Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Mitchell (Margaret)

Romancière américaine (Atlanta, Géorgie, 1900 – id. 1949).

Bercée dès l'enfance par les récits de la guerre de Sécession, elle sut dramatiser la mythologie du Sud dans son roman Autant en emporte le vent (1936), qui, popularisé en 1939 par le film de V. Fleming, connut un succès mondial. À travers les destins croisés de Scarlett O'Hara, frivole mais courageuse et bravant les conventions d'un monde voué à disparaître, et de Rhett Butler, aventurier fidèle à ces règles, héroïque malgré lui, se dessine un tableau idéalisé du vieux Sud – les « bons » Noirs, comme la fidèle nounou Mamma, font l'objet d'une vision paternaliste, tandis que les Blancs abolitionnistes figurent le Mal absolu. Mais c'est aussi la dénonciation d'une guerre sanglante aux séquelles persistantes, qui jette une ombre à ce tableau.

Mitra (Dinabandhu)

Auteur dramatique bengali (Caubediya, distr. de Nadia, 1830 – Calcutta 1873).

Il compte parmi les premiers dramaturges modernes et met en scène un message de protestation sociale, ainsi dans Nila Darpana (1860), qui évoque l'exploitation des paysans par les planteurs d'indigo. On lui doit aussi des comédies satiriques (Sadhavar Ekadasi, 1866).

Mitre (Bartolomé)

Homme politique et écrivain argentin (Buenos Aires 1821 – id. 1906).

Président de la République (1862-1868), il n'en est pas moins auteur de poésies (Rimes, 1854), de romans (Solitude, 1847 ; Histoire d'un bouton de rose, 1848), d'un drame (les Quatre Époques). Il fut aussi historien (Histoire de Belgrano et de l'indépendance argentine, 1858-1897 ; Histoire de San Martín et de l'émancipation américaine, 1887). On lui doit encore des essais linguistiques et des traductions. Il fonda, en 1869, le grand journal La Nación.

Mittelholzer (Edgar Austin)

Écrivain guyanais de langue anglaise (New Amsterdam 1905 – Dippenhall, Farnham 1965).

Avec une douzaine de pièces, autant de nouvelles, une autobiographie, deux recueils d'essais et vingt-cinq romans, cet ancien employé devenu romancier professionnel est sans conteste le plus prolifique des Antilles. Son meilleur récit, Un matin au bureau (1950), campe les tensions professionnelles, de caste et de classe, en milieu insulaire urbain. Fort ambitieuse, la trilogie de Kaywana (1952-1958), poursuivant la tentative de Corentyne Thunder (1941), retrace la « guyanisation » d'une famille hollandaise de 1611 à nos jours. Établi en Grande-Bretagne depuis 1948, Mittelholzer s'est suicidé par le feu, à la manière du héros de son dernier roman (The Jilkington Drama, 1965). Ce n'est qu'assez récemment que cet écrivain ambigu a enfin obtenu la reconnaissance qu'il n'avait pas eu de son vivant.

mixtèque (littérature)

Indiens habitant le sud-ouest du Mexique, les Mixtèques ont laissé les plus beaux témoignages de la production littéraire des anciens Mexicains. Partiellement déchiffrés, les codex Vindobonensis, Nuttall, Colombinus, etc., sont de teneur historique et consignent, entre autres, la généalogie de personnages importants de la société mixtèque. Le déchiffrage intégral de ce système d'écriture, ainsi que de celui des Aztèques, des Mayas et des Zapotèques, permettra d'avoir une vision plus complète du panorama littéraire méso-amérindien.

Miyamoto Yuriko (Chujo Yuri, dite)

Romancière japonaise (Tokyo 1899 – id. 1951).

Jeune fille de la bourgeoisie, elle publia son premier roman : Un groupe de pauvres gens (1916). Au cours de son séjour aux États-Unis (1918-1919), elle épousa un professeur japonais dont elle divorcera en 1924, expérience qu'elle relate dans Nobuko (1924-1926). Son séjour en U.R.S.S. (1927-1930) détermina son engagement communiste, et elle se remaria en 1932 avec le chef du parti communiste japonais, le critique Miyamoto Kenji. Arrêtée plusieurs fois entre 1932 et 1941, elle vécut l'incarcération de son mari pendant douze ans (1933-1945). La Plaine de Banshu et Herbes folles (1947) constituent des témoignages précieux sur les mois qui suivirent le bombardement de Hiroshima. Son dernier roman, Jalons (1948-1951), décrit son évolution intérieure au contact du socialisme soviétique.

Miyazawa Kenji

Écrivain japonais (Hanamaki 1896 – id. 1933).

Son itinéraire se situe en marge de tout mouvement et de toute école : adolescent, il compose des tanka, mais choisit de se spécialiser en chimie agricole. Profondément attaché à son pays natal, la région d'Iwate, très proche des paysans, il consacre des années de sa courte vie à l'amélioration de leur sort, dans leur travail quotidien comme dans leurs loisirs. Fervent adepte de la pensée de Nichiren (l'un des grands maîtres du bouddhisme japonais du Moyen Âge), qu'il tente avec passion de propager, il conçoit la littérature comme une mission (« À tous les êtres vivants, je voudrais apporter le vrai bonheur »). Ayant beaucoup écrit mais peu publié de son vivant – un recueil de poèmes, le Printemps et le démon Asura (1924) ; un livre de contes pour enfants, Un restaurant aux nombreuses commandes (1924) –, il fut reconnu après sa mort. Enracinée dans la vie réelle des paysans, véritablement populaire, animée d'un souffle religieux exempt de tout dogmatisme, son œuvre se caractérise par une vision cosmique de l'univers quasiment absente de la poésie japonaise traditionnelle. Dans ses récits pour enfants, l'humour alterne avec une atmosphère de rêve et de merveilleux qui fait penser à Andersen : la Nuit du train sur la Voie lactée (1935), Matasaburo-le-Vent (1935).

Miyoshi Tatsuji

Poète japonais (Osaka 1900 – Tokyo 1964).

Il commença sa création poétique lorsqu'il était en propédeutique à Kyoto, à la suite de sa lecture passionnée de Hagiwara, puis il fit des études de littérature française à l'Université de Tokyo où il côtoya Kobayashi. Il se fit connaître par son premier recueil, le Bateau-Sonde (1930), publié un an après sa traduction complète du Spleen de Paris. Ses poèmes écrits sous l'influence de la poésie symboliste française, tout en préservant une tradition poétique japonaise et en pratiquant divers styles, jouèrent un rôle important dans le développement de la poésie japonaise et firent de lui l'âme du lyrisme poétique de la revue Shiki, dirigée par Hori.