Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Ficin (Marsile) , en italien Marsilio Ficino

Humaniste italien (Figline Valdarno 1433 – Careggi, Florence, 1499).

Son nom est associé à la traduction, en latin, de Platon et de nombreux écrits néoplatoniciens. Ses traductions et ses traités philosophiques (De la religion chrétienne, 1474 ; Théologie platonicienne sur l'immortalité de l'âme, 1482 ; Sur la vie, 1489) contribuèrent à la diffusion du platonisme à travers toute l'Europe. En témoigne la littérature amoureuse qui s'inspira considérablement de sa traduction et de son commentaire du Banquet, qu'il fit également en italien (Sur l'amour). Enfin, sa restitution du paganisme favorisa le culte de l'Antiquité dans les beaux-arts.

Fiction Collective

Coopérative d'édition américaine fondée en 1974 à Brooklyn, noyau d'un groupe littéraire qui défend une esthétique « antiréaliste ». Outre des volumes collectifs (Principes I, 1974 ; II, 1976) et les œuvres des fondateurs du mouvement – Ronald Sukenick, Jonathan Baumbach, Peter Spielberg et B. H. Friedman –, Fiction collective a notamment publié Russell Banks.

Fielding (Henry)

Écrivain anglais (Sharpham Park, Somersetshire, 1707 – Lisbonne 1754).

Issu d'une famille liée aux Habsbourg, il fait ses études à Eton avec Fox et Pitt. Son père l'envoie à Leyde pour éviter une mésalliance mais, après s'être remarié, lui coupe les vivres. Il vit alors de comédies et de farces (l'Amour sous plusieurs masques, 1728 ; la Tragédie de Tom Pouce le Grand, 1730), attaque audacieusement la famille royale (l'Opéra gallois, 1731), met en scène des « marionnettes vivantes » (la Farce de l'auteur, 1734), avant de se marier et de dissiper la fortune de sa femme. Il fonde sa propre compagnie pour jouer les Annales historiques de 1736, persiflage si brillant contre Walpole que le roi rétablit la censure préventive et limite à deux le nombre des théâtres londoniens. Fielding renonce alors au théâtre. Avocat, puis journaliste (The Champion 1739-1741 ; The True Patriot, 1745-1746), il réaffirme son mépris pour la vilenie des classes dirigeantes. Il publie anonymement une parodie bouffonne de la Pamela de Richardson, qui triomphe depuis 1740 : Shamela (de sham, « faux », imposture) reprend la méthode épistolaire pour narrer l'histoire d'une jeune femme qui use de ses charmes sans scrupules ni pudeur. Fielding transpose ensuite au masculin le thème de la vertu pourchassée avec les Aventures de Joseph Andrews (1742). Le parcours du prétendu frère de l'illustre Pamela commence en parodie, puis tourne à la satire, avant de finir en hymne à la bonté. En 1743, sitôt Walpole tombé (qui avait payé pour en empêcher la parution), Fielding publie la Vie de Jonathan Wild. Reprenant l'histoire d'un bandit de grand chemin exécuté en 1725, qu'avait déjà héroïsé Defoe, il fait du banditisme le miroir de l'État, en peignant l'hypocrisie d'une canaille qui, fort de son succès, joue les bienfaiteurs publics. Nommé juge du comté de Middlesex, puis de Westminster, Fielding lutte alors contre la corruption de ses confrères, tente d'humaniser les rues de Londres et de réformer la pègre. Tom Jones, enfant trouvé (1749) est le chef-d'œuvre de « l'épopée comique en prose » : après bien des péripéties, Tom découvre ses vrais parents, triomphe de son rival et épouse enfin sa fiancée. Cette variation sur les thèmes de la bâtardise et de la noblesse du cœur se développe dans un climat de vitalité et d'allégresse virile peu courant en Angleterre. Dans l'Enquête sur la multiplication des voleurs et Amélie (1751), Fielding se montre de plus en plus préoccupé par le paupérisme. Avec, derrière l'humour, une lucidité combattante et le sens de la noblesse de toute vie, cet aristocrate honteux de sa classe aura paradoxalement créé le roman bourgeois. Sa sœur Sarah (1710-1768) a posé dans ses romans le problème de l'éducation (David Simple, 1744 ; la Gouvernante, 1749).

Fierabras

Chanson de geste du XIIe siècle (cycle de Charlemagne), en 6 000 alexandrins rimés, reprise et transformée en prose et/ou en plusieurs langues.

La chanson était récitée particulièrement à Saint-Denis lors de l'exposition des reliques de la basilique, à l'occasion de la foire du Lendit. Le thème en est le vol des reliques de la Passion de Saint-Pierre de Rome, par le géant sarrasin Fierabras, héros païen doté de qualités chevaleresques et vaincu par la grâce divine plutôt que par Olivier.

Fiévée (Joseph)

Écrivain français (Paris 1767 - id. 1839).

Imprimeur de la Chronique de Paris, favorable aux Feuillants au début de la Révolution, il composa une comédie critiquant la vie monastique (les Rigueurs du cloître, 1790). Arrêté un moment en 1793, il devint en 1795 directeur de la Gazette française et rédacteur du Mercure. Tenté par le royalisme, il fut recruté par Bonaparte, qui l'envoya en Angleterre et en fit un journaliste officiel. Ses romans sentimentaux (la Dot de Suzette, 1798 ; Frédéric, 1799), connurent un grand succès.

Fignolé (Jean-Claude)

Écrivain haïtien (Jérémie 1941).

Il enseigne la littérature à Port-au-Prince. Ayant participé très tôt à la lutte contre le régime de Duvalier, il est l'un des fondateurs du mouvement littéraire appelé spiralisme avec Frankétienne et René Philoctète. Essayiste critique, journaliste, il est avant tout un écrivain aux talents multiples : les Possédés de la pleine lune (1987) et Aube tranquille (1990), deux romans à l'onirisme farouche ; Hofuku (1993), thriller japonais ; la Dernière Goutte d'homme (1999), roman psychologique.

Figueiredo (Fidelino de Sousa)

Écrivain portugais (Lisbonne 1888 – id. 1967).

Directeur de la Revista de História (1912-1927), exilé pour des raisons politiques, il enseigna dans plusieurs universités européennes et au Brésil, où il anima la revue Letras (1938-1954) à São Paulo. Romancier et essayiste, il s'est surtout consacré à l'histoire des littératures, avant de tenter le bilan de son époque et de son expérience (Symboles et mythes, 1964 ; Passion et résurrection de l'homme, 1967).

Filimon (Nicolae)

Écrivain roumain (Bucarest 1819 – id. 1865).

Créateur du roman social (les Parvenus anciens et nouveaux, 1863) – dont le héros Dinu Paturica, prototype de l'arriviste, fait date dans la littérature roumaine –, il apporte un regard pittoresque sur la vie à Bucarest au temps des Phanariotes.