Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Lindgren (Astrid)

Femme de lettres suédoise (Vimmerby, Småland, 1907-id. 2002).

Sa grande popularité commença en 1945 avec la création du personnage de Pippi Långstrump (Fifi Brindacier), cette drôle de petite fille douée d'une énorme force physique, qui vit seule avec son cheval et son singe, et s'insurge contre le conformisme des habitants de sa commune. Elle incarne le rêve de puissance et de liberté de tous les enfants. Ses aventures, poursuivies de volume en volume, ont été traduites dans le monde entier. D'autres portraits d'enfants, Emil, Nils Karlsson, prennent place dans cette œuvre tournée vers le jeune public, et dédaignant tout didactisme (Zozo la tornade, 1963 ; Regarde Madick il neige ! 1983 ; le Petit dragon aux yeux rouges, 1985).

Lindgren (Torgny)

Écrivain suédois (Raggsjö 1938).

Il écrit dès 1965, mais c'est le Chemin du serpent (1982) qui impose sa voix. Dans la Suède du XIXe siècle, un paysan interpelle Dieu au sujet de l'injustice, mais il n'en obtient que le silence. La Lumière (1987) met en scène un autre paysan parti cette fois chercher bonne fortune à la ville : il en rapporte une lapine qui transmet le virus de la peste... À travers Divorce (1981), Bethsabée (1989), l'auteur explore simultanément la question religieuse et celle des passions humaines. Le recueil de nouvelles l'Arbre du prince (2000) dit la fascination pour l'art, un peu à la manière de Thomas Mann.

Linguet (Simon Nicolas Henri)

Écrivain français (Reims 1736 – Paris 1794).

Il fut l'un des représentants les plus spirituels du parti antiphilosophique (le Fanatisme des philosophes, 1764 ; la Cacomonade, parodie de Candide, 1766). Au-delà de la polémique, ses études économiques et politiques (Théorie des lois civiles, 1767, qui répond à l'Esprit des lois de Montesquieu ; l'Impôt territorial, 1787) joueront un rôle important dans l'évolution des idées sociales. Par ailleurs avocat redoutable, il édita les Annales politiques, civiles et littéraires du XVIIIe siècle (1777-1792).

Linna (Väinö)

Écrivain finlandais de langue finnoise (Urjala 1920 – Tampere 1992).

Son roman de guerre, Soldats inconnus (1954), paru dix ans après la fin des combats, devint vite le sujet de polémiques : hors des conventions patriotiques, il évoquait les souffrances des combattants et leur exaltation dans une camaraderie imprégnée d'humour populaire. La capacité de Linna à rendre l'authenticité du langage et des mœurs n'a cessé de séduire le public et de surprendre les critiques, comme dans la trilogie Ici sous l'étoile Polaire (1959-1962).

Linneman (Willy August)

Écrivain danois (Harreslevmark 1914 – Gentofte 1985).

Il rivalise avec Karen Blixen dans un grand cycle intitulé « Contes européens » (le Livre de la face cachée, 1958 ; la Mort doit avoir une raison, 1959 ; le Destin doit être un coquin, 1962 ; Tout le monde est obligé de servir deux maîtres, 1964 ; la Ville est cachée par la lumière, 1966), où des réfugiés dans un abri pendant la guerre racontent à tour de rôle l'expérience de leur vie, créant ainsi une mosaïque d'événements et d'impressions.

Lins (Osman)

Écrivain brésilien (Vitória de Santo Antão, Pernambuco, 1924 – São Paulo 1978).

Il est l'auteur de contes et de romans intimistes dont le dernier rappelle l'univers de Kafka et l'analyse douloureuse de James (la Reine des prisons de Grèce, 1978).

Lins do Rego (José Cavalcanti)

Écrivain brésilien (Pilar, Paraiba, 1901 – Rio de Janeiro 1957).

Romancier régionaliste, lié à Gilberto Freire, il évoque la décadence des terres de la canne à sucre et du système patriarcal du Nordeste, au Brésil, dans son Cycle de la canne à sucre, avec ses maîtres et ses esclaves (l'Enfant de la plantation, 1932 ; l'Usine, 1935 ; Feu éteint, 1943), mais aussi les superstitions et les bandits d'honneur des hautes terres (Pedra Bonita, 1938 ; les Cangaceiros, 1953). Son œuvre est parmi les plus significatives de l'esthétique romanesque de la deuxième phase du modernisme.

Linze (Georges)

Écrivain belge de langue française (Liège 1900-id. 1993).

Fondateur du Groupe moderne d'art et de littérature de Liège et de la revue Anthologie, il célébra un lyrisme de la vie moderne dans un esprit proche du futurisme (Ici, 1920 ; Mil neuf cent trente, 1926 ; Poème de la ville survolée par les rêves, 1948 ; Poème science du cœur et du monde, 1981). Romancier (Fantôme de Paris, 1958), il a tenté d'allier fresque sociale et poésie, dans l'« analyse spectrale » d'une grande ville.

Linze (Jacques-Gérard)

Écrivain belge de langue française (Liège 1925 – ? 1997).

Marqué par le Nouveau Roman, il construit ses récits sur un événement obsessionnel, échappant à toute temporalité cohérente : La conquête de Prague (1965), récit angoissé d'une vaine quête d'identité, ou Au nord d'ailleurs (1982), récits de la mémoire trouée qui, tout en faisant primer la description, remettent en cause la prétention d'objectivité du réalisme traditionnel au profit d'une sorte de fragmentation cinématographique.

Lippi (Lorenzo)

Peintre et poète italien (Florence 1606 – id. 1664).

Auteur d'un poème héroï-comique le Malmantile racquistato, (1676), il s'inspire du folklore toscan et des fables de Basile. Son langage burlesque abonde de locutions populaires et de proverbes florentins.

Lipse (Juste) , nom francisé de Joost Lips, en lat. Justus Lipsius

Humaniste flamand (Overijse, Brabant, 1547 – Louvain 1606).

Né dans une famille aisée et lettrée, il reçoit une éducation soignée à Ath, à Cologne (chez les Jésuites), et enfin à l'université de Louvain où, délaissant le droit, il se passionne pour l'Antiquité romaine. Bientôt secrétaire du cardinal de Granvelle à Rome (1568-1570), il s'y lie avec Muret, qui influence profondément ses méthodes de travail et lui rend accessible un grand nombre de manuscrits ; mais la publication de son édition de Tacite (1574) entraînera une brouille avec cette grande figure de l'humanisme post-tridentin. Converti au protestantisme, Lipse enseigne l'histoire et l'éloquence à Iéna (1572-1574), puis l'histoire et le droit à Leyde (1578-1591).

   Ce long séjour à Leyde marque un changement dans ses centres d'intérêt. Jusque-là surtout reconnu pour ses solides recueils philologiques (Variae lectiones, 1569, Antiquae lectiones, 1575 , Epistolicae quaestiones, 1577), et ses éditions des historiens romains, Lipse va se faire antiquaire et publier une série de traités très techniques consacrés aux gladiateurs (1582) ou aux amphithéâtres (1584), en attendant le très controversé de Cruce (1593). Par la publication progressive de sa correspondance (à partir de 1586), il prétend également s'arroger l'aura du sage, conseiller de l'Europe érudite, mais aussi celle du philosophe stoïcien : avec le dialogue de Constantia en 1584, puis après son retour au catholicisme et à l'université de Louvain (1592), son Manuel de philosophie stoïcienne (1604) et sa grande édition des Œuvres de Sénèque (1605), il s'illustre comme le fondateur du néostoïcisme chrétien. Mais Lipse n'est pas qu'un érudit : séduit par les écrivains de l'Empire romain (Tacite, Sénèque, etc.), il se fit le champion du style « laconique ». Il a créé un type d'humaniste mélancolique, à la fois savant et artiste, apte à l'imitatio adulta, qui, aux côtés du théologien et du prédicateur, joue un rôle décisif dans la Contre-Réforme.