Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

gaélique

Le goïdélique (ou gaélique) est introduit en Irlande aux débuts de l'ère chrétienne ; la poésie bardique des filid (conteurs-prophètes souvent hermétiques) et des shannikees (conteurs populaires) disparaît avec le mécénat de l'aristocratie locale. Le cycle mythologique et le cycle des rois fournissent les repères immuables d'une tradition qui ne sera rénovée que par Yeats. Depuis 1600, le gaélique ne survit naturellement que dans certaines poches de l'Ouest et du Nord-Ouest, soutenu par l'Église catholique contre l'anglais. Les érudits romantiques, puis nationalistes, en assurent la survie, pas la résurrection. Et, si la « Ligue gaélique » (1876), avec sa Revue gaélique (1882-1909), ambitionne de créer de toutes pièces une littérature moderne, il faudra attendre P. O'Connor, Flann O'Brien ou Donagh MacDonagh pour que l'Irlande tente de se décrire dans sa langue.

Gafouri (Gabdulmajit Nurganievitch)

Poète bachkir (Zilim-Karanovo 1880 – Oufa 1934).

Proche des milieux démocratiques, il connut la misère et dénonça dans ses récits (Une vie de misère, 1903) et ses vers (Transsibérien, 1904 ; Ma jeune vie, 1906 ; Amour de ma nation, 1907 ; Moi et mon peuple, 1912) l'autocratie, les injustices et la guerre. Rallié à la Révolution (l'Aube de la liberté, 1917), il s'opposa au nationalisme (Rêves empoisonnés, 1930), célébra la transformation de son pays (le Vœu du vieux héros, 1925 ; Chant de soldats rouges, 1929) et ressuscita les souffrances du passé (les Humiliés, 1927 ; les Mines d'or du poète, 1931).

Gagne (Paulin)

Écrivain français (Montoison, Drôme, 1808 – Paris 1876).

Sa réputation d'illuminé contraria sa carrière juridique et politique. Contraint à l'autoédition, ce mégalomane excentrique mit en vers ses rêves de langue universelle (la Gagne-Monopanglotte, 1843), ses descriptions apocalyptiques des désastres de son temps (l'Océan des catastrophes) ou ses divinations ambitieuses (l'Unitéïde ou la Femme messie, 1857 ; le Calvaire des rois, 1863). Il fonda des journaux (l'Espérance, le Journalophage, l'Uniteur du monde visible et invisible) qui lui permirent des proclamations électorales fantaisistes et des interventions haineuses contre l'école romantique.

Gailit (August)

Écrivain estonien (Kuiksilla 1891 – Örebro 1960).

Membre du groupe Siuru, il débute par des nouvelles et des romans néoromantiques d'une fantaisie débridée et à l'humour grinçant (le Carrousel de Satan, 1917 ; la Mort pourpre, 1924). Se rapprochant ensuite du réalisme, sans pour autant renoncer à son goût pour l'étrange et l'atypique, il décrit des vagabonds romantiques ou picaresques (Toomas Nipernaadi, 1928 ; Ekke Moor, 1941), livre sa vision de la guerre d'indépendance de l'Estonie (la Terre des ancêtres, 1935), étudie la vie d'une communauté de pêcheurs (la Mer austère, 1938) et explore les ressorts de la création artistique (le Cœur en flammes, 1945). Réfugié en Suède en 1944, il évoque avec amertume la tragédie de la guerre et de l'exil (Sur les eaux agitées, 1951 ; Te souviens-tu, mon amour ?, 3 vol., 1951-1959).

Gaillard (Augier)

Poète français de langue d'oc (Rabastens v. 1530 – Pau v. 1595).

Il se présente lui-même comme « rodier » (charron), mais il mènera une vie assez agitée, comme soldat protestant puis comme littérateur à partir de 1579, date de la publication de son livre d'Obras, aussitôt interdit ; son Libre gras (Livre gras, 1581), taxé d'obscénité par les consuls de Montauban, connaîtra le même sort. En 1583, il publiera à Paris deux livres qui le feront connaître, Lou Banquet (le Banquet) et Toutos las obras d'Augier Galhard (Toutes les œuvres d'Augier Gaillard). Irremplaçable témoin de son temps, il était un poète populaire qui savait afficher à l'occasion une bonne culture livresque.

Gaillardet (Frédéric)

Auteur dramatique et journaliste français (Auxerre 1808 – Le Plessis-Bouchard 1882).

Collaborateur de Dumas père, Gaillardet lui dispute violemment la paternité de la Tour de Nesle, gros succès de 1832. Les deux drames, Georges ou le Criminel par amour et Struensee ou le Médecin de la reine, qu'il fait jouer en 1833, n'ont, en revanche, aucun retentissement. Voyageant aux États-Unis en 1837, il envoie en France de nombreux reportages. De retour en 1848, il collabore au Journal des débats, au Constitutionnel et à la Presse.

Gailly (Christian)

Romancier français (né en 1943).

Ses romans, dont K. 622 (1989), les Fleurs (1993), l'Incident (1996), les Évadés (1997), la Passion de Martin Fissel-Brandt (1998), Nuage rouge (2000), auscultent le quotidien de la passion amoureuse à travers un personnage souvent lunaire et fantasque, joyeux ou désespéré. D'une composition toujours rigoureuse, ils mêlent délicatesse et raffinement, drôlerie et cruauté, dans des phrases nettes et justes d'où la virtuosité et les trouvailles langagières ne sont pas absentes, et dont la mélodie entêtante, entre swing et blues, emprunte au jazz, à la fois modèle d'écriture et thème privilégié (Be-Bop, 1995 ; Un soir au club, 2002, prix du Livre Inter).

Gaines (Ernest James)

Écrivain américain (Oscar, Louisiane, 1933).

Même si l'œuvre de Gaines (notamment D'amour et de poussière, 1967 ; Dans la maison de mon père, 1978 ; Une leçon avant de mourir, 1993) a des point communs avec celle de Faulkner, elle reste typique de la littérature noire de Louisiane, métissée et imprégnée de culture française. Propriétaires de plantations, cajuns, créoles et Noirs forment les quatre pôles d'une humanité complexe dans une mise en fiction saisissante des enjeux raciaux du Sud et de l'importance de la responsabilité individuelle. Gaines a reçu le prix Pulitzer en 1994.

Gala (Antonio)

Auteur dramatique espagnol (Cordoue 1936).

Fondateur et directeur de revues de poésie, il a publié des recueils lyriques (Ennemi intime, 1959), des récits (Solstice d'hiver, 1963), des romans (le Manuscrit cramoisi, 1990) et des essais sur le théâtre grec et contemporain. À la scène il s'est imposé comme un des auteurs les plus originaux (les Champs verdoyants de l'Eden, 1963 ; Bagues pour une dame, 1973 ; le Cimetière des oiseaux, 1982 ; Séneca, 1987).