Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hesteau (Clovis) , sieur de Nuysement

Poète français (Blois entre 1550 et 1560 – 1623 ou 1624).

Ses Œuvres poétiques (1578), qui lancèrent sa carrière littéraire, sont influencées par la Pléiade et composées de pièces de circonstance, de poèmes pétrarquisants, d'odes pindariques, de pièces satiriques. Il se révèle sur le tard un poète alchimiste en publiant entre 1620 et 1624 trois textes de poésie hermétique, hymne d'inspiration stoïcienne au Spiritus mundi, esprit dont le flux anime l'univers et que le poète, dans une sorte de « christianisme ésotérique », identifie à Dieu.

Hésychios de Milet

Écrivain byzantin (Alexandrie VIe s.).

Auteur d'une Chronique universelle, des origines du monde à l'année 518, il est célèbre pour son dictionnaire d'histoire littéraire (Onomatologos), qui conservait de nombreux termes grecs dialectaux et qui servit de modèle aux lexiques byzantins.

Hetzel (Pierre-Jules)

Éditeur et écrivain français (Chartres 1814 – Monte-Carlo 1886).

Soucieux de former la jeunesse, il participa aussi à la vie politique, s'opposant au second Empire. Après des Scènes de la vie privée et publique des animaux (1842) associant Grandville, Balzac, Sand, Musset, Nodier, il créa le Nouveau Magasin des enfants (1843-1857), puis, avec Jean Macé, le Magasin d'éducation et de récréation (1864-1915), où parurent en feuilleton les romans de J. Verne et ses propres récits sous le nom de P.-J. Stahl (Maroussia, 1878).

Hevesi (András)

Écrivain hongrois (Budapest 1902 – sur le front d'Alsace 1940).

Engagé volontaire de l'armée française, il fut tué au cours de l'offensive allemande de 1940. Son roman Pluie de Paris (1936) peint le milieu de l'émigration dans les années 1930.

Heyerdahl (Thor)

Ethnologue et explorateur norvégien (Larvik 1914 – Allasío, Italie, 2002).

Il a su faire partager l'exploit sportif et la fascination intellectuelle de ses expéditions polynésiennes (le Kon-Tiki, 1948), américaines (Ra, 1970) ou proche-orientales (l'Expédition du Tigre, 1979), dont le but était d'étudier les migrations à longue distance et les échanges entre les continents. C'est aussitôt après la guerre que le jeune savant décide de construire le Kon-Tiki (du nom du dieu Soleil adoré jadis sur les hauts plateaux des Andes) : un radeau exactement semblable à ceux qu'utilisaient, il y a plus d'un millénaire, les habitants du Pérou. Après huit mille kilomètres de dérive au gré des courants, il touche une île de la Polynésie. Ses livres rendent compte des stupéfiantes péripéties de cette odyssée unique, prouvant que Heyerdahl n'est pas seulement un terrible aventurier, mais un maître conteur.

Heym (Georg)

Poète allemand (Hirschberg 1887 – Berlin 1912).

Mort très jeune, il exercera une influence capitale sur les expressionnistes. Dans le seul recueil publié de son vivant (le Jour éternel, 1911), il parvient à concilier une forme stricte (sonnets le plus souvent) avec un langage empreint de pathétique, de violence, d'images sombres, où il varie les thèmes qui marqueront les années 1920 : la ville (« le Dieu de la ville »), sa misère (« la Faim »), la mort (« la Patrie des morts »). Visionnaire tourmenté, il préfigure dans Umbra vitae (1912) les catastrophes futures. Son goût pour l'allégorie donne à son lyrisme un ton incantatoire et inquiétant.

Heym (Helmut Flieg, dit Stefan)

Écrivain allemand (Chemnitz 1913 – Israël 2001).

Fils de négociant juif, il émigre (1933), devient américain et combat avec les Alliés. Fuyant le maccarthysme, il s'établit en R.D.A. (1953). Romancier à succès, Heym, qui écrit aussi en anglais, évoque la guerre (The Crusaders, 1948), l'Histoire (Chronique du roi David, 1972), les conflits sociaux aux États-Unis mais aussi les erreurs socialistes (Une semaine en juin, 1974). En conflit avec les autorités (affaire Biermann), il ne peut plus publier qu'en R.F.A. Doyen du Bundestag sous l'étiquette communiste (1994), il prononce le discours inaugural, mais l'hostilité des politiques entraîne sa démission (1995).

Heyse (Paul von)

Écrivain allemand (Berlin 1830 – Munich 1914).

Protégé du roi Maximilien II de Bavière, il séjourna à Munich et en Italie, où se situent la plupart de ses nouvelles. La bourgeoisie cultivée de l'Allemagne wilhelminienne y retrouvait, agréablement combinés, les acquis du classicisme, du romantisme et du réalisme. Citée comme exemple de clarté, d'élégance et de perspicacité psychologique, l'œuvre de Heyse fut couronnée en 1910 par le prix Nobel. La postérité a retenu quelques morceaux d'anthologie : l'Arrabbiata (1855), Andrea Delfin (1862), le Garde-vignes (1864). On cite volontiers sa correspondance avec Fontane, éditée en 1929.

Higazi (Ahmad Abd al-Muti)

Poète égyptien (Talyâ, delta du Nil, 1935).

Ses recueils évoquent la misère des fellahs et les problèmes des petites gens (Ville sans cœur, 1959 ; Aurès, 1959 ; J'avais un cœur, 1972 ; les Êtres du royaume de la nuit, 1979 ; Arbres de ciment, 1989 ; Poème du non, 1989).

Higgins (Aidan)

Écrivain irlandais (Celbridge, Kildare, 1927).

Exilé en Europe, marionnettiste en Afrique du Sud, il évoque la soif d'autodestruction d'Irlandais rongés par la décadence de leur pays dans des recueils de nouvelles (Felo de Se, 1960) et des romans (Pars, Langrishe, 1966 ; le Balcon de l'Europe, 1972). Regagnant l'Irlande, il ranime ses souvenirs d'enfance (Scènes d'un passé en fuite, 1977). Les rapports d'une poétesse danoise et d'un romancier irlandais lui ont fourni la matière d'un curieux roman épistolaire entrecoupé de fragments de journaux intimes (Bornholm Night-Ferry, 1983).

Highsmith (Patricia)

Romancière américaine (Fort Worth, Texas, 1921 – Locarno, Suisse, 1995).

Après un premier roman, l'Inconnu du Nord-Express (1950), porté à l'écran par Alfred Hitchcock (1951), elle publie la série des Ripley (Monsieur Ripley, 1955 ; Sur les pas de Ripley, 1979) où elle démonte les mécanismes de la vie quotidienne. Le récit policier se centre sur le coupable, objet mouvant d'une étude psychologique, dans un style qui associe des origines classiques (Tchekhov, Tennessee Williams) à l'horreur la plus crue (le Journal d'Édith, 1977 ; le Jardin des disparus, 1982) et où la limite entre animalité et humanité est indécise (l'Amateur d'escargots, 1975 ; le Rat de Venise, 1977 ; les Sirènes du golf, 1984). Son dernier roman, Petit G (1995), est publié après sa mort.