Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Sadeh (Pinhas)

Écrivain israélien (Lvov 1929 – id. 1994).

Immigré en Palestine en 1934, il y publie des récits en prose (De la situation de l'homme, 1967 ; la Mort d'Abimelekh et son ascension aux cieux dans les bras de sa mère, 1969 ; Voyage, 1971) et des recueils de poèmes (la Prophétie du silence, 1951 ; Poèmes 1947-1970, 1970 ; Deux Honorables Demoiselles, 1970-1977 ; Poèmes 1985-1988, 1988). Son ouvrage essentiel, la Parabole de la vie (1959), un roman autobiographique qui s'écarte résolument de la tradition du roman de pionniers en accordant une importance nouvelle à l'individu, provoqua une vive controverse.

Sadoveanu (Mihail)

Écrivain roumain (Pascani, Moldavie, 1880 – Bucarest 1961).

Sa prose épique, vaste fresque du peuple roumain, décrit l'atmosphère des villages moldaves et crée des héros purs et intenses qui rejettent le monde moderne, retrouvant la nature sauvage et sa poésie (l'Auberge d'Ancoutza, 1928 ; la Cognée, 1930). Il évoque dans des romans historiques les mythes et les légendes de son pays (les Soimar, 1915 ; le Signe du Cancer, 1929 ; les Frères Jderi, 1935-1942) et illustre également la vie de la province dans l'Eau des morts (1911) ou Là où il ne s'est rien passé (1933). Après 1946, Sadoveanu révisa son œuvre et mit sa plume au service du réalisme socialiste (Mitrea Cocor, 1949).

Saeb (Mirza Mohammed Ali)

Poète persan (Ispahan v. 1601 – id. 1677).

Grand admirateur de Sa'di et de Hafez, il excella dans le ghazal. Abandonnant Ispahan, capitale des Séfévides, il exerça son art en Inde, sous la protection de Chah Djahan, avant de revenir à la cour d'Ispahan et d'y être, jusqu'à sa mort, chef des poètes. Son œuvre marque l'apogée du style dit « indien », subtil et maniéré, recherché et disert. Dextérité dans le choix des mots et des images, sens de l'observation, humour et habileté à manier des associations d'idées compliquées sont ses principales caractéristiques.

Saedi (Gholamhoseyn) , aussi connu sous le nom de plume de Gowhar Morad

Nouvelliste et dramaturge iranien (Azerbaïdjan 1935 – Paris 1985).

Psychiatre de formation, il écrivit de nombreux recueils de nouvelles où réalisme, satire et psychologie se mélangent harmonieusement (Une soirée formidable, les Endeuillés de Bil, 1964 ; la Paix en présence des autres, 1966 ; Terreur et Tremblement, 1968 ; le Canon, 1969 ; Tombe et Berceau, 1977), ainsi que des pièces de théâtre de tendance absurde, vouées à la critique politique (Lune de miel, 1977 ; Othello au pays des merveilles, 1986). Il excelle dans la description des problèmes sociaux et de la douleur morale. Ses héros sont des employés ou des paysans, confrontés à une société oppressante.

Saer (Juan José)

Écrivain argentin (Serodino, prov. de Santa Fé, 1937 – Paris 2005).

Journaliste, il vit en France depuis 1968. Ses recueils de nouvelles (Unité de lieu, 1967 ; La Mayor, 1976) et ses romans (le Mai argentin, 1969 ; les Grands Paradis, 1974 ; l'Ancêtre, 1983 ; l'Occasion, 1988) rendent compte, sans sacrifier à l'exotisme, de sa fidélité passionnée au nord de l'Argentine, au Paraná colossal, de la corrosion du temps et de l'usure ainsi que de son souci de suppléer par l'écriture au réel extérieur.

saga

Ce terme désigne un genre narratif spécifiquement islandais apparu à la fin du XIIe s. Dérivé du verbe segja (dire, narrer), la saga est un récit en prose, éventuellement orné de strophes poétiques scaldiques, dont le sujet peut varier, mais qui vaut avant tout pour une manière de raconter, directe, concise, donnant l'illusion de l'objectivité. Généralement anonyme, elle traduit admirablement l'esprit des auteurs, hommes d'action férus de pragmatisme. Une longue querelle, aujourd'hui réglée, s'attachait au problème de leur origine : les sagas tiennent avant tout à un mode d'écriture, de composition, qu'elles ont appris de l'Église (officiellement adoptée en Islande en 999), dans les ouvrages hagiographiques, savants et classiques, apportés dans l'île. Sur le modèle d'écriture inauguré par deux grands historiographes du XIIe s., les prêtres Ari Thorgilsson et Saemundr Sigfusson ont d'abord été rédigées les sagas royales, ou konungasögur, dont le joyau est la compilation, dite Heimskringla, de Snorri Sturluson (1179 ?-1241) : celle-ci rapporte l'histoire de la Norvège depuis les origines mythiques jusqu'au XIIIe s. Puis viennent les sagas dites « de familles », ou des Islandais (Islendingasögur), qui rapportent la vie de grands colonisateurs de l'Islande (IXe et Xe s.) ou de leurs descendants, comme la Saga de Njáll le Brûlé, ou celles de Snorri le gođi, d'Egill Skallagrímsson, etc. Les sagas de contemporains (samtídarsögur), notamment la compilation de la Saga des Sturlungar, sont dues à des auteurs des XIIe et XIIIe s. Puis le genre s'oriente vers le fonds scandinave ou germanique : ce sont les sagas légendaires, fornaldarsögur, qui restent de précieuses sources sur le paganisme et le passé lointains : ainsi de la Saga des Völsungar ou de celle de Hervör. Enfin, les sagas de chevaliers (riddarasögur) adaptent au norois nos chansons de geste. Après quoi, le genre décline pour disparaître, mais il n'a cessé d'inspirer les écrivains modernes, d'Ibsen à Strindberg, de J. V. Jensen à Laxness.

Saga de Njáll le Brûlé (la)

Saga islandaise de la catégorie des Islendingasögur (fin du XIIIe s.). Elle relate les heurs et malheurs d'un héros, Gunnar de Hlídarendi, puis de son ami, le sage Njáll qui périt atrocement, brûlé vif dans sa maison avec tous les siens, enfin de ses fils qui le vengeront. Tragique méditation sur la rigueur de la condition humaine, incapable de modifier les arrêts du destin, ce texte admet de multiples lectures et doit être compté parmi les joyaux de la littérature médiévale européenne.

Saga d'Éric le Rouge (la)
(Eiriks saga rauđa)

Saga islandaise de la catégorie des Islendingasögur. Elle relate comment l'Islandais Eirikr (Éric) le Rouge, proscrit pour meurtre, découvrit et colonisa le Groenland à la fin du Xe s. Avec la Saga des Groenlandais qui la complète, elle établirait la découverte de l'Amérique du Nord par le fils d'Éric, Leifr, autour de l'an mil. Si le fait continue d'appeler des réserves, l'étonnant esprit d'entreprise des Islandais de ce temps y est néanmoins démontré.