Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hajj (Unsi al-)

Poète libanais (Beyrouth 1937).

Directeur littéraire du quotidien al-Nahâr, traducteur (Prévert, Breton, Michaux, Artaud, Ionesco, Shakespeare), il collabora activement aux revues libanaises Chi'r et Adab. Son œuvre lyrique (Lan, 1960 ; la Tête coupée, 1963 ; le Passé des jours à venir, 1965 ; Qu'as-tu fait de l'or, qu'as-tu fait de la rose ?, 1970 ; l'Envoyée aux cheveux longs jusqu'aux sources, 1975 ; Kalimât, kalimât, kalimât, 1988) use de procédés surréalistes pour servir une écriture éclatée. Érigeant le poème en prose en forme supérieure du refus et appelant à une réinvention du langage, son œuvre a évolué vers une écriture plus rythmée et moins radicale.

Hajtov (Nikolaj)

Écrivain bulgare (Javorovo 1919 – ? 2002).

Son travail d'ingénieur des Eaux et Forêts et d'ethnographe amateur lui permet de connaître à fond l'âme des Rhodopes : la montagne, ses légendes, ses habitants inspirent ses récits (Feuilles de charme, 1959). Il échappe à la tentation d'idéaliser le monde qu'il décrit, ne cache pas les lois rudes, parfois cruelles, qui le régissent (Contes sauvages, 1967 ; l'Abreuvoir volant, 1979). Sans être conservateur, Hajtov ne dissimule pas sa nostalgie pour les Bulgares d'autrefois, hauts en couleur, entiers, capables de gestes héroïques, qu'il oppose à ses contemporains, étrangers au goût du merveilleux et au sens de la grandeur. Dans ses articles de presse, l'écrivain lutte pour la sauvegarde de la langue bulgare et redonne vie à des mots injustement oubliés.

Hakim (Tawfiq al-)

Écrivain égyptien (Alexandrie 1898 ou 1902 – Le Caire 1987).

Surnommé le « géant du théâtre arabe » ('imlâq al-masrah al-'arabî), il fut de toutes les avant-gardes théâtrales arabes. Licencié en droit (1922), il séjourna en France (1925-1928). Il abandonna très tôt une carrière juridique pour l'écriture. Auteur dramatique symboliste doté d'un grand humour, il visite dans son « Théâtre de l'esprit » (1933-1949) Ovide, Sophocle, le Coran et les Mille et Une Nuits à la lumière de Maeterlinck, de Shaw, de Giraudoux, de Pirandello et le Nietzche de la Naissance de la tragédie (les Gens de la caverne, 1933 ; Schéhérazade, 1934 ; Praxis ou le Problème du pouvoir, 1939 ; Pygmalion, 1942 ; Salomon le Sage, 1943 ; Œdipe roi, 1949). Ô toi qui montes à l'arbre (1962) est saluée comme la première pièce arabe qui relève du théâtre de l'absurde. Il prôna dans les années 1950 l'invention grâce au théâtre d'une langue « tierce », ni classique ni dialectale. Ses romans (l'Âme retrouvée, 1933 ; Journal d'un substitut de campagne, 1937 ; l'Oiseau d'Orient, 1938) et ses essais, humoristiques et pleins de vie, empruntent au dialecte local et peignent avec saveur la vie quotidienne de son pays.

Halas (František)

Poète tchèque (Brno 1901 – Prague 1949).

Il se révèle comme un poète d'inspiration tragique (Le coq effarouche la mort, 1930 ; la Face, 1931-1941 ; le Crève-cœur, 1933 ; Grand ouvert, 1936) et s'affirme patriote à la veille de la guerre et pendant l'Occupation (Fragment d'espérance, 1938 ; Notre dame Božena Němcová, 1940 ; Accordage, 1942). Engagé dans le communisme, il ne parvient pas à taire ses inquiétudes (Et le poète ?, 1948) et sera, peu après sa mort, désigné comme le corrupteur de la poésie socialiste tchèque.

Haldas (Georges)

Écrivain suisse de langue française (Genève 1918).

Fils d'un père grec et d'une mère suisse, il hante depuis toujours sa ville natale dont il a raconté le charme et la magie qui se perdent petit à petit (Boulevard des philosophes, 1966 ; la Légende des cafés, 1976 ; la Légende de Genève, 1996). Mais ce flâneur impénitent reste ouvert à toutes les manifestations de la vie, qu'il tente de cerner dans ses nombreux volumes de chroniques ; celles-ci peuvent devenir des légendes modernes (la Légende du football, 1981). Haldas a également publié des essais (littérature, peinture), entrepris des traductions d'Anacréon, de Catulle, d'Umberto Saba, et on lui doit une bonne douzaine de recueils de poésie (Cantique de l'aube, 1942 ; un Grain de blé dans l'eau profonde, 1982).

Haldeman (Joe)

Écrivain américain (New York 1943).

Son œuvre est profondément marquée par ses études (physique, astronomie, informatique) et le traumatisme de la guerre du Viêt Nam, dont il revient blessé. Ses premiers écrits conjuguent d'emblée la rigueur de l'extrapolation scientifique et une problématique lancinante de la guerre (la Guerre éternelle, 1974 ; Pontesprit, 1976 ; En mémoire de mes péchés, 1977).

Hálek (Vítězslav)

Poète tchèque (Dolínek 1835 – Prague 1874).

Animateur plus que créateur, incarnant la « génération de mai » (Chants du soir, 1858-1859 ; Dans la nature, 1872-1874), il passa avec virtuosité de l'épopée romantique (Goar, 1864 ; la Jeune Fille des Tatras, 1871) à l'évocation réaliste des conflits familiaux (Notre grand-père, 1863 ; Kvoch l'étudiant, 1874).

Halévy (Élie Halfon)

Écrivain français d'expression française et hébraïque (Fürth 1760 – Paris 1826).

Il fait ses études à Paris et devient le chantre de la grande synagogue. Auteur de poèmes de circonstance, il acquiert la célébrité grâce à une ode qu'il compose à la gloire de Napoléon (Ha-Shalom, 1802). Directeur de l'Israélite français (1817-1819), il rédigea un catéchisme bilingue (Instruction religieuse et morale à l'usage de la jeunesse israélite, 1820) et un dictionnaire hébreu-français.

Halévy (Ludovic)

Écrivain français (Paris 1834 – id. 1908).

Issu d'une longue lignée d'écrivains et lancé de bonne heure dans le monde littéraire, il représente toute une époque et sut plaire à la société du second Empire comme à celle de la IIIe République. Après s'être consacré à l'opéra-bouffe, en écrivant avec Meilhac les livrets des principales œuvres d'Offenbach (la Belle Hélène, 1864 ; la Vie parisienne, 1866 ; la Périchole, 1868) ou des vaudevilles comme Tricoche et Cacolet (1872), il se consacre au roman de mœurs sans prétention (les Petites Cardinal, 1880 ; Un mariage d'amour, 1881 ; l'Abbé Constantin, 1882). Il est l'un des représentants de l'esprit parisien dans ce qu'il a de pétillant, mais aussi d'amer dans l'ironie même.