Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Beaumont (Francis)

Auteur dramatique anglais (Grace-Dieu, Leicestershire, 1584 – Londres 1616).

Avec son ami John Fletcher, Beaumont est l'auteur de cinquante-quatre pièces, conçues pour un public aristocratique : le Chevalier au pilon ardent (1607), Philastre (1608), la Tragédie de la jeune fille (1610), Roi sans être roi (1611), la Belle Dédaigneuse (1616). Situations improbables, choix impossibles, féerie et violence baroque sont les ingrédients de ces comédies antipopulaires, parodies héroï-comiques, tragédies, sans oublier une hardiesse sexuelle centrée sur l'inceste frère-sœur.

Beaunoir (Alexandre Robineau, dit de)

Auteur dramatique français (Paris 1746 – id. 1823).

Il connut un immense succès avec quelque deux cents comédies, spirituelles ou licencieuses, qui firent la fortune des Boulevards : l'Amour quêteur (1777), Jeannot ou Les battus ne paient pas l'amende (1780), Jérôme Pointu (1782), dont le triomphe indigna Diderot. Il écrivit aussi des drames. Sous la Révolution, il émigra et devint directeur des théâtres de Paul Ier à Saint-Pétersbourg. Il collabora également à la Correspondance littéraire secrète de Métra.

Beauvau (Louis de)

Poète français (1410 – Rome 1462).

D'une famille attachée à la cour d'Anjou, il reçut la charge de capitaine d'Angers, avant d'exercer auprès du roi René la fonction de sénéchal (1445 et 1448) et de séjourner à Naples et en Lombardie. Il est connu pour son poème le Pas de la bergiere, joué chez le roi René à Tarascon (1449). On lui doit aussi, plutôt qu'à son père Pierre, la première traduction du Filostrato de Boccace, sous le titre Roman de Troyle et Criseida (vers 1453-1455).

Beauvoir (Édouard-Roger de Bully, dit Roger de)

Écrivain français (Paris 1809 - id. 1866).

Dandy fortuné, il fit de la littérature un délassement. On lui doit un roman historico-gothique (l'Écolier de Cluny, 1832), dont Dumas aurait tiré sa Tour de Nesles, divers recueils poétiques, diverses tentatives infructueuses au théâtre. Sa vie changea à la suite d'un mariage malheureux avec l'actrice Léocadie Doze : procès et ruine le conduisirent à quêter l'article dans les journaux, auxquels il donnait des échos badins sur ses contemporains et leurs habitudes.

Beauvoir (Simone de)

Femme de lettres française (Paris 1908 – id. 1986).

Née dans une famille bourgeoise, agrégée de philosophie en 1929, elle enseigne d'abord, puis, à partir de 1943, se consacre à la littérature. Ses premiers essais, Pyrrhus et Cinéas (1944) et Pour une morale de l'ambiguïté (1947), sont marqués par la pensée sartrienne et constituent une philosophie pratique existentielle, réaffirmant avec force la liberté de l'individu et son nécessaire engagement (le Sang des autres, 1945 ; Tous les hommes sont mortels, 1946). Mais en même temps qu'elle veut faire apparaître un nouveau visage de l'homme, Simone de Beauvoir, dès sa pièce les Bouches inutiles (1945), veut donner à la femme un nouveau statut et une nouvelle image, en particulier à travers le Deuxième Sexe (1949), qui relate les années d'enfance et d'éducation, puis le détachement progressif du « monde bourgeois », et qui devient la bible du féminisme : « On ne naît pas femme ; on le devient. » La célébrité vient davantage encore avec les Mandarins (1954) : aboutissement prétendu du « roman existentialiste », il s'agit surtout d'un document de première main sur les mœurs intellectuelles du temps, marquées par les débats infinis au sujet du parti communiste ; Simone de Beauvoir épouse à peu près les sinuosités de la pensée sartrienne vis-à-vis des communistes français, et son recueil d'essais, Privilèges, résonne comme une défense et une illustration de la pensée politique et philosophique de Sartre. Après l'Amérique au jour le jour (1947), elle écrit, dans la même lignée « engagée », une hagiographie maoïste, la Longue Marche (1957), mais retrouve une vision plus distanciée avec son travail de mémorialiste : les Mémoires d'une jeune fille rangée (1958), la Force de l'âge (1960), la Force des choses (1963) l'imposent comme un témoin privilégié de son temps, qui s'analyse avec une lucide et courageuse précision. Ses dernières œuvres sont principalement autobiographiques : Une mort très douce (1965) raconte la mort d'une mère, tandis que les Belles Images (1966) et la Femme rompue (1967) relancent le combat pour les femmes, qu'elle poursuit dans les Temps modernes (Les femmes s'entêtent, 1964). Le temps des bilans est venu avec la Vieillesse (1970), qui est à la cause du « troisième âge » ce que le Deuxième Sexe était à celle de la femme, et avec Tout compte fait (1972), qui relate, entre autres, les longs séjours romains de Sartre avec l'auteur. La mort de Sartre lui inspire le plus émouvant de ses livres, la Cérémonie des adieux (1981). Son Journal de guerre et ses Lettres à Sartre paraissent en 1990.

Beauzée (Nicolas)

Grammairien français (Verdun 1717 – Paris 1789).

Auteur d'une Grammaire générale (1767), il poursuivit avec rigueur l'œuvre de Dumarsais dans l'Encyclopédie. Il partage avec les grammairiens de Port-Royal la conviction que la langue a pour fonction la représentation de la pensée et il s'efforce de poser les fondements d'une description grammaticale « générale et raisonnée ». Certaines de ses théories, notamment celles du mot et du temps verbal, continuent, par leur caractère précurseur, à rencontrer de forts échos chez les linguistes contemporains.

Bebey (Francis)

Écrivain et musicien camerounais (Douala 1929 – Paris 2001).

Surtout connu pour son répertoire de chansons populaires, il est l'auteur de nouvelles et de romans pleins d'humour (le Fils d'Agatha Moudio, 1968 ; la Poupée ashanti, 1973 ; le Roi Albert d'Effidi, 1976 ; le Ministre et le griot, 1992 ; l'Enfant-Pluie 1994).

Beccaria (Cesare Bonesana, marquis de)

Écrivain, juriste et économiste italien (Milan 1738 – id. 1794).

Introduit à Milan dans le cercle illuministe de P. Verri, il collabore à la revue Il Caffè et publie, en 1762, le Désordre des monnaies dans l'État de Milan et les moyens d'y remédier. Deux ans plus tard paraît à Livourne son Traité des délits et des peines, salué par Voltaire comme « le vrai code de l'humanité ». Traduit en français dès 1766, Beccaria devient célèbre dans toute l'Europe. Mais il préfère, au triomphe qu'on lui fait à Paris et aux offres de Catherine II, l'enseignement de l'économie politique à Milan (son cours sera publié en 1804 sous le titre de Éléments d'économie publique). Composées de 1767 à 1769 et éditées en 1770, ses Recherches sur la nature du style élaborent une esthétique influencée par le sensualisme de Condillac.