Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Samain (Albert)

Poète français (Lille 1858 – Magny-lès-Hameaux 1900).

Il participa à la fondation du Mercure de France (1889), collabora à la Revue des deux mondes, et entra en poésie comme on entre en religion. Son panthéon est peuplé de dieux-muses, aussi différents que Hugo, Verlaine ou Chénier, et son talent fut de parvenir à la fusion de ces accents en une tonalité doucement mélancolique, proche des lieder, évocatrice des brumes du Nord : une poésie vaporeuse, souvent superficielle, parfois fort attachante (Au jardin de l'infante, 1893 ; Aux flancs du vase, 1898 ; le Chariot d'or, 1901).

Samaniego (Félix María)

Écrivain espagnol (La Guardia 1745 – id. 1801).

Influencé par les encyclopédistes français, il composa de nombreux ouvrages satiriques et polémiques dirigés contre prêtres, religieux et certains de ses contemporains, notamment Iriarte. Avant de mourir chrétiennement, il voulut détruire ses œuvres, à l'exception d'un recueil de 137 fables (Fables morales, 1781-1784), destinées aux enfants et pour la plupart imitées d'Ésope, de Phèdre, de La Fontaine et de John Gray.

samhita

« Collection » de textes sanskrits d'un même genre, tels les hymnes du Rigveda, du Samaveda, etc. Dans un sens plus restreint, on appelle samhita les textes canoniques des sectes visnuites (Vaisnava-samhita ou Pañcaratra-samhita) élaborés avant le Xe siècle.

Samman (Ghada al-)

Journaliste et romancière syrienne (née en 1942).

Écrivain très populaire, elle a publié des nouvelles féministes (Tes yeux sont mon destin, 1962 ; Nuits des étrangers, 1966) et des romans autobiographiques sur fond de guerre civile (Beyrouth 75, 1975 ; les Cauchemars de Beyrouth, 1976) ou de critique sociale (la Nuit du milliard, 1986). En 1977, elle a fondé sa propre maison d'édition à Beyrouth.

Samonà (Carmelo)

Écrivain italien (Palerme 1926 – Rome 1990).

Son thème de prédilection est l'analyse des difficultés de communication entre les personnes « normales » et les aliénés mentaux ou les marginaux. Ainsi, dans Frères (1978), un homme cherche désespérément à dialoguer avec son frère, atteint de troubles mentaux. Parmi ses autres romans : le Gardien (1983) et la Famille Landau (posthume, 1991).

Samuel (livres de)

Les deux livres de Samuel retracent l'histoire d'Israël, du dernier des Juges à la fin du règne du roi David. Le titre hébreu, Samuel, provient sans doute du fait qu'il en est un des personnages importants. Les livres de Samuel sont un assemblage de traditions anciennes dont certaines ont une incontestable saveur d'authenticité et remonteraient à l'époque de la monarchie. Des compléments furent apportés après la ruine de Jérusalem en 587, au moment où les livres de Samuel prirent place dans l'œuvre dite « Historiographie deutéronomiste » (Josué, Juges, Samuel, Rois). L'un des récits les plus homogènes que contiennent les livres de Samuel est celui appelé « Récit de la succession de David » (II Samuel, IX, 20 et I Rois, I-II). Le thème dominant des livres de Samuel est celui de la royauté. Le rôle essentiel joué par Samuel dans l'histoire de son institution est décrit en I Samuel, VIII-XII. Les exégètes distinguent deux tendances rédactionnelles : la version « monarchiste » (I Samuel, IX ; X, 1-16 ; II) et la version « antimonarchiste » (I Samuel, VIII ; X, 17-24 ; XII). Cette dernière serait postérieure. En fait, l'une et l'autre sont anciennes et la seconde exprime un courant qui n'est antimonarchiste que dans la mesure où la royauté ne respecterait pas les droits de Yahvé, le seul véritable roi d'Israël : la monarchie israélite est subordonnée à la théocratie. Le roi, dont la royauté ne procède pas en droit de la volonté humaine, mais de l'autorité divine, n'est que le lieutenant de Dieu. Cet idéal n'a été atteint que par David dont la réussite a été précédée par l'échec de Saül ; elle sera suivie par toutes les infidélités de la monarchie, qui entraîneront la ruine de la nation. L'espoir demeurera cependant de la venue d'un fils de David qui sera digne des promesses faites à son aïeul par l'intermédiaire du prophète Nathan (II Samuel, VII).

Samuel Ha-Nagid (Ibn Nagrila)

Homme d'État, exégète et poète d'expression hébraïque (Mérida 993 – Grenade 1056).

Vizir et chef de l'armée du royaume de Grenade, il fut aussi le leader de la communauté juive. Ses poèmes sont réunis en trois recueils : le Diwan ; Fils des Psaumes, qui contient les genres profanes tels que poésie de cour, poèmes d'amour, chansons à boire et poèmes de guerre ; Fils des Proverbes, dans l'esprit du livre biblique, et Fils de l'Ecclésiaste, poèmes philosophiques plutôt pessimistes. Il maîtrise parfaitement la poétique arabe de l'époque et son œuvre, écrit en hébreu biblique, exprime d'une façon rare la rencontre entre ces deux cultures, caractéristique de l'âge d'or du judaïsme espagnol.

Sanai (Abou al-Madjd Madjdoud)

Poète persan (vers 1080 – v. 1131).

D'abord poète de cour auprès des Ghaznévides, il s'engagea dans la voie soufie et composa des œuvres didactiques, tel son grand masnavi Hadiqat al-Haqiqa (le Jardin de la vérité, 1130), ouvrage complexe qui traite de sagesse pratique et de soufisme dans la mouvance de Halladj, ou le Cheminement des serviteurs de Dieu vers le Retour. On lui doit en outre des poésies lyriques regroupées dans son Divan. Il fut le premier à utiliser le ghazal et le masnavi pour exprimer une thématique mystique.

Sanawbari (Ahmad, al-)

Poète arabe de Syrie (mort en 946).

Il vécut auprès des princes hamdanides de Syrie. Sa poésie rend un son original par la précision et la sensibilité de ses descriptions de la nature. Elle annonce certains thèmes de la poésie andalouse.

Sánchez (Florencio)

Auteur dramatique uruguayen (Montevideo 1875 – Milan 1910).

Il introduisit au théâtre le courant naturaliste, avec des pièces où domine le pessimisme, et où les personnages sont souvent maladifs ou abouliques. On distingue généralement trois groupes dans sa nombreuse production : des drames et des comédies dramatiques (l'Étrangère, M'hijo el dotor, Nos enfants) ; des saynètes, où il excelle par ses dons d'observateur et de coloriste (les Gens honnêtes, Fausse Monnaie), enfin des zarzuelas (Canilita, le Cacique Pichuelo).