Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
N

Nabuco (Joaquim Aurélio Barreto Nabuco de Araujo, dit Joaquim)

Écrivain brésilien (Recife 1849 – Washington 1910).

Journaliste et diplomate, polémiste fougueux (l'Abolitionnisme, 1883), il débuta dans les lettres par une querelle avec José de Alencar. Admirateur de Camões (Camões et les Lusiades, 1872), évoquant l'histoire du Brésil à travers les archives et la personne de son père (Un homme d'État sous l'Empire, 1896-1932), il a laissé des Écrits et discours littéraires (1886-1900).

Nabulusi (Abd al-Ghani al-)

Écrivain arabe (Damas 1641– id. 1731).

On lui doit une centaine d'ouvrages de tous genres : relation de voyage, grammaire, tradition, musique, commentaires divers et, surtout, poésie et mystique. Il représente en effet l'un des plus grands poètes soufis de son époque, pratiquant la plupart des modes d'expression connus, mètres classiques mais aussi muwachchah, dubayt, mawaliya, avec une nette préférence pour les rythmes rapides et mélodieux. Un autre de ses traits remarquables est la répétition de mots et d'expressions entières, qui concentre précisément cette musicalité, et confère à sa poésie les belles sonorités d'un chant incantatoire. Certains de ces effets se retrouveront dans la poésie moderne.

Nadar (Félix Tournachon, dit)

Photographe, caricaturiste, aéronaute et écrivain français (Paris 1820 – id. 1910).

Photographe, il utilise la lumière artificielle pour modeler le visage des célébrités dont il publie les portraits dans son Panthéon-Nadar. Il réalise les premières photos aériennes en ballon (1858). Fondateur (1849) de la Revue comique, auteur de nouvelles et de souvenirs (Quand j'étais étudiant, 1857 ; le Monde où l'on patauge, 1883), il organise dans son atelier la première exposition impressionniste (1874).

Nadaud (Alain)

Romancier français (Paris 1948).

Il a dirigé la revue Quai Voltaire et publié un essai, Malaise dans la littérature (1993). Ses polars rocambolesques sont aussi des enquêtes ontologiques sur le temps (l'Envers du temps, 1985), les origines (l'Archéologie du zéro, 1984 ; le Livre des malédictions, 1995), les rapports entre art et pouvoir (Auguste fulminant, 1999). Il agence en archéologue divers matériaux (notes érudites, articles, guides, gloses, lettres, interrogatoires...) en un vertige de théories où vrai et faux se mêlent.

Nadim (Abdallah)

Journaliste et poète égyptien (Alexandrie 1843 – Istanbul 1896).

Il fit des études religieuses traditionnelles à Alexandrie, puis séjourna au Caire, où il fréquenta le cénacle du poète Mahmûd Sâmî al-Barûdî, et se lia au mouvement « Jeune Égypte ». Il fonda en 1879 la Société de bienfaisance islamique à Alexandrie, puis créa en 1881 une revue satirique, al-Tankît wa al-Tabkît (Blâme et Plaisanterie). Après avoir participé à la révolte d''Urâbî Pacha, il échappa pendant neuf ans aux recherches. Arrêté (1891), exilé à Jaffa, gracié (1892), il revint au Caire où il créa une revue de critique sociale, al-Ustâdh (le Maître), aussi populaire qu'éphémère, sa parution ayant été interrompue sur intervention des autorités anglaises en 1893. Il fut alors « invité » à se rendre à Istanbul par le sultan et y vécut les dernières années de sa vie, se liant d'amitié avec Afghânî. Nombre de ses essais et articles ont été réunis dans le Meilleur Vin du commensal : morceaux choisis d''Abdallâh Nadîm (1897-1901). Il participa également aux débuts du théâtre arabe, en écrivant deux pièces en dialecte, dont une est restée célèbre pour ses accents nationalistes (la Patrie).

Nadjmi (Kavi Guibiatovitch Nejmetdinov, dit)

Écrivain tatar (Krasnyï Ostrov 1901 – Kazan 1957).

Fils de paysan, il publia des vers satiriques influencés par Toukaï et prit part à la guerre civile, qui inspire ses premiers récits (la Trempe, 1924 ; Destin, 1926 ; les Feux du rivage, 1929). Auteur de nouvelles sur la collectivisation (Premier Printemps, 1930) et de poèmes patriotiques (Hayat-apa, 1941 ; Farida, 1944), il a retracé dans ses romans l'instauration du socialisme dans sa province natale (Vents printaniers, 1948 ; Sur la berge escarpée, 1957).

Nadson (Semion Iakovlevitch)

Poète russe (Saint-Pétersbourg 1862 – Yalta 1887).

S'il poursuivit à ses débuts la tradition « civique » d'un Nekrassov, en des poésies où le désir d'améliorer le monde s'exprime sur un ton lyrique, sonore et sentimental (Sur la tombe de A. I. Herzen, 1885-1886), ses derniers vers témoignent d'une foi moins sûre dans l'avenir de l'humanité et d'un individualisme qui le rapproche de Balmont et de Brioussov. Son œuvre connut une extraordinaire popularité que vint renforcer la mort précoce du poète, atteint de tuberculose.

Naffah (Fouad Gabriel)

Poète libanais d'expression française (Beyrouth 1925 – Dora, près de Beyrouth, 1983).

Son inspiration philosophique, nourrie de la tradition poétique française (Nerval, Baudelaire, Apollinaire), s'exprime volontiers en une forme originale : des poèmes de 17 alexandrins non rimés (la Description de l'homme, du cadre et de la lyre, 1957-1963 ; l'Esprit-Dieu et les biens de l'azote, 1966-1973).

Nagai Kafu (Nagai Sokichi, dit)

Écrivain japonais (Tokyo 1879 – id. 1959).

Admirateur de Zola, il écrit trois romans naturalistes, dont Une fleur en enfer (1902). Après son séjour aux États-Unis (1903-1907) et en France (1907-1908), sont publiés successivement en 1909 : Récits d'Amérique, Récits de France, où il exprime sa fascination pour le symbolisme français et l'esthétisme fin de siècle, et la Sumida (1909), dont le lyrisme et l'érotisme délicats sont proches de la tradition japonaise du XIXe s. Après avoir été professeur de français à l'Université Keio (1910-1916), où il dirige la revue Mitabungaku, il ressent profondément son impuissance face à la société (Feu d'artifice, 1919) et consacre d'innombrables ouvrages à la vie des nouveaux quartiers de plaisir, cherchant à y trouver les vestiges du vieil Edo : Du côté des saules et des fleurs (ou Gheishas rivales, 1917), le Bambou nain (1920). Après Interminablement, la pluie... (1921), à mi-chemin entre la nouvelle et l'essai, il publie, en 1931, Chronique d'une saison des pluies, qui met en scène le monde des hôtesses de bar, et enfin, en 1937, Une histoire singulière à l'est du fleuve où il revient à la nostalgie et au lyrisme de ses débuts. De 1917 à 1959, il tient son journal en langue classique, intitulé Notes journalières du « crève-cœur ».