Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Tau (Max)

Écrivain allemand (Beuthen 1897 – Oslo 1976).

Étudiant en philologie à Hambourg, Berlin et Kiel, lecteur aux éditions Bruno Cassirer, il chercha à promouvoir des auteurs tels que K. Hamsun, H. Stehr, Sigrid Undset, K. Capek et Kazantzákis. Émigré en Norvège (1938), en Suède (1945), lecteur à Oslo (1945), il opta pour la nationalité norvégienne. Il milita dans ses romans (la Foi en l'homme, 1948 ; Car le ciel est au-dessus de nous, 1955), ses essais (Albert Schweitzer et la paix, 1955), et ses Mémoires (Malgré tout, 1973) pour la paix, la fraternité et la réconciliation entre les peuples, notamment entre l'Allemagne et la Norvège.

Taube (Otto von)

Écrivain allemand (Reval, auj. Tallin, 1879 – Tutzing 1973).

Poète influencé par l'esthétisme de D'Annunzio ou du jeune Hofmannsthal dont il était l'ami, il évolue vers un lyrisme empreint de spiritualité protestante. Son œuvre de romancier et de nouvelliste (les Löwenpranke, 1921 ; la Fête sacrificielle, 1926 ; Noblesse balte, 1932 ; la Poste des charcutiers, 1936 ; la Fin des Königsmarcks, 1937 ; la Noce, 1950 ; le Minotaure, 1959) évoque avec prédilection le passé des pays baltes, dont sa famille était originaire, tandis que ses récits autobiographiques et ses essais historiques le font apparaître comme un humaniste chrétien.

Taunay (Alfredo d'Escragnolle, vicomte de)

Écrivain brésilien (Rio de Janeiro 1843 – id. 1899).

Mémorialiste de la guerre du Paraguay (la Retraite de Laguna, 1871), il est surtout connu pour son roman Innocence (1872) à la tonalité romantique.

Tavcar (Ivan)

Homme politique et écrivain slovène (Poljane 1851 – Ljubljana 1923).

Avocat et maire de Ljubljana (1911-1921), il a lutté contre l'influence allemande. Fleurs de l'automne (1917) constitue un hymne à la vie paysanne et Chronique de Visoko (1919) met en scène plusieurs générations d'une même famille rurale.

Tawhidi (Abu Hamyan Ali al-)

Écrivain arabe (922 ou 932 – 1023).

Il partagea sa vie entre les fonctions de scribe, la fréquentation des grands et l'amitié des savants, mais son caractère indépendant et difficile fit souvent le malheur de sa vie. S'inscrivant dans la continuité d'al-Djahiz, il est l'un des grands prosateurs de son temps et a laissé de nombreuses œuvres, dont un traité sur l'amitié et un recueil de séances ou conversations sur des sujets variés de morale, de philosophie ou de littérature.

Tayama Katai (Tayama Rokuya, dit)

Écrivain japonais (Gumma, 1871 – Tokyo 1930).

Après avoir étudié les classiques chinois, puis l'anglais, il compose, à 14 ans, son premier recueil de poèmes. Devenu disciple d'Ozaki Koyo, il commence sa carrière littéraire au sein du groupe Ken.yu-sha, et se lie avec Kunikida Doppo. En découvrant les auteurs occidentaux comme Zola, Daudet, Ibsen, Tourgueniev et surtout Maupassant, il retient une certaine conception du naturalisme, qu'il qualifiera de « naturalisme subjectif ». Il en arrive ainsi à s'affranchir d'un certain sentimentalisme que marquaient ses premières œuvres, et il publie en 1907 son célèbre roman Futon, considéré comme l'œuvre marquant l'établissement du naturalisme au Japon. Il poursuit, dans une admirable trilogie : la Vie (1908) ; l'Épouse (1909) ; Liens (1910), la narration descriptive intime de lui-même et des siens. Ce besoin de vérité et de franchise en matière de littérature fait de lui le père du « roman à la première personne ».

Taylor (Isidore Justin Séverin, baron)

Écrivain d'art, illustrateur, administrateur et philanthrope français (Bruxelles 1789 – Paris 1879).

Commissaire royal près le Théâtre-Français, puis inspecteur des beaux-arts (1838), il sera un des fondateurs de la Société des gens de lettres. Inspecteur des musées, sénateur (1869), il a écrit des pièces de théâtre, des relations de ses voyages d'études ainsi que des Voyages pittoresques et romantiques de l'ancienne France (1820-1863), ensemble illustré de lithographies par ou d'après H. Vernet, Géricault, J.-B. Isabey, A. E. Fragonard, Viollet-le-Duc, Dauzats, L. Daguerre, P. Ciceri, etc.

Taymur (Muhammad)

Romancier égyptien (1892 – 1921).

Issu d'une grande famille aristocratique, fils du pacha Ahmad Taymûr, il fit des études de droit à Lyon et à Paris, et publia un premier recueil de nouvelles (Ce que voient les yeux, 1917), influencé par Maupassant et le réalisme français. Président de l'Association des partisans du théâtre et auteur de pièces célèbres en dialecte (l'Oiseau en cage, 1918 ; 'Abd al-Sattâr Efendi, 1918 ; le Précipice, 1921), il a beaucoup contribué à l'affirmation du théâtre arabe. Son frère Mahmûd (1894 – 1973) a poursuivi l'œuvre de son aîné et s'est hissé parmi les plus grands noms de la nouvelle égyptienne. Son œuvre compte plus de 25 volumes de contes et de nouvelles et quelques romans (le Cheikh Jum'a, 1925 ; le Cheikh al-'Abît, 1926 ; Rajab Efendi, 1928 ; Hâjj Chalabî, 1930 ; Abû 'Alî l'artiste, 1934 ; les Vestiges, 1934 ; le Cheikh 'Afâ Allah, 1936 ; Cœur de femme, 1937 ; le Premier Saut, 1937 ; le Petit Pharaon, 1939 ; l'Appel de l'inconnu, 1939 ; Écrit sur le front, 1941 ; Le conteur a dit, 1942 ; la Fille du Diable, 1944 ; Salwâ sous le vent, 1947 ; le Flûtiste du quartier, 1953). Son influence sur l'essor de la nouvelle dans le monde arabe a été déterminante. Son style mêle alertement dialecte et arabe littéraire pour donner une peinture sociale attachante de la vie des petites gens. Il écrivit aussi des pièces de théâtre jouées en dialecte et publiées en arabe littéraire (Abri nº 13, 1941, publiée en arabe littéraire en 1949 ; Suhâd, 1942 ; Tea Party, 1942 ; Abû Chûcha, 1942 en dialecte, 1943 en littéraire ; les Faussaires, 1953), ainsi que des essais.

Tâyya Gabra-Mâryâm

Écrivain éthiopien (vers 1860 – 1924).

Il appartint à la première génération des écrivains modernes du début du XXe, et ses livres ont été parmi les premiers imprimés en Éthiopie. Il travailla pendant une vingtaine d'années à la mission évangélique suédoise de Monkullo en Érythrée, où il publia en 1889 une grammaire traditionnelle (sawâsew). À la suite de la mission Rosen (1905), il fut choisi par Ménélik pour aller enseigner à l'université de Berlin comme assistant de E. Mittwoch ; il y resta deux ans et visita par la même occasion d'autres villes européennes. Après la maladie qui immobilisa Ménélik en 1909, il fut l'objet de violentes attaques et fut longtemps emprisonné. Rentré en grâce, il fit un peu figure d'historiographe officiel. Il écrivit des poésies religieuses en guèze et, surtout, une Histoire du peuple d'Éthiopie (1922), plusieurs fois réimprimée.