Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

Guerne (Armel)

Poète français (Morges, canton de Vaud, 1911 – Tourtrès 1980).

Traducteur fervent et célèbre de Melville, James, Woolf, Novalis, Kleist, Dürrenmatt, Kawabata, il est fasciné par les romantiques allemands. Sa poésie au verbe dépouillé, traversé d'accents prophétiques, est habitée par un mysticisme visionnaire, la conscience exacerbée du mal et l'attente de la fin du monde (Mythologie de l'homme, 1945 ; Testament de la perdition, 1961 ; Jours de l'Apocalypse, 1967).

Guernes de Pont-Sainte-Maxence
ou Garnier de Pont-Sainte-Maxence

Poète français (Pont-Sainte-Maxence, Beauvaisis, XIIe s.).

Il est l'auteur de la Vie de saint Thomas le martyr (1174), en alexandrins groupés en couplets monorimes de cinq vers, racontant le meurtre de Thomas Becket et l'expiation d'Henri II, roi d'Angleterre.

Guerra (Tonino)

Écrivain italien (Sant'Arcangelo di Romagna 1920).

Scénariste, romancier (l'Équilibre, 1967 ; les Cents Oiseaux, 1974), ses poésies dialectales très réalistes nous font découvrir la Romagne rurale et populaire (les Bœufs, 1972 ; le Nuage de poussière. Histoire pour une nuit tranquille, 1978 ; le Voyage, 1986).

Guerrazzi (Francesco Domenico)

Homme politique et écrivain italien (Livourne 1804 – Cecina, Livourne, 1873).

Protagoniste des mouvements révolutionnaires de 1848, il a dressé un portrait critique de son époque dans des nouvelles satiriques (le Petit Serpent, 1847), des romans historiques (la Bataille de Bénévent, 1828 ; l'Assaut de Florence, 1836) et un roman social (le Siècle qui meurt, 1885).

Guerrero Ruiz (Juan)

Écrivain espagnol (Murcie 1893 – Benidorm 1955).

Fondateur avec Jorge Guillén de la revue Verso y Prosa (1927-1928), admirateur de Juan Ramón Jiménez, lié à la plupart des poètes de la génération de 1927, il contribua à en diffuser les œuvres ; García Lorca le surnomma le « consul général de la poésie espagnole ». Ricardo Gullón a édité de précieux extraits de son journal sous le titre Juan Ramon de vive voix (1961).

Gueullette (Thomas-Simon)

Écrivain français (Paris 1683 – Charenton 1766).

À Choisy-le-Roi, il s'adonnait au théâtre (l'Amour précepteur, 1726) et composait des parades, reprises à son insu dans le Théâtre des Boulevards ou Recueil des parades (1756). Il est aussi l'auteur de contes exotiques « tartares » (les Mille et Un Quarts d'heure, 1715), « chinois » (les Aventures du mandarin Fum-Hoam, 1723) ou « péruviens » (les Mille et Une Heures, 1733), d'un roman (les Mémoires de Mlle Bontemps, 1738) et d'éditions de textes anciens (Rabelais, Montaigne).

Guevara (Antonio de)

Écrivain espagnol (Treceño ? v. 1480 – Mondoñedo 1545).

Ce moine franciscain, historiographe du règne de Charles Quint, est à l'origine du conceptisme. Une érudition médiévale se mêle à un humour d'humaniste de la Renaissance dans ses œuvres où abondent anecdotes et références antiques et qui connurent le succès dans toute l'Europe : l'Horloge des princes (1529), le Mépris de cour (1540). On lui doit aussi des Épîtres familières (1539-1541).

Guglielmi (Joseph)

Poète français (Marseille 1929).

À partir d'Aube (1968 puis 1984), il arpente des territoires neufs de la littérature selon un angle réaliste, objectiviste. Outre Rimbaud, ses sources d'inspiration sont le jazz (son rythme et sa syncope traversent ses vers) mais aussi Rilke ou Jabès. En 1976, le Dégagement multiple réunit des essais critiques : pour l'auteur, lié à la revue Action poétique, la théorie ne se sépare pas de la pratique, d'autant plus que la poésie est exercice corporel. En 1980, la Préparation des titres croise en un montage savant des fragments empruntés à diverses langues (voir par ailleurs des titres comme Joe's bunker, 1991, ou Grungy project, 1997). La poésie s'adonne alors à la rupture, ce qui n'empêche pas une réflexion sur le blanc, le silence. Il s'agit moins de dire adieu à la poésie que de la réinventer constamment.

Guibert (Hervé)

Écrivain français (Saint-Cloud 1955 – hôpital de Clamart 1991).

Son ami Michel Foucault disait de lui qu'il ne lui arrivait que des choses fausses, sans doute parce que son œuvre a exploré jusqu'à la limite le rapport de la fiction et de la réalité. Si le fantasme nourrit la vie (la Mort propagande, 1977 ; Vous m'avez fait former des fantômes, 1987, marqué par sa lecture de Bataille, de Sade, et de Guyotat ; Mon valet et moi, 1991), la vie l'amour, le corps, puis la lutte contre la mort et le sida est la matière aussi bien de son journal intime (le Mausolée des amants : journal, 1976-1991, posth., 2001) que des récits le plus souvent issus de celui-ci : À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie (1990), qui le révéla au grand public et fit scandale par ses révélations sur la mort de M. Foucault, le Protocole compassionnel (1991), l'Homme au chapeau rouge (posth. 1992), Cytomégalovirus (posth. 1992), récit d'une agonie au jour le jour. Œuvre « barbare et délicate », portée par l'obsession de « tout dire » (« le sida aura été pour moi un paradigme dans mon projet de dévoilement de soi et de l'énoncé de l'indicible »), sans complaisance pour lui-même ni pour ses proches parents ou amis (Mes parents, 1986 ; Fou de Vincent, 1989) , mais sans pathos ni sentimentalisme, noire et violente mais aussi empreinte de gaieté ou de poésie légère, dont la crudité minutieuse, la simplicité et la limpidité doivent beaucoup à la photographie que Guibert pratiqua et commenta (l'Image fantôme, 1981 ; le Seul Visage, 1984 ; la Photo, inéluctablement, recueil posthume de ses critiques parues dans le Monde, 2001). Il fut aussi vidéaste et coscénariste, avec Patrice Chéreau, de l'Homme blessé (1983).

Guibert de Nogent

Écrivain français de langue latine (Clermont, Beauvaisis, 1053 – Nogent-sous-Coucy v. 1124 ou 1130).

Consacré à Dieu par sa mère le jour de sa naissance, il reçut une éducation littéraire soignée. Abbé de Nogent-sous-Coucy en 1104, il est l'auteur d'un traité sur le culte des reliques (De pignoribus sanctorum, v. 1120). Ses Gesta Dei per Francos contiennent de précieux renseignements sur la première croisade. Son autobiographie (De vita sua), composée dans une perspective d'humilité augustinienne mais dans une langue recherchée, voire hermétique, est le premier exemple du genre en France.