Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Montreux (Nicolas de)

Écrivain français (dans le Maine 1561 – Paris 1610).

On lui doit trois pastorales (Athlette, 1585 ; Diane, 1592 ; Arimène, 1597), trois tragédies (Isabelle, 1592 ; Cléopâtre, 1594 ; Sophonisbe, 1601) et une comédie (Joseph le Chaste, 1601). Auteur du 16e livre de l'Amadis de Gaule, il écrit plusieurs romans pastoraux avec, entre autres, les Bergeries de Juliette (1585-1598) et l'Œuvre de la chasteté (1595-1599). Poète, il combine les veines profane (Regrets d'Ollenix de Mont-Sacré, 1591) et religieuse (Premières Œuvres poétiques, chrétiennes et spirituelles, 1587).

Monvel (Jacques-Marie Boutet, dit)

Acteur et auteur dramatique français (Lunéville 1745 – Paris 1812).

Longtemps acteur au Théâtre-Français, il fonda en 1791 avec Talma le Théâtre de la République, avant de devenir professeur au Conservatoire. Admiré de Stendhal, il sut exploiter ses connaissances de la scène dans son écriture dramatique : il donna ainsi un des drames les plus célèbres et les plus joués de la période révolutionnaire, les Victimes cloîtrées (1791), où sont dénoncées les noirceurs de la vie conventuelle et par là les horreurs du fanatisme et de la superstition.

Moorcock (Michael)

Écrivain britannique (Mitcham, Surrey, 1939).

Écrivain, musicien, rédacteur en chef, scénariste de films et de bandes dessinées, Michael Moorcock est un personnage aux facettes multiples dont l'œuvre témoigne pourtant d'une profonde cohérence. Il est le père, dans la veine de Conan de Howard, du personnage d'Elric le Nécromancien, héros peu conformiste se voulant non le champion de l'Ordre, mais le pion du combat éternel entre Ordre et Chaos. Elric préfigure les autres personnages de l'écrivain autour desquels se tisse un système complexe de cycles liés entre eux par une savante machinerie de passages secrets : Hawkmoon, Corum, Erekosë, Bastable, Glogauer. Moorcock prend la direction d'un magazine de science-fiction jusque-là assez conventionnel, New Worlds, pour en faire le symbole du refus du « philistinisme » et le support d'une vague nouvelle d'auteurs et de récits se situant « au carrefour fertile de la S.-F. populaire, de la science et des œuvres de la littérature et de la peinture d'avant-garde ». C'est dans ce contexte que survient Jerry Cornelius, tentative de création d'un « mythe spontané » (le Programme final, 1968 ; l'Assassin anglais, 1972 ; En avant la muzak, 1977). Le thème de l'immobilisme, qui permet d'échapper au principe entropique et à ses conséquences, domine le cycle Cornelius (The Entropy Tango, 1982), mais on le retrouve aussi dans les Danseurs de la fin des temps (Une chaleur venue d'ailleurs, 1972 ; les Terres creuses, 1974 ; la Fin de tous les chants, 1976 ; Légendes de la fin des temps, 1976) : des êtres blasés y évoluent dans une sorte d'apesanteur romantique où la dialectique même de l'existence compte si peu que la vie y ressemble à la mort. Dédaignant ensuite la science-fiction, Moorcock amorce avec Byzance 1917 (1980) un cycle historique qui évoque, dans un autre contexte, tous les thèmes chers à l'auteur – montée et déclin des villes, anarchisme, pouvoir de l'homme sur sa destinée (The Opium General, 1984).

Moore (Catherine Lucille)

Romancière américaine (Indianapolis 1911 – Hollywood 1987).

Si son nom est quasi indissociable de celui de son mari, Henry Kuttner, qu'elle épousa en 1940 et avec lequel elle signa de nombreux récits, elle eut néanmoins une production personnelle. Sa première nouvelle, Shambleau, parut dans Weird Tales en 1933 : conjuguant terreur et science-fiction, elle se présente comme une lecture moderne du mythe de Méduse. En 1934, elle entama la rédaction d'un cycle d'inspiration plus ouvertement fantastique avec une femme pour personnage central  : Jirel de Joiry. En 1943 parut la Nuit du jugement, puis elle n'écrivit plus sous son seul nom que quelques nouvelles – dont la très remarquable Saison de grand cru (1946) – et un ultime roman, la Dernière Aube (1957), dénonciation pessimiste des sociétés totalitaires.

Moore (George)

Romancier irlandais (Ballyglass, comté de Mayo, 1852 – Londres 1933).

Venu à Paris dès l'âge de 20 ans pour apprendre la peinture, il se lia particulièrement avec Manet et subit l'influence de Baudelaire dans ses premiers poèmes. Son premier roman, Un amant moderne (1883), est interdit dans les bibliothèques de prêt. D'abord proche du naturalisme, il se range du côté des décadents et de Huysmans, trouvant sa voie avec Esther Waters (1894). De retour en Irlande, il se rallie pour quelque temps au mouvement de renaissance celtique de Yeats et de Synge. Converti au protestantisme, il donne dans la trilogie de Salut et adieu (1911-1914) une image ironique de ses enthousiasmes toujours suivis de désillusions. On lui doit aussi des romans « historiques » comme Héloïse et Abélard (1921) ou une vie de Jésus, la Rivière Kerith (1916).

Moore (Marianne Craig)

Poétesse américaine (Saint Louis, Missouri, 1887 – New York 1972).

Liée à William Carlos Williams et membre de la revue The Dial, elle pratiqua une poésie soucieuse de rythme et de continuité, peuplée d'animaux curieux ou fabuleux, objets d'une contemplation insistante qui fait atteindre à l'intensité poétique et modèles, par leur « silence », de la réserve trop souvent ignorée de l'homme dans sa quête de la sagesse (Poèmes, 1921 ; Observations, 1924 ; le Pangolin, 1936 ; Que sont les années, 1941 ; Ô être un dragon, 1959 ; Dis-moi, dis-moi, 1966). Elle a traduit (1954) les Fables de La Fontaine et publié des essais critiques (Prédilections, 1955 ; Idiosyncrasie et technique : deux conférences, 1958).

Moore (Thomas)

Poète irlandais (Dublin 1779 – Sloperton, Wiltshire, 1852).

Ses poèmes, d'abord imités d'Anacréon puis marqués par l'exotisme d'un voyage américain (Épîtres, odes et autres poèmes, 1806), s'enracinèrent bientôt dans le passé de son pays : les Mélodies irlandaises (1808-1834) firent de lui le poète national de l'Irlande. Causeur recherché par les salons mais satiriste redouté, ce seront pourtant des contes orientaux qui lui apporteront la gloire (Lallah Rookh, 1817). Il voyagea ensuite en France, y publia des poèmes où percent des audaces politiques (la Famille Fudge à Paris, 1818) et religieuses (les Amours des anges, 1822). Byron, qu'il avait rencontré en Italie, lui confia ses Mémoires, qu'il décida, avec l'éditeur John Murray, de brûler : il édita cependant des Lettres et journaux de Lord Byron (1830).