43), l'histoire des cités grecques et leur rivalité jusqu'à la bataille de Mantinée (462). L'histoire de Xénophon n'est toutefois pas celle de Thucydide : c'est en grande partie la chronique d'une expérience vécue. L'Anabase, qui raconte la « remontée » (anabasis) des Dix Mille vers l'ouest, jusqu'à la mer Noire, est un récit autobiographique et apologétique. La réflexion sur le pouvoir et la réflexion politique de l'auteur se lisent encore dans des œuvres de genre différent : la Cyropédie, l'Agésilas et l'Hiéron. La première est une fiction historique qui prétend raconter l'éducation et la vie de Cyrus l'Ancien (VIe s. av. J.-C.), portrait du chef idéal en VIII livres, dont le premier chapitre montre la décadence de l'Empire perse et ses causes ; l'Agésilas est l'un de ces éloges de souverains qu'aime l'époque, glorifiant le roi de Sparte dont Xénophon fut un proche ; l'Hiéron fait dialoguer le tyran de Syracuse et le poète Simonide pour définir un système social et politique, préoccupation que garde Xénophon jusqu'aux Revenus (Poroi), postérieurs à 355, dans lesquels il prône une économie autarcique en réponse à l'argument habituel de l'impérialisme de la démocratie athénienne, le manque de ressource de l'Attique. On retrouve cette perspective politique dans la Constitution des Lacédémoniens, qui fait l'éloge du régime spartiate, et dans la Constitution des Athéniens, critique acerbe de la démocratie athénienne – mais ce dernier texte est désormais attribué à un oligarque exilé ou à Critias.

   L'œuvre de Xénophon comprend enfin d'autres traités (l'Art de la chasse, le Commandant de la cavalerie, De l'art équestre) et les écrits socratiques (l'Économique, les Mémorables, le Banquet et l'Apologie de Socrate). L'Économique, probablement écrit en Élide, est technique et didactique ; Xénophon y définit l'idéal de l'homme beau et bon. Le Socrate qu'il met en scène dans les quatre livres des Mémorables (Apomnemoneumata), dans le Banquet ou dans l'Apologie, faisant l'éloge d'un sage à la morale pratique, est bien différent du Socrate des dialogues platoniciens.

Xenopoulos (Grigorios)

Écrivain grec (Constantinople 1862 – Athènes 1951).

Marqué par le naturalisme, cet auteur longtemps très populaire a écrit un grand nombre de romans et de nouvelles sur la vie à Athènes et à Zante (Riches et pauvres, 1919), ainsi que des pièces de théâtre (Stella Violanti, 1909).

Xetagourov (Kosta Levanovitch)

Poète ossète (Nar, Gueorguievsko, 1859 – Ossetinskoïe 1906).

Contraint d'interrompre ses études de peinture pour gagner sa vie, il entreprit dans son pays une action culturelle qui fit de lui un dirigeant de la résistance à l'autocratie et lui valut l'exil. Auteur dans le journal Seviernyï Kavkaz de nombreux articles dénonçant la situation de ses compatriotes, il s'interrogea, dans des poèmes en ossète (la Lyre ossète, 1899) et en russe (Fatima, 1889 ; Pour qui fait-il bon vivre ? ; Avant le jugement, 1893) et un essai ethnographique (Ossoba, 1894), sur la destinée de son peuple, lié désormais à la Russie.

xhosa

Le xhosa est le nom de la variété écrite d'une langue bantoue sud-africaine, proche du zoulou, parlée par les Xhosa, qui vivent entre Le Cap et Port Elizabeth, dans ce qui fut, sous le régime d'apartheid, le bantoustan du Ciskei. Les poésies d'éloges des Xhosa sont fameuses, et ont été l'objet de nombreux travaux. Au début du XIXe siècle, le barde Ntsikana est le premier poète chrétien dont on ait conservé le souvenir et les hymnes. Tiyo Soga, lui-même pasteur, traduit en xhosa le Voyage du pèlerin en 1870 et de nombreux articles dans cette langue. Une poésie lettrée se développe avec J. Jolobe, auteur de plusieurs recueils de poèmes, dont certains ont été traduits en anglais (Thutula, Umyezo, Ilitha), de récits (U-Zagula, Elundini Lo Thuleka) et d'une pièce de théâtre (Amathunzi Obomi). S. O. Mqayi combine les dons du poète traditionnel avec ceux de l'écrivain en composant des hymnes officiels ; A. C. Jordan, intellectuel et professeur xhosa, donne en 1940 Ingqumbo yeminyanya (la Colère des ancêtres), un roman sur la mutation de la chefferie face au christianisme, qui constitue aujourd'hui une référence centrale de la culture et de la langue xhosa. La création poétique orale se poursuit sur le mode de la performance orale avec des poètes comme S. Burns Ncamashe et D. Yali Manisi (Opland, 1998).

Xhuvani (Dhimitër)

Écrivain albanais (Pogradec 1934).

Bien qu'il lui arrive d'évoquer le passé, parfois lointain, de son pays (Dans les fossés de Gjyrala ; Pour un peu de terre et pour une femme), il se consacre surtout au changement des mentalités amené par l'édification du socialisme en Albanie, et à la physionomie morale de l'homme nouveau (l'Ami ; Sur la branche coupée ; Deux Ans après ; De nouveau debout, 1970 ; Sur les chemins des chantiers, 1971 ; Aurores de guerre, 1971 ; Fan Smajli, 1971 ; l'Eveil de Nebi Sureli, 1974 ; Contes choisis, 1976 ; le Sentier blanc, 1976 ; Nous vivrons autrement, 1979 ; la Mort de Monsieur Koloti, 1981 ; Mon monde, 1984 ; Pièces de théâtre, 1986 ; On ne voit pas l'âme, 1988 ; le Lendemain d'une femme, 1989 ; la Douleur de la lumière, 1990).