Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Plechtcheïev (Alekseï Nikolaïevitch)

Écrivain russe (Kostroma 1825 – Paris 1893).

Membre du cercle Petrachevski, comme Dostoïevski, il fut déporté de 1849 à 1859. Certains poèmes de son premier recueil (1846) devinrent des chansons révolutionnaires (« En avant ! Ni peur ni doute. »). Ses poésies mélancoliques, pleines de sympathie pour les malheureux, sont typiques de l'idéalisme des années 1840. Il écrivit aussi des récits dans la lignée de l'école naturelle (Scènes du quotidien, 1857).

Pléiade (la)

C'est le terme devenu classique, depuis Sainte-Beuve, pour désigner le plus important courant poétique du XVIe siècle français, à la tête duquel on place généralement Ronsard. Aussi bien est-ce chez ce dernier que, succédant au terme de Brigade – employé, dès 1552, pour désigner le groupe de ses condisciples du collège de Coqueret (Du Bellay, Baïf, Denisot, Pacate, etc.) –, apparaît, en 1556, celui de Pléiade, métaphore désignant les sept poètes réputés les meilleurs de son temps. Liste changeante au demeurant, qui, autour d'un noyau invariable – Du Bellay, Baïf, Jodelle, Tyard et, bien évidemment, Ronsard lui-même –, comprend des « étoiles variables »  : La Péruse et Des Autels, inclus dans la liste en 1553, y sont remplacés en 1555 et 1556 par Peletier et Belleau. L'essentiel, toutefois, n'est pas cette liste même, mais la réalité qui, à travers elle, se profile : celle que constitue la nouvelle école poétique qui, après s'être manifestée en 1549 par le coup d'éclat de la Défense et Illustration de la langue française de Du Bellay, devait engager la poésie, et l'ensemble même de la littérature française, dans des voies profondément neuves. Totalement dominante dans les années 1550-1560, l'école de la Pléiade se vit concurrencée, à partir de 1570, par des tendances nouvelles, baroques et préclassiques.

Pléiade pouchkinienne

L'histoire littéraire regroupe sous cette expression des poètes qui, sans se trouver sous l'influence directe de Pouchkine, écrivaient à une époque où son génie dominait les lettres russes. Anton Antonovitch Delvig (1798-1831), peut-être le plus connu d'entre eux, auteur d'une poésie très musicale et marquée par sa culture classique, était un camarade de lycée de Pouchkine, de même que Wilguelm Karlovitch Kioukhelbeker (1797-1844). Evgueni Abramovitch Boratynski (1800-1844) fut sans doute celui sur lequel l'influence de Pouchkine s'exerça le plus directement : sa poésie, dite « de pensée » parce qu'il réalise une fusion parfaite entre la réflexion et l'expression lyrique, est caractérisée par la hardiesse de ses idées et la force de son style : le Dernier Poète (1833-34) proclame la supériorité de la poésie sur la science. Les poètes de la pléiade offrent un registre très varié : si le sentiment élégiaque prédomine dans l'œuvre et la personnalité de Piotr Alexandrovitch Pletniov (1792-1865), Nikolaï Mikhaïlovitch Iazykov (1803-1806) célèbre au contraire les joies de la vie et de la création, du moins dans la première partie de son œuvre, avant que la maladie y fasse entendre des notes plus mélancoliques. Le prince Piotr Andreïevitch Viazemski (1792-1868), s'il ne fut pas un poète de premier ordre, joua en quelque sorte le rôle de « ciment » dans ce groupe : lié d'amitié avec chacun de ses membres, avec Pouchkine aussi, il fut un critique très avisé.

Pleijel (Agneta)

Femmes de lettres suédoise (Stockholm 1940).

D'abord critique culturel d'un grand journal, elle entre en littérature à la suite d'une crise existentielle. Son premier roman, les Guetteurs de vent (1987), impose sa voix presque aussitôt. Dans Fungi (1993), le jeune naturaliste Junghuhn, observant les champignons vénéneux, interroge une nature à la fois bonne et cruelle. Un hiver à Stockholm (2000), conçu comme un journal intime, décrit les souffrances du couple.

Plenzdorf (Ulrich)

Écrivain allemand (Berlin 1934 – id. 2007).

Cet auteur de R.D.A. se démarque nettement du réalisme socialiste. Scénariste pour la D.E.F.A., il se met à écrire des romans et du théâtre parce qu'il ne peut pas tourner les films qu'il veut. Son premier roman, les Nouvelles souffrances du jeune W. (1972) transpose en R.D.A. le Werther de Gœthe et dépeint un adolescent pris entre aspirations individuelles et contraintes sociales. la Légende du bonheur sans fin, dans sa version romanesque, critique l'intrusion de la politique dans le lit conjugal, mais bien des thèmes dépassent la simple critique sociale. Depuis 1990, il écrit des téléfilms.

Pleynet (Marcelin)

Écrivain français (Lyon 1933).

Secrétaire de rédaction des revues Tel Quel puis l'Infini, il élabore une réflexion où chaque mot, à la fois langue et poésie, plus corps que signe, devient lieu d'accident, de désaccord, de dualité. Il participe à Théorie d'ensemble et expose dans Lautréamont par lui-même (1967) le point décisif de rupture entre l'art et la société. Ses recueils poétiques affirment sa volonté croissante de réinvestir en poésie « la démesure des forces conflictuelles » du sujet et de l'Histoire et d'inaugurer un retour vers le refoulé des civilisations (Provisoires Amants des nègres, 1962 ; Stanze, 1973 ; Rime, 1981). À côté de ses travaux d'esthétique (Système de la peinture, 1977 ; la Liberté en peinture, 1999), ses journaux ou ses romans retracent son itinéraire intellectuel (Voyage en Chine, 1980 ; les Voyageurs de l'an 2000, 2000 ; le Pontos, 2002).

Pleysier (Léo)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Rijkevorsel 1945).

Romancier (Mirliton, une preuve d'homophonie, 1971), il est l'auteur d'un triptyque autobiographique qui compose un ensemble de collages de lettres, de fragments de journaux et de chroniques historiques (la Rage des journées de vent, 1978 ; la Route sans issue, 1981 ; À saute-mouton, 1983).

Plievier (Theodor)

Écrivain allemand (Berlin 1892 – Avegno, près de Locarno, 1955).

Après avoir bourlingué à travers l'Europe et sur les océans, il s'enrôla en 1914 dans la Kriegsmarine et prit part en 1918 à la mutinerie de Wilhelmshaven. Pendant les premières années de la République de Weimar, il continua à mener une existence vagabonde et fréquenta les milieux anarchistes. Sa percée littéraire eut lieu en 1929 avec les Galériens du Kaiser, récit incisif et violemment antimilitariste de ses souvenirs de guerre dans la marine. C'est cet antimilitarisme (l'Empereur est parti, les généraux sont restés, 1932) qui le contraignit à l'exil en 1933. Il passa plus de dix ans en Union soviétique, où il écrivit, à partir de 1943, le récit mi-documentaire, mi-romancé de la bataille de Stalingrad : paru en 1945, le livre connut un succès mondial ; l'accueil réservé aux deux romans suivants, écrits après le passage de Plievier à l'Ouest en 1947, Moscou (1952) et Berlin (1954), fut moins favorable.