Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Chirvanzadé (Aleks Moisesian, dit)

Écrivain arménien (Chamaks 1858 – Kislovodsk 1935).

Romancier, il a décrit dans Chaos la naissance de l'industrie du pétrole à Bakou, tandis que son drame l'Honneur évoque la rigidité des traditions familiales arméniennes.

Chmeliov (Ivan Sergueïevitch)

Écrivain russe (Moscou 1873 – Paris 1950).

Les premières nouvelles de Chmeliov sont fidèles à la tradition réaliste d'un Leskov ou d'un Dostoïevski : elles mettent en scène des humbles, comme dans Garçon ! (1911). Depuis l'étranger où il émigre, il publie des récits hostiles à l'U.R.S.S. (l'Âge de pierre, 1924) et des romans pleins de nostalgie pour une Russie patriarcale idéalisée (Pèlerinage, 1935), dans lesquels les préoccupations religieuses occupent une place de plus en plus centrale (les Voies célestes, 1936 et 1948, inachevées).

Chocano (José Santos)

Écrivain péruvien (Lima 1875 – Santiago du Chili 1934).

Il eut une vie tumultueuse (il fut le secrétaire de Pancho Villa et le panégyriste du dictateur Estrada Cabrera). Son chef-d'œuvre, Alma América (1906), le classa parmi les plus grands modernistes. Sa poésie, tonitruante, torrentielle, souvent ronflante, mais d'une grande variété de formes et d'une inspiration tellurique originale, mêle les influences romantique et parnassienne (la Forêt vierge, 1896 ; le Chant du siècle, 1901). Il fonda de nombreuses revues.

Ch'oe Nam-Son, dit aussi Yuktang

Poète coréen (Séoul 1890 – id. 1957).

Initiateur de la « Nouvelle Poésie » (sin si), il fonda la première revue littéraire Sonyon (les Jeunes) qui parut de 1908 à 1911 et où il publia De la mer aux adolescents, première œuvre écrite en vers libres et en langue parlée qui eut une influence considérable sur l'évolution de la poésie coréenne.

Chokusen Waka-Shu

Anthologies poétiques japonaises compilées sur ordre impérial entre le Xe et le XVe s.

Parallèlement à la vogue de la poésie en chinois (kanshi), la poésie japonaise (waka) gagne ses lettres de noblesse avec la constitution vers 905 de la première anthologie compilée sur ordre impérial, le Kokin-shu. Cet ouvrage fondateur pour l'histoire de la poésie japonaise sera suivi jusqu'en 1439 de vingt autres recueils, parmi lesquels le Shinkokin-shu (1205).

Cholodenko (Marc)

Poète français (Paris 1950).

Coup d'essai, coup de maître : avec Parcs (1972), ce jeune homme fait une entrée fracassante en poésie à la tête d'un langage frappant et intensément personnel qui n'est pas sans évoquer une figure qu'il interrogera (la Tentation du trajet Rimbaud, 1980), à mesure même qu'une œuvre polyphonique dans son principe, et soucieuse d'un cosmopolitisme peut-être d'abord anglo-saxon, se met en place. Une diversité formelle, de l'ode au portrait, mais aussi du roman (les États du désert, 1976, prix Médicis) au scénario (il collabore régulièrement avec Philippe Garrel), se fait jour. Curieuse du monde, de la littérature (Hölderlin), des hommes, de leur mémoire et de leur langue, libre aussi de les réinventer par les accents et la typographie, l'œuvre en cours révèle une personnalité riche, ouverte, capable de donner à l'insolite toute son épaisseur, et ne laissant pas même entre poésie et vie l'épaisseur d'une virgule (la Poésie la vie, 1994).

Cholokhov (Mikhaïl Aleksandrovitch)

Écrivain soviétique (Kroujiline, Ukraine, 1905 – Vechenskaïa 1984).

Né dans un village cosaque du Don, où il vécut la guerre civile, il décrit les mœurs cosaques dans ses premiers récits, qui retracent dans toute leur cruauté des épisodes de la guerre civile (Steppe azurée, Récits du Don, 1926). En 1925, il entreprend le Don paisible (1928-1940), vaste fresque d'inspiration tolstoïenne, servie par un dialecte savoureux, dans laquelle il fait revivre les affrontements qui, de 1912 à 1922, ont ébranlé la communauté cosaque. Le livre fut d'abord refusé par la censure car le héros, indécis, finit par choisir le camp des blancs. Par-delà les perturbations de l'Histoire, le fleuve qui donne son titre au roman symbolise la continuité de l'existence, telle qu'elle se manifeste dans la nature. C'est la vie dans son jaillissement, et donc aussi la reproduction, l'amour, qui intéresse Cholokhov : la relation qui unit Grigori à sa femme Aksania est traitée avec force et vérité. Après Terres défrichées (1930), l'écrivain est touché par la vague de terreur de 1936-1938 (Staline choisit de l'épargner au dernier moment). La guerre, qu'il vit comme correspondant au front, lui inspire les premiers chapitres de Ils ont combattu pour la patrie (1943-1969) et la nouvelle Destinée humaine (1957). Prix Nobel en 1965, Cholokhov occupa en U.R.S.S. le sommet de la hiérarchie littéraire officielle.

Chong Ch'ol

Poète coréen (1536 – île de Kanghwa 1593).

Il excella dans les deux principaux genres poétiques, le sijo et le kasa. Ses thèmes favoris sont la beauté de la nature, le vin et la critique acerbe des querelles de palais.

Chopin (Kate)

Romancière américaine (Saint Louis 1851 – id. 1904).

La misère du mariage conventionnel lui fournit les thèmes de Pris en faute (1890) et de l'Éveil (1899), tandis que le monde des créoles et des cajuns lui inspire des récits (Gens du bayou, 1894 ; Une nuit en Acadie, 1897) au réalisme dépouillé.

Chortatzis (Georges)

Poète crétois (Crète v. 1545 – id. v. 1610).

On attribue à ce dramaturge une comédie, Catsourbos, et une tragédie en cinq actes et quatre intermèdes, Erophile, publiée en 1637, après la mort de son auteur. Inspirée d'un modèle italien (l'Orbecche de G. Giraldi), cette tragédie ruisselante de sang est l'un des chefs-d'œuvre de la Renaissance crétoise.

Chouchanian (Onnig, dit Vazkên)

Écrivain arménien (Rodosto 1903 – Paris 1941).

Déporté en Syrie, installé en France en 1922, il est l'auteur d'une œuvre abondante qui porte l'impact de son expérience du génocide (les Nuits d'été, Une obscure adolescence, Paysage intérieur).

Choukchine (Vassili Makarovitch)

Acteur, cinéaste et écrivain soviétique (Srostki 1929 – Kletskaïa 1974).

Fils de paysans de l'Altaï, Choukchine travailla dans l'atelier du cinéaste A. Romm. Son roman, les Lioubavine (1965), vaste fresque sibérienne consacrée au destin d'une famille de koulaks, remporte un grand succès. Ses récits, réunis en recueils (les Villageois, 1963 ; Caractères, 1973 ; Conversations sous la lune claire, 1974), mettent en scène des « originaux », la plupart issus du milieu rural, dont le refus de la médiocrité, de l'uniformité, s'exprime par des actes comiques, incongrus, ou se manifeste par une « idée fixe ». Ses héros, à la recherche de leur propre voie, se débattent dans les contradictions, se heurtent à des problèmes insolubles tout en gardant leur esprit d'enfance. Il écrit aussi des récits autobiographiques. L'adaptation (1974) par Choukchine lui-même de sa nouvelle l'Aubier rouge (1973) lui acquiert définitivement la faveur du public.