Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Allende (Isabel)

Romancière et journaliste chilienne (Lima 1942).

C'est une des premières romancières latino-américaines à connaître un succès mondial. Nièce du président Salvador Allende, elle s'exila dès 1973 après le coup d'État militaire de Pinochet et écrivit son premier roman, la Maison aux esprits (1982), une chronique familiale prise dans le tourbillon des changements politiques et économiques mettant en œuvre certains éléments propres au réalisme magique, dont le principal représentant est le Colombien G. García Márquez. Ce roman fut porté à l'écran par le réalisateur danois Bille August. Allende continua son exploration des questions intimes et politiques avec D'amour et d'ombre (1984) et Eva Luna (1987). En 1995, elle publia un livre de souvenirs, Paula. Après Fille du destin, elle plonge à nouveau, avec Portrait sépia (2000), dans les profondeurs de la mémoire et des secrets de famille, conviant son lecteur à un voyage mouvementé dans le Chili du XIXe siècle.

Almada Negreiros (José Sobral de)

Peintre et écrivain portugais (Lisbonne 1893 – id. 1970).

Animateur de la revue Orpheu (1915), il a produit des œuvres picturales et littéraires (Nom de guerre, 1938), multiples et imaginatives, qui influencèrent futuristes et surréalistes.

Almanach des Muses
(Musenalmanach)

Anthologies annuelles parues en Allemagne, à partir de 1770.

Elles comprenaient essentiellement des textes inédits. Certaines des œuvres les plus importantes de l'époque ont d'abord paru sous cette forme. La plupart des grands auteurs y collaboraient. Certains d'entre eux (Schiller, F. W. Schlegel, W. Tieck , Chamisso) ont publié eux-mêmes des Almanachs des Muses. La durée de vie de ces almanachs fut variable. Le premier de tous fut aussi celui qui eut la plus grande longévité : l'Almanach des Muses de Göttingen, qui parut de 1769 à 1805. Pendant près d'un siècle, ils ont été un instrument de diffusion de la littérature.

Almeida (Manuel António de)

Écrivain brésilien (Rio de Janeiro 1831 – dans un naufrage près de Macaé 1861).

Ses Mémoires d'un sergent de la milice, (1854), unique exemple de roman picaresque au Brésil, témoignent des coutumes et du langage populaire de Rio au début du XIXe siècle. Leonardo, enfant abandonné et facétieux, constitue l'archétype du malandro, vagabond et voyou. Par un retournement comique, il deviendra sergent du terrible major Vidigal, se mariera et rentrera dans le droit chemin.

Almquist (Carl Johan Love)

Écrivain suédois (Stockholm 1793 – Brême 1866).

Il s'engage simultanément dans les idées de Swedenborg et dans le göticisme qui entendait exalter les antiquités nationales. Il aborde, dès 1816, un des thèmes majeurs de sa réflexion – la vie du couple – dans un essai Qu'est-ce que l'amour ? (dont la version intégrale ne sera publiée qu'en 1960), illustré en 1819 par un bizarre roman, Murnis ou les Récits des morts, et, en 1822, par un récit frénétique et chaotique, Amorina, où l'invraisemblance, le réalisme, la peinture du crime et de la folie, l'érotisme et l'idylle font violemment pièce au classicisme : il y crée le plus fascinant de ses personnages, appelé à reparaître dans son œuvre, l'androgyne Tintomara, poursuivi par le malheur. Almquist, révolté contre tout et tous, retourne à la terre, devient fermier et épouse une paysanne : cette entreprise au fondement rousseauiste est vouée aussitôt à l'échec. En 1828, il se fait pédagogue et rassemble la majeure partie de son œuvre (1832-1851) sous le titre global de Livre de l'Églantine. Sous la fiction d'une « académie » dont chaque membre lit ou raconte une histoire, l'ensemble regroupe des contes, des poèmes, des romans, des drames. Il s'agit d'une œuvre colossale où se mêlent toutes sortes d'écrits, depuis les manuels de mathématiques, d'histoire, de géographie politique, de grec, de français, jusqu'aux recueils d'un lyrisme chantant (Songes, 1849), en passant par de grands romans historiques (les Joyaux de la reine, 1834), des essais fracassants (l'Importance de la pauvreté suédoise, 1838) et d'innombrables récits, certains réalistes (le Moulin de Skällnora, 1838), mais tous violemment polémiques, comme l'Exécrateur de Dieu (1832), l'Urne (1838), le scandaleux Marjam (1840), qui s'en prend aux théologiens, et surtout Sara (1838, puis 1850) qui reste un des plus virulents pamphlets féministes jamais écrits. Dans le cadre d'une charmante idylle romantique, l'auteur y réclame l'égalité totale entre les sexes et la liberté inconditionnelle de la femme, notamment sur le plan économique : thèses si audacieuses pour l'époque qu'elles déclenchèrent une violente polémique en Suède, et gardent encore aujourd'hui un caractère explosif.

   Il s'est laissé tenter, en vain, par l'Université avec une thèse en latin sur Rabelais, s'est fait pasteur luthérien, fonctions dont il sera destitué. Poursuivi pour faux et tentative d'empoisonnement (il sera condamné par contumace en 1853), il s'enfuit aux États-Unis, où il épouse, bien que marié en Suède, une riche veuve. Il revient en Europe en 1865, mais ne parviendra pas à rentrer dans son pays et mourra à Brême, laissant une œuvre qui a souvent pressenti les thèmes les plus audacieux du modernisme.

Aloni (Nissim)

Écrivain israélien d'expression hébraïque (Tel-Aviv 1926 – id. 1998).

Auteur d'un recueil de nouvelles (le Hibou, 1975), il est connu surtout pour ses écrits dramatiques. Sa première pièce, une tragédie biblique (le Plus Cruel de tous est le roi) fut représentée en 1953. Suivirent les Nouveaux Habits du roi (1961), la Princesse américaine (1963), la Mariée et le chasseur de papillons (1967), les Tziganes de Jaffa (1971), toutes influencées par le théâtre de l'absurde européen. En 1975 fut représentée Eddie King, adaptation moderne d'Œdipe roi. Les pièces d'Aloni projettent dans une intrigue pleine de tension des personnages tirés de la mythologie ou de la légende.

Alonso (Dámaso)

Écrivain espagnol (Madrid 1898 – id. 1990).

Professeur à l'université de Madrid (1939-1968), directeur de l'Académie espagnole (1968), il est l'auteur d'études sur l'histoire de la poésie espagnole (la Langue poétique de Góngora, 1935 ; la Poésie de San Juan de la Cruz, 1942 ; Poésie espagnole, 1967). Il a lui-même publié plusieurs recueils de vers (Enfants de la colère, 1944-1970 ; Joie en vue, 1981).