Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Frangias (Andréas)

Écrivain grec (Athènes 1921).

Peintre de la Grèce ravagée par la guerre civile (Hommes et Maisons, 1955), il évoque dans la Grille (1962) la vie ouvrière dans les banlieues pauvres d'Athènes. L'Épidémie (1972) décrit l'enfer des camps de déportation pour condamnés politiques.

Frank (Leonhard)

Écrivain allemand (Würzburg 1882 – Munich 1961).

Après une jeunesse difficile, il exerça divers métiers puis se consacra à la littérature. Son premier succès, la Bande de brigands (1914), décrit des adolescents découvrant la solidarité ; on les retrouve aux prises avec les difficultés de l'après-guerre, dans deux autres romans : le Quatuor d'Ochsenfurt (1927) et Trois parmi trois millions (1932). Pacifiste militant, socialiste (L'homme est bon, 1918 ; À gauche, à la place du cœur, 1952), Frank vécut en exil de 1915 à 1918, puis de 1933 à 1950. Sa nouvelle la Cause (1915) reste une des œuvres majeures de l'expressionnisme.

Frankétienne (Franck Étienne, dit)

Écrivain haïtien (Ravine-Sèche 1936).

Poète, dramaturge, peintre, musicien, Frankétienne est avant tout un extraordinaire romancier ancré à sa terre natale, qu'il n'a jamais voulu fuir. Fondateur du Mouvement spiraliste avec Fignolé et Philoctète, il en a exploré toutes les possibilités artistiques, mêlant l'image au texte, jouant sur les échos du créole en français, inventant une langue-cri, une langue de lutte contre la terreur duvaliériste. Il est l'auteur de trente-cinq ouvrages parmi lesquels le premier roman en langue créole, Dézafi (1975). Il écrit aussi de la poésie : Au fil du temps (1964), Vigie de verre (1965), Chevaux de l'avant-jour (1966). Mûr à crever (1968) est son premier roman, Ultravocal (1972), sa première « spirale », suivie de Fleurs d'insomnie (1986). Le chef-d'œuvre spiraliste est l'Oiseau schizophone (1993), monument baroque de plus de huit cents pages qui se voit adjoindre les Métamorphoses de l'oiseau schizophone en huit volumes (1996-1998). Son théâtre, également très politique et s'adressant au peuple haïtien, est écrit en créole : Troufoban (1977), Pèlen-Tèt (1978), Bobomasouri (1984), Kaselezo (1985), Totolomannwèl (1986), Kalibofobo (1988). H'éros-Chimères, qui paraît en 2002, est encore une œuvre singulière, une autobiographie picturale.

Franklin (Benjamin)

Physicien, homme d'État et écrivain américain (Boston 1706 – Philadelphie 1790).

Il représente la pensée des Lumières, et ses travaux de journaliste (Almanach du bonhomme Richard, 1732-1757) et son Autobiographie (1791) sont des documents essentiels sur la naissance de la république américaine qui allient humour et réflexion politique dans un unitarisme qui a marqué l'idéologie nationale.

Franklin (Miles)

Romancière australienne (Talbingo, Nouvelle-Galles du Sud 1879 – 1954).

Aînée de sept enfants, australienne de cinquième génération par sa mère, elle passe sa jeunesse à Bangalore, près de Goulburn, et va ensuite s'installer dans la banlieue de Sydney. Elle passe quelque temps aux États-Unis. En contact avec Norman Lindsay A. G. Stephens ou Henry Lawson (qui préfacera Ma brillante carrière), elle est journaliste et signe des éditoriaux féministes. Elle publie, en 1901, Ma brillante carrière, qui reste un récit marquant de la vie des pionniers, et sera célèbre pour ses romans-feuilletons et pour avoir favorisé le développement et la reconnaissance des lettres dans son pays.

Franko (Ivan Iakovlevytch)

Écrivain ukrainien (Nahouïevytchi 1856 – Lviv 1916).

Fils d'un forgeron, il s'initie à Lvov au marxisme, publie brochures (Qu'est-ce que le socialisme ?, 1878) et revues, compose le manifeste des socialistes galiciens (1881), organise avec Pavlyk, Terletskyï et Drahomanov un « parti radical » au programme social avancé (1889) et connaît souvent la prison. Novateurs de forme, et socialement très engagés (Sommets et Bas-Fonds, Jeux de maîtres, 1887), ses vers évoluent d'un intimisme douloureux (Feuilles flétries, 1896 ; Jours de tristesse, 1900) à la satire religieuse (Ex nihilo, 1885), littéraire (la Mort de Caïn, 1889 ; Semper tuo, 1906) et politique, pour culminer avec Moïse (1905), allégorie d'un peuple ukrainien libéré. Résolument réalistes, ses récits ouvrent la littérature au monde ouvrier, dépeignant son exploitation (Boa constrictor, 1878) et ses luttes (Borislav rit, 1881), ou les transposant dans le passé des invasions mongoles (Zakhar Berkout, 1883). Le drame paysan, Bonheur volé (1893), témoigne de son intérêt pour le théâtre.

Frapié (Léon)

Écrivain français (Paris 1863 – id. 1949).

Instituteur, il consacra ses romans aux problèmes de l'enfance que le « Maître » doit aider à faire mûrir (la Maternelle, 1904 ; l'Écolière, 1905 ; les Contes de la maternelle, 1910-1919), et à la vie des petites gens (l'Institutrice de province, 1897 ; Marcelin Gayard, 1902 ; les Filles à marier, 1923).

Fraser (Kathleen)

Poétesse américaine (Tulsa, Oklahoma, 1937).

À partir de Changement d'adresse (1966), sa poésie se développe autour des thèmes de l'identité féminine et d'une vision de la vie comme processus précaire et indécidable. Le langage est exploratoire et l'écriture un moyen de se situer dans les détails du quotidien. Influencée par Kenneth Koch et Frank O'Hara, K. Fraser utilise l'humour pour rendre le tragique de l'existence dans une complexité phénoménologique croissante (Ce que je veux, 1974 ; Des chaussures neuves, 1978). Dans Quand les temps nouveaux s'achèvent (1993), la méditation en vers libre alterne avec des pictogrammes, des passages en prose, des extraits de lettres, soulignant l'inspiration italienne et le désir d'inclure l'histoire dans le poème par la figure symbolique de la ville de Rome.

Frashëri (Naim)

Écrivain albanais (Frashër 1846 – Kiziltoprak, près d'Istanbul, 1900).

Fonctionnaire du gouvernement ottoman, historien (Histoire de l'Albanie, 1895 ; Histoire de Skanderbeg, 1898), auteur d'ouvrages scolaires, traducteur (Iliade), idéologue (le Vrai Désir des Albanais, 1886), publiciste (il collabora régulièrement à la revue la Lumière, éditée par les intellectuels albanais d'Istanbul), il s'exprimait aussi bien en turc, en persan ou en grec qu'en albanais. Poète, il s'efforça de ranimer la conscience nationale de ses compatriotes en célébrant les beautés de la nature albanaise (Bucoliques et Georgiques, 1886) ou la bravoure de son peuple (le Paradis, 1894). C'est l'un des représentants majeurs de la période de la « Renaissance nationale ».