Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Heimatkunst

Mouvement littéraire allemand du début du XXe s. dans la mouvance du courant d'opposition à la civilisation moderne (Kulturkritik), illustré entre autres par J. Langbehn. Condamnant l'industrialisation, l'urbanisation, les tendances artistiques nouvelles (naturalisme) et l'hégémonie culturelle de Berlin, la Heimatkunst, qui tire son nom de la revue Deutsche Heimat (1900-1904) de A. Bartels et de F. Lienhard, prône une régénération de la culture par un réenracinement dans la nature et dans les provinces. Cette littérature aux traits nationalistes et racistes (Bartels) débouchera sur la « littérature du sol et du sang » (Blubo-Literatur) du IIIe Reich.

Heimatliteratuur

Courant littéraire néerlandais des XIXe et XXe s. L'inspiration rurale et conservatrice s'expriment dans une littérature morale et régionaliste (H. Conscience, A. Snieders, et les conteurs usant des dialectes) proche de la Dorfgeschichte. Si la littérature allemande de l'époque hitlérienne a fait donner au terme une nuance péjorative, l'Heimatliteratuur subsiste dans une perspective catholique (Van Hemeldonck, E. Claes, A. Coolen) ou dans un esprit « fondamentaliste » (T. De Vries, A. M. De Jong) caractérisé, face à la crise du monde moderne, par la nostalgie d'une société simple et vertueuse, liée au sol.

Hein (Christoph)

Écrivain allemand (Heinzendorf, auj. en Pologne, 1944).

Fils de pasteur réfugié en Thuringe (R.D.A.), il fréquente un lycée de Berlin-Ouest jusqu'à la construction du Mur. Après des emplois précaires, il étudie la philosophie à Leipzig et Berlin-Est (1967-1970), avant d'écrire ses pièces pour Besson à la Volksbühne (Cromwell, 1979). Interdit de théâtre (1979), il compose des nouvelles (Invitation au lever bourgeois, 1980), des romans (l'Ami étranger, 1984 ; la Fin de Horn, 1985 ; le Joueur de tango, 1989 ; Willenbrock, 2000), des pièces (Entre chien et loup, 1983), des discours comme le Vieil homme et la rue (1989) qui invite à la construction d'un socialisme démocratique. Il apparaît comme un chroniqueur sans message.

Heine (Heinrich)

Écrivain allemand (Düsseldorf 1797 – Paris 1856).

Fils d'un commerçant juif infortuné, il est pris en charge par un oncle qui essaye de l'établir dans le commerce, puis finance ses études de droit à Bonn, à Berlin (où il suit les cours de Hegel et fréquente les salons) et à Göttingen (où il soutient sa thèse de doctorat et se fait baptiser en 1825). Tôt venu à la littérature, avec ses Lettres de Berlin (1821) et son Intermezzo lyrique (1823), il réunit en 1827 dans son Livre des chants des publications antérieures : Heine s'y complaît dans l'expression d'une sensibilité exacerbée empruntant son décor au fantastique noir ou à un Orient de fantaisie, mais il introduit aussi une ironie issue d'une confrontation douloureuse entre les élans de l'imagination et du cœur et le réel prosaïque. La musicalité de la langue et de la prosodie, l'utilisation habile du chant populaire, par exemple dans la célèbre « Loreley », ont assuré au recueil un succès durable. L'incessant passage de la sentimentalité à l'ironie se retrouve dans les Tableaux de voyage (1826-1831), qui connurent un grand succès ; on y trouve, dans un cadre lâche où les vers se mêlent à la prose, des impressions de voyage, des souvenirs d'enfance, des considérations politiques, des polémiques personnelles. Partisan des idées libérales, Heine se rend à Paris après la révolution de Juillet, en 1831. À part deux voyages en Allemagne (en 1843 et 1844), il devait y rester jusqu'à sa mort, dans une situation matérielle difficile. Il s'y lie avec la génération romantique, fréquente les salons et devient une personnalité en vue. Persuadé que l'écrivain ne peut rester indifférent à l'actualité et désireux de jouer un rôle d'intermédiaire entre les cultures allemande et française, il rédige des séries d'articles (en particulier pour l'Allgemeine Zeitung d'Augsbourg, la Revue des Deux Mondes et l'Europe littéraire) qui seront publiés en volume, en Allemagne et en France (De la France, 1833-1857 ; De l'Allemagne, 1834 ; Lutèce, 1855) : Heine ne se limite pas au commentaire de l'actualité politique ni aux attaques contre les « boutiquiers » de Louis-Philippe ; proche du saint-simonisme, il s'élève contre l'ascétisme judéo-chrétien et prône une réconciliation de l'âme et du corps, une « religion de la joie ». Dans De l'Allemagne depuis Martin Luther, il brosse un tableau peu conventionnel de la pensée allemande jusqu'à Hegel et prédit une révolution allemande plus terrible que la Révolution française. Dans État actuel de la littérature en Allemagne, il proclame la fin du romantisme allemand et de la période idéaliste en général. Interdit en Allemagne depuis 1835, Heine parvient à publier dans ses Salons (1834-1840) différents essais et fragments narratifs. Mais il compose surtout deux épopées en vers, où rêve et satire se fondent en un mélange tantôt savoureux, tantôt amer : Atta Troll (1843), histoire d'un ours qui symbolise la lourdeur et le philistinisme, et Allemagne, conte d'hiver (1844), féroce satire de la situation politique de l'Allemagne. À cette époque, où il se lie avec Karl Marx et collabore aux Deutschfranzösische Jahrbücher et au Vorwärts, la radicalisation de son attitude se manifeste dans ses poèmes politiques. À partir de 1848, atteint de paralysie, il connaît une solitude croissante. Il compose alors le Romanzero (1851), qui rassemble des poèmes composés à partir de 1846. Ce recueil propose, tantôt sous forme de romances inspirées d'un passé lointain ou exotique (Histoires et Mélodies hébraïques), tantôt en puisant dans les souvenirs propres de l'auteur (Lamentations), les thèmes les plus personnels de Heine. Un dernier recueil, Poèmes, 1853-1854, paraît en 1854.

Heinesen (William)

Écrivain féroïen de langue danoise (Torshavn 1900 – id. 1992).

Poète (Hymnes et Chants de colère, 1961 ; Panorama avec arc-en-ciel, 1972), il est aussi prosateur à partir d'Aube au vent (1934), qui décrit la pêche moderne aux îles Féroé. Ses récits mettent en scène d'humbles destinées confrontées à la fois aux pièges de la civilisation moderne et aux outrances d'une religiosité exaltée. Il est attentif à cette contradiction qui fait de la nature un milieu hostile à l'homme, mais aussi une inépuisable richesse, justifiant l'énergie que chacun doit mettre à lutter et à vivre (la Marmite noire 1949 ; les Musiciens maudits, 1950 ; la Lumière enchantée, 1957).