Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Vischer (Friedrich Theodor)

Écrivain et philosophe allemand (Ludwigsburg 1807 – Gmunden 1887).

Influencé par Hegel, il développe dans son ouvrage principal, Esthétique ou la Science du beau (1848-1857), le concept d'« idéal-réalisme ». L'œuvre d'art est le reflet d'un monde sans dieux et d'une humanité qui vit sans connaître la peur. En 1848, Vischer est député libéral modéré à l'Assemblée nationale de Francfort. Ses essais et critiques sont rassemblés dans les Kritische Gänge (1846-1883). Il a également connu le succès avec une parodie de Goethe (Faust. Troisième partie, 1862) et un roman (Un autre, 1879).

Visconti (Ennio Quirino)

Archéologue et écrivain italien (Rome 1751 – Paris 1818).

Consul de la République romaine puis conservateur au Louvre, il entreprend sur ordre de Napoléon Ier son recueil d'Iconographie ancienne (4 vol. parus entre 1817 et 1825) en français. À la suite d'un voyage à Londres, il publie des Mémoires sur les ouvrages de la sculpture du Parthénon et de quelques édifices de l'acropole d'Athènes (1818). Poète et critique littéraire, il a traduit les classiques grecs.

Visramiani

Adaptation en prose de Vîs et Ramin de Gourgâni (1054) attribuée à Sargis Tmogveli (XIIe s.). Le roi-poète Artchil II (1647-1713) en donna une version en vers.

Vitet (Louis, dit Ludovic)

Écrivain français (Paris 1802 – Versailles 1875).

Sa trilogie la Ligue (les Barricades, 1826 ; les États de Blois, 1827 ; la Mort de Henri III, 1829) fait de lui l'un des meilleurs représentants de la « scène historique », genre qui s'est épanoui dans les milieux libéraux à partir de 1825 : court texte dialogué en prose non destiné à la représentation, qui met en scène un événement du passé national susceptible d'entrer en résonance avec l'actualité de la Restauration, la scène historique prépare la voie au drame romantique.

Vitéz (János)

Prélat hongrois (Zredna v. 1408 – Esztergom 1472).

Évêque (1445), puis chancelier (1452), il devint primat de Hongrie (1465). Emprisonné pour avoir tenté d'introniser le prince polonais Casimir (1471), il fut libéré peu avant sa mort. Le recueil de ses lettres (1451), en langue latine, constitue la première publication savante conçue dans un esprit humaniste en Hongrie.

Vitrac (Roger)

Écrivain français (Pinsac, Lot, 1899 – Paris 1952).

Son enfance se déroule en province ; elle est perturbée par les conflits familiaux et la Grande Guerre, qui marqueront profondément sa création. Pendant son service militaire, Vitrac rencontre Crevel, Limbour et Arland, avec lesquels il fonde la revue Aventure. Il prend part aux manifestations dada, puis rejoint le groupe d'André Breton en collaborant à Littérature. Ses poèmes (Humoristiques, 1927 ; Cruautés de la nuit, 1927 ; la Lanterne noire, posthume), rassemblés dans Dés-Lyre (1964), témoignent d'un surréalisme absolu fondé sur les jeux verbaux, le hasard et l'humour. Un récit en prose, Connaissance de la mort (1926), en explore les limites. Vitrac est cependant exclu du surréalisme avec Artaud, en 1926, pour « déviation artistique ». Avec ce dernier, il fonde le Théâtre Alfred-Jarry, qui monte deux de ses pièces : les Mystères de l'amour et Victor ou les enfants au pouvoir. Son œuvre dramatique comprend trois cycles : le « théâtre de l'incendie », regroupant ses essais présurréalistes (le Peintre, Entrée libre, 1922 ; les Mystères de l'amour, 1924), équivalents du « théâtre de la cruauté » ; la trilogie autobiographique (Victor ou les Enfants au pouvoir, 1928 ; le Coup de Trafalgar, 1930 ; le Sabre de mon père, 1950), qui dénonce l'univers petit-bourgeois vu par un enfant épris d'absolu ; et « la vie comme elle est », rassemblant les pièces ultérieures au surréalisme (le Camelot, 1936 ; les Demoiselles du large, 1938 ; le Loup-garou, 1940), et qui, sans complètement renoncer à l'onirisme, s'exercent à des variations sur le drame bourgeois. Représentant le plus caractéristique du surréalisme au théâtre, Vitrac annonce par sa dramaturgie les réalisations des années 1950.

Vitruve, en lat. Marcus Vitruvius Pollio

Ingénieur et architecte romain (Ier s. av. J.-C.).

Il intéresse l'histoire littéraire par son De architectura en 10 livres, le seul traité d'architecture qui nous soit parvenu de l'Antiquité, rédigé vers 30 av. J.-C. Fondé sur la tradition grecque, plus technique que théorique, et illustré de plusieurs planches, l'ouvrage traite de la construction en général, des matériaux, des ordres, de la décoration, ainsi que de l'hydraulique, de la mesure du temps et des machines. À la Renaissance, après la première édition du traité en 1486, suivie en 1511 par la première édition illustrée, les architectes trouvèrent dans ce texte, à la fois riche et parsemé d'obscurités, le point de départ de leurs propres recherches.

Vittorelli (Jacopo)

Poète italien Bassano (Vicence 1749 – id. 1835).

Après avoir expérimenté le genre burlesque (le Nez, la Divagation, les Maccheroni, poèmes composés en 1773), Vittorelli s'affirme comme poète lyrique grâce à ses Rimes (1784), qui renferment les quarante Anacréontismes à Irène.

Vittorini (Elio)

Écrivain italien (Syracuse 1908 – Milan 1966).

Éditeur, traducteur de romanciers américains Faulkner, Caldwell et Saroyan), critique et romancier, il a lié son nom à tous les grands débats de l'après-guerre sur la littérature engagée. Son premier roman, l'Œillet rouge (1933), récit d'une éducation sentimentale à l'époque de la montée du fascisme, fut augmenté en 1948 d'une importante préface sur les rapports entre le mélodrame et le roman. Conversation en Sicile (1941), son chef-d'œuvre romanesque, accomplit une rare fusion entre tension intellectuelle et lyrisme du souvenir, engagement politique et transfiguration symbolique. La veine poétique de ses romans postérieurs les Hommes et les autres, 1945 ; Le Simplon fait un clin d'œil au Fréjus, 1947 ; les Femmes de Messine, 1949 et 1964) est contrariée par des préoccupations documentaires et une constante volonté d'expérimentation. L'exemple le plus spectaculaire de l'expérimentation vittorinienne est constitué par la réécriture, à quinze ans de distance, de Femmes de Messine, dont l'action, d'abord située au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, est adaptée, dans la seconde version, au climat social et politique des années 1960. Il a laissé deux romans inachevés, l'un volontairement, Erica (1956), le second interrompu par la mort de l'auteur, les Villes du monde (posthume, 1969). D'autre part, Vittorini a profondément marqué la littérature italienne de l'après-guerre par son activité critique, d'abord au sein de la revue de « culture contemporaine » Il Politecnico (1945-1947), patronnée par le P.C.I. – mais Vittorini se heurte aux plus hautes autorités du parti (Lettre à Togliatti, nº 35) en soutenant le principe de l'autonomie du travail culturel par rapport à la pratique politique –, puis dans Menabò, revue qu'il dirige avec Calvino de 1959 jusqu'à sa mort et qui vise à définir l'engagement de l'écrivain en des termes non plus seulement politiques, mais scientifiques.