Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Shalom (Shalom Joseph Shapira, dit Shin)

Poète et écrivain israélien (Parczew, Pologne, 1904 – 1990).

Immigré en Palestine en 1922, il s'installa à Jérusalem, puis vécut à Rosh-Pinah en Galilée de 1928 à 1930 avant de se fixer à Haïfa. Issu d'une grande famille hassidique, il a été marqué par la culture kabbalistique dont les traces sont évidentes dans sa poésie (Face à face, 1941 ; Sefer Hai Ro'i, 1963), qui traite tout particulièrement de la rédemption du Juif moderne tant sur le plan personnel que national, et dans ses romans (Journal de Galilée, 1932 ; La bougie ne s'éteignit pas, 1952).

Shamir (Moshe)

Écrivain israélien (Safed 1921 – Rishon LeZion 2004).

Il grandit dans un kibboutz, prend une part active à la Haganah, puis à la guerre qui prélude à la fondation de l'État d'Israël (1948). Il décrit, dans une œuvre tour à tour épique et réaliste, la société israélienne, ses conflits et ses réalisations. Ses romans, souvent inspirés de la vie des kibboutz (la Cinquième Roue, 1961 ; Il a traversé le champ, 1968) ou d'épisodes historiques (Un roi de chair et de sang, 1954), ont souvent été portés à la scène.

Shammas (Anton)

Écrivain israélien (Fassuta, village arabe en Israël, 1950).

Il a vécu vingt ans à Jérusalem et fut co-rédacteur d'une revue littéraire arabe avant de s'établir dans le Michigan aux États-Unis. Son roman Arabesques (1986), écrit en hébreu, a été traduit dans plusieurs langues.

Shamosh (Amnon)

Écrivain israélien (Alep, Syrie, 1929).

Auteur d'essais littéraires et linguistiques, de chroniques et de récits, il a publié des nouvelles  (Ma sœur, ma fiancée, 1976 ; Cannelle et cinnamome, 1979 ; Du Liban avec moi, 1981 ; Fontaine scellée, 1984), des romans (Michel Ezra Safra et fils, 1978 ; Cèdres du Liban, 1990) et des poèmes. L'univers des Juifs aleppins constitue le thème principal de son œuvre. Pour Shamosh, la rencontre en Israël des deux courants, oriental et occidental, doit permettre de créer une culture originale.

Shamsuddin Saleh

Écrivain malais (Pekan Baru ou Kota Betong, 1905 ou 1906).

Les indications concernant sa biographie sont imprécises. Après des études à Pekan Baru (Sumatra), il aurait été instituteur et aurait travaillé pendant plusieurs années pour le Service de renseignements politiques néerlandais, puis se serait installé en Péninsule où les nombreux romans qu'il publie entre 1936 et 1942 obtiennent un grand succès. Arrêté par la police anglaise à la fin de 1941, il est relâché par les Japonais. Après la guerre du Pacifique, il prend part aux activités du parti nationaliste malais et part à Sumatra où il participe à la lutte pour l'indépendance de l'Indonésie. Il y reste après le transfert de la souveraineté, y travaille comme fonctionnaire jusqu'à sa retraite en 1962 et rentre en Malaisie. Écrivain prolifique, il aurait écrit 50 romans (Une politique effroyable, 1936 ; Ardeur de jeunesse, 1937 ; Joute spirituelle, 1937 ; Une vie révoltée ou le Secret très secret, 1939 ; Trois Mois en prison, 1939) dont le thème principal est la lutte des nationalistes indonésiens et dans lesquels il se montre plus virulent à l'égard des colonisateurs que les autres auteurs malais de son époque. Ces œuvres relèvent à la fois du roman d'espionnage, du roman d'amour et du roman didactique.

Shankara

Philosophe shivaïte d'expression sanskrite (VIIIe-IXe s.).

Vivant comme un renonçant, ce philosophe majeur de l'hindouisme fonda plusieurs ordres monastiques et diffusa la doctrine du Vedanta non-dualiste (Advaita-Vedanta), notamment en commentant Upanishads et Vedantasutra. Parmi ses œuvres nombreuses, notons l'Upadeshasahasri (Traité des mille enseignements).

Shapiro (Karl)

Écrivain américain (Baltimore 1913 – New York 2000).

Il s'impose d'abord par ses essais critiques (notamment Défense de l'ignorance, 1960), où il essaie de définir la tradition poétique américaine et dénonce l'académisme, en particulier celui de T. S. Eliot. Il souligne l'importance d'une parole première, comme celle de Whitmanou de William Carlos Williams. Son œuvre poétique, de Personne, lieu et chose (1942) et La lettre V (1944) à Procès d'un poète (1947), Poèmes de juif (1958), le Poète bourgeois (1964), l'Amant aux cheveux blancs (1968), marque l'abandon de tout dogme culturel et littéraire pour atteindre à une truculence qui témoigne d'une perception spontanéiste du réel, d'un culte de l'énergie, et d'une réforme de l'écriture poétique signalée par l'adoption du poème en prose.

Shapiro (Lévi-Yehoshua Shapiro, dit Lamed)

Écrivain de langue yiddish (Rzhishtshev, Ukraine, 1878 – Los Angeles 1948).

Établi aux États-Unis en 1906 à la suite de la vague de pogroms en Russie, il en exprime l'horreur dans des nouvelles qui le rendent célèbre (Nouvelles, 1910 ; le Royaume juif, 1919). On lui doit aussi un autre cycle de nouvelles (New-Yorkaises, 1931) et des essais.

Shaw (George Bernard)

Écrivain irlandais (Dublin 1856 – Ayot Saint Lawrence, Hertfordshire, 1950).

Issu de la gentry protestante d'Irlande, pratiquement autodidacte, journaliste, il rêve de révolution, rédige le manifeste de la « Fabian Society » (1884) et prêche l'évangile de l'intelligence satisfaite. L'Impossibilité de l'anarchisme (1891), le Fabianisme et l'Empire (1900) et le Guide de la femme intelligente en présence du socialisme et du capitalisme (1928) dévoilent, sous les complexités économiques et politiques, les jeux du bon sens. Ses premiers romans tournent le dos au romantisme « juvénile » ; Shaw se fait une réputation d'humoriste mondain. Ses pièces « plaisantes » (le Héros et le Soldat, 1894 ; Candida, 1897 ; On ne peut jamais dire, 1899), comme ses pièces « déplaisantes » (L'argent n'a pas d'odeur, 1892 ; l'Homme aimé des femmes, 1898 ; la Profession de Mrs. Warren, 1902), ses pièces « pour puritains » (le Disciple du diable, 1897 ; la Conversion du capitaine Brassbound, 1900 ; César et Cléopâtre, 1901) reposent sur la même recette : la démonstration de l'hypocrisie prélude à la révolte contre la révolte, ramenant aux satisfactions de la « lucidité ». Paradoxes et épigrammes émaillent cette marche vers l'ordre retrouvé. L'aspiration croissante à la surhumanité et l'éloge de l'« élan vital » inspirent l'Autre Île de John Bull (1904), l'Homme et le Surhomme (1905), Major Barbara (1905), le Dilemme du docteur (1906), Androclès et le Lion (1912), En remontant à Mathusalem (1922), Sainte Jeanne (1923). Pygmalion (créé en 1913, publié en 1916) est sans doute son œuvre la plus célèbre, qui reprend le mythe en le modernisant : un jeune et riche phonéticien transforme une jolie bouquetière à l'accent faubourien en l'initiant aux règles du beau langage. Devenue élégante et recherchée, Eliza, amoureuse de son Pygmalion, comprend qu'elle n'est pour lui qu'une expérience réussie. Cette réflexion sur le langage comme moyen de la pensée et de la conquête sociale a été popularisée par la comédie musicale My Fair Lady (1964). Bernard Shaw a reçu en 1925 le prix Nobel de littérature et a continué d'écrire jusqu'à sa quatre-vingt-dixième année.