Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Van Lerberghe (Charles)

Écrivain belge de langue française (Gand 1861 – Bruxelles 1907).

Il débute par un drame symboliste (les Flaireurs, 1889), inaugurant, en même temps que Maeterlinck, le « théâtre de l'angoisse ». Dans un premier recueil (Entrevisions, 1897), il cherche ensuite à rendre compte de la présence simultanée dans l'univers de l'être et du paraître : le regard poétique, faisant jouer les images du monde, spiritualise le réel et révèle l'être sous les apparences. Il célèbre dans la Chanson d'Ève (1904) ce qui, dans l'être, s'offre à l'homme : la pulsation du sensible, le frémissement de la vie. Ève y est avant tout une forme nomade destinée à passer dans les choses, à faire corps avec le monde, à s'identifier au sensible en une succession de métamorphoses (fleur-fruit-fontaine-souffle-son-sirène-pommier), « une femme objectivée » de l'adoration « naïve et confiante » du poète dans le pandynamisme de la nature. Le texte lui-même n'est plus que mouvement, ligne sinueuse selon l'esthétique de l'Art nouveau. Expression d'un panthéisme radical, sa dernière tentative théâtrale, Pan (1906), mise en scène par Lugné-Poe avec Colette dans le rôle principal, est un acte de foi dans les forces créatrices de l'univers.

Van Loggem (Manuel)

Écrivain néerlandais (Amsterdam 1916 – id. 1998).

Il est l'auteur de pièces de théâtre (Un soleil sur Hiroshima, 1963 ; Procès de jeunesse, 1975), de romans (Moïse, 1968), d'ouvrages de science-fiction (l'Année prochaine, en 3000, 1976) et de récits qui mêlent aventure et fantastique (Meurtre après le repas, 1983 ; les Lignes du temps, 1985).

Van Looy (Jacobus)

Écrivain néerlandais (Haarlem 1855 – id. 1930).

Peintre impressionniste de l'école d'Amsterdam, il débute dans la littérature en publiant dans De Nieuwe Gids le récit de ses voyages en Italie, en Espagne et en Afrique du Nord. Certaines des nouvelles (la Mort de mon chat, le Combat de taureaux, le Cactus nocturne) réunies dans Prose (1892), les textes de Fêtes (1902), dont les descriptions témoignent d'un art éminemment visuel, appartiennent à la meilleure prose des lettres néerlandaises du tournant du siècle. Avec Jaapje (1917) – récit de l'éveil au monde d'un jeune orphelin et premier volume d'une trilogie qui est à la fois un roman d'éducation et un roman de l'artiste – il offre le portrait convaincant d'une âme d'enfant.

Van Maerlant (Jacob)

Écrivain flamand (près de Bruges v. 1220 – v. 1300).

Les données biographiques le concernant sont incertaines. Il aurait été sacristain de Maerlant, à Oostvorne, puis se serait installé à Damme, où il serait mort. Dans la première partie de sa vie, il traduisit ou imita les romans courtois français (le Roman d'Alexandre, le Roman de Troie, etc.). Il délaissa ensuite la culture chevaleresque pour mettre son éruditon au service du public bourgeois – qui se développait à l'époque et avait pris goût aux œuvres didactiques – dans de grandes encyclopédies rimées qui résument la culture de son temps (le Secret des secrets, v. 1266 ; l'Épanouissement de la nature, v. 1266-1269 ; le Miroir de l'histoire, v. 1283-1288).

Van Ostaijen (Leopoldus Andreas, dit Paul)

Poète belge d'expression néerlandaise (Anvers 1896 – Miavoye-Anthée, Anthée [Namur], 1928).

Après un séjour à Berlin (1918-1920), où il fréquente les milieux littéraires et artistiques, sa poésie s'oriente dans une direction nouvelle : abandonnant l'unanimisme et l'expressionnisme humanitaire de ses premiers recueils (Music-Hall, 1916 ; le Signal, 1918), il se tourne vers une poésie dadaïste et futuriste qui suggère l'absurdité du monde en bannissant la syntaxe et recourt à tous les moyens de la typographie pour isoler le mot, porteur de sens (les Fêtes de l'angoisse et de la souffrance, écrit en 1918-1921 ; Ville occupée, 1921 ; le Premier Livre de Schmoll, 1929). Également anticonformiste dans son œuvre de critique littéraire et artistique (Prose critique, 1929-1931 ; Self-defense, 1933) et dans ses récits en prose pleins d'ironie (le Trust du patriotisme, 1925 ; le Bordel d'Ika Koch, 1926 ; Proscrit, 1927 ; Jardin zoologique pour enfants de maintenant, 1932), ce partisan du vers libre et de la « poésie pure » a fortement influencé les « expérimentalistes » des années 1950.

Van Paemel (Monika)

Romancière belge d'expression néerlandaise (Poesele, Flandre-Orientale, 1945).

Son talent, révélé avec l'Amazone au front bleu (1971), a été confirmé par la Confrontation (1974) et Marguerite (1976). Sa démarche, marquée par l'existentialisme, et qui prend pour thème les grands problèmes de la société moderne (violence, condition féminine, etc.), se traduit par une recherche formelle, mêlant points de vue, rythmes et langages, comme en témoigne son roman documentaire et autobiographique, les Pères maudits (1985).

Van Ruysbeek (Raymond Van Eyck, dit Erik)

Écrivain belge de langue néerlandaise (Bruxelles 1915).

Influencé par les mystiques orientales, il est l'auteur d'une poésie méditative et visionnaire qui s'interroge sur la nature de l'homme et replace la vie individuelle dans le contexte de l'universel et du cosmique (À propos de la terre qui est aussi le ciel, 1963 ; l'Univers ouvert, 1969 ; Entre la source et l'embouchure, 1970 ; Une petite alchimie, 1973 ; la Source au-delà des miroirs, 1974 ; les Rais vers la lumière, 1975 ; l'Univers transparent, 1981 ; l'Ange et l'argile, 1983 ; l'Arche et les rats, 1984). Ses essais et son roman la Mort et le Point du jour (1977) reflètent le même tempérament méditatif.

Van Schendel (Arthur)

Écrivain hollandais (Batavia 1874 – Amsterdam 1946).

Dans une première période d'inspiration néoromantique, il suggère par touches légères et colorées les lieux et l'époque (souvent le Moyen Âge) de ses romans, pour mieux faire ressortir la vie intérieure de ses personnages (Un vagabond amoureux, 1904 ; les Fleurs de l'amour, 1921 ; Angiolino et le Printemps, 1923 ; Merona, un gentilhomme, 1927). Après la Frégate « Marie-Jeanne » (1930), épopée tragique dont le personnage principal est un bateau, c'est dans la Hollande du XIXe s., attachée à un calvinisme orthodoxe, que se passent ses romans d'atmosphère toujours dominés par la tragique fatalité (Un drame hollandais, 1935 ; l'Homme riche, 1936 ; les Oiseaux gris, 1937). Ses derniers romans, où se retrouve la veine néoromantique (le Monde, une fête dansante, 1938 ; les Sept Jardins, 1939 ; Monsieur Obéron et Madame, 1940), font preuve d'une fantaisie déjà présente dans ses nouvelles.