Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Arminius, en all. Hermann

Chef de la tribu des Chérusques (vers 18 av. J.-C. – 19 apr. J.-C.).

Arminius écrasa les légions de Varus, en l'an 9 apr. J.-C., puis fut défait par Germanicus (15-16 apr. J.-C.). La figure du « libérateur de l'Allemagne » apparut d'abord chez les historiens romains et fut au centre de nombreuses œuvres : Arminius de U. von Hutten (1523), le Magnanime Chevalier Arminius de C.D. von Lohenstein (1689), la trilogie de Klopstock (1784-1787), la Bataille d'Arminius de H. von Kleist (1808).

Arnaud (Georges J.)

Écrivain français (Saint-Gilles du Gard 1928).

Après Ne tirez pas sur l'inspecteur, prix du Quai des Orfèvres 1952, il va écrire près de quatre cents romans sous une quinzaine de pseudonymes (Georges Murey, Ugo Solenza, Georges Ramos, Gino Arnoldi...) dans divers genres : science-fiction (la série « la Compagnie des glaces »), fantastique, érotisme, espionnage (la série « le Commander ») et roman noir, où il dénonce pouvoirs politiques ou financiers.

Arnauld (Antoine) , dit le Grand Arnauld

Théologien et écrivain français (Paris 1612 – Bruxelles 1694).

Converti dès 1635 par Saint-Cyran à l'interprétation de la nature humaine et de la grâce qui sera celle de l'Augustinus, prêtre et docteur en théologie (1641), il attaque les jésuites et vulgarise les doctrines de Jansénius dans son traité De la fréquente communion (1643). Censuré, exclu de la Sorbonne après sa Lettre d'un docteur de Sorbonne à une personne de condition, suivie de la Seconde Lettre à un duc et pair (1655), sur le sens des « Cinq propositions » condamnées par Innocent X, il reçoit l'aide des Provinciales de Pascal, mais se retire à Port-Royal, où il poursuit une double œuvre d'apologiste contre les protestants (le Renversement de la morale de Jésus-Christ par les calvinistes, 1672) et de professeur aux « Petites Écoles ». Il publie en 1660, avec Lancelot, une Grammaire générale et raisonnée, qui contient « les fondements de l'art de parler » et traite, en deux parties, de la « matière » de la parole (sons, orthographe) et de l'usage que les hommes font des mots pour « exprimer leur jugement sur les choses qu'ils conçoivent », c'est-à-dire des éléments du discours. Étape capitale dans l'histoire de la grammaire, le traité inspirera les pédagogues (définitions des parties du discours, méthode d'exposition) et les réflexions sur la langue des philosophes du XVIIIe siècle, préfigurant, selon Chomsky, la distinction entre « structure de surface » et « structure profonde ». Concernant la théorie de la signification, la grammaire est complétée par la Logique ou l'Art de penser, ouvrage dans lequel Arnauld et Nicole traitent successivement des idées, du jugement, du raisonnement et de la méthode. Reprenant la logique d'Aristote, mais intégrant la pensée de Bacon, de Descartes et de Pascal, ils combattent tous deux le sensualisme et insistent sur la proximité du langage et de la pensée. En 1679, Arnauld s'exile en Flandre et aux Pays-Bas. Esprit universel qui étonnait Leibniz, prenant toujours l'expérience concrète pour base de sa réflexion théologique, cartésien dans ses principes, c'est par lui que le jansénisme a marqué la pensée et la littérature de son siècle.

Arnauld (Robert) d'Andilly

Écrivain français (1585 – 1674).

Il se lia avec l'abbé de Saint-Cyran et se retira à la mort de sa femme (1644) parmi les « solitaires », apportant au monastère janséniste l'appui de ses relations politiques et mondaines. Traducteur des Confessions de saint Augustin, des Méditations de Thérèse d'Avila, de l'Histoire des Juifs de Flavius Josèphe, il a laissé des Lettres (1645), des Mémoires (publiés en 1734) et un Journal sur les années 1614-1619, publié en 1857.

Arnault (Antoine Vincent)

Écrivain français (Paris 1766 – Goderville 1834).

Son hostilité aux Bourbons et sa fidélité à l'Empereur lui valurent humiliation (prison, exils), puis triomphe sous l'Empire et la Restauration. Son œuvre dramatique est assez conventionnelle (Marius à Minturnes, 1791), mais ses Fables satiriques (1812) et ses Mémoires (Souvenirs d'un sexagénaire, 1833 ; Nouvelle Biographie de contemporains, 1820-1825), restent de lecture piquante.

Arnim (Ludwig Joachim, dit Achim von)

Écrivain allemand (Berlin 1781 – Wiepersdorf 1831).

Issu d'une vieille famille de l'aristocratie prussienne, il abandonne des études scientifiques pour se consacrer à la littérature à partir de 1802, date de sa rencontre avec Clemens Brentano à Göttingen. Après un voyage à travers l'Europe, il publie à Heidelberg en collaboration avec Brentano, dont il épousera la sœur Bettina en 1811, le Cor merveilleux de l'enfant (1806-1808), recueil de chants populaires allemands collectés avec l'aide des frères Grimm et de Bettina Brentano. Ce florilège a été conçu pour sauver de l'oubli et de la dispersion les trésors de la poésie populaire. Mais il s'agit aussi de retrouver « un ton plus dru », susceptible de galvaniser un peuple désemparé. Véritable mythologie nationale, les 722 pièces du recueil mêlent des poésies populaires de la tradition orale, des poèmes d'auteurs tels que Opitz, H. Sachs ou P. Gerhard et l'apport personnel des deux auteurs. Ce recueil, dédié à Goethe, a suscité l'admiration et l'imitation de poètes tels que Heine et inspiré des compositeurs tels que Schumann, Brahms et Mahler. Quelques-unes de ses chansons appartiennent aujourd'hui encore au fonds le plus vivant du folklore allemand. En 1814, Arnim se retire sur ses terres. Collectionneur de vieux textes, romancier à succès, auteur dramatique malheureux, Arnim reste surtout connu comme auteur de nouvelles. Lucide, engagé dans son temps, mais aussi, et de plus en plus, misanthrope et solitaire, il reproduit dans son œuvre cette dualité fondamentale. L'action de ses récits rejoint volontiers l'univers fantastique des superstitions et des légendes : le Golem et la Mandragore prennent forme humaine (Isabelle d'Égypte, 1812), le ghetto se peuple de fantômes (les Héritiers du majorat, 1819). Mais il arrive aussi que l'explication rationnelle réfute les croyances populaires dont Arnim fait le thème même de ses nouvelles (l'Invalide du fort Ratonneau, 1818). Représentant éminent du romantisme dit de Heidelberg, Arnim se laisse difficilement enfermer dans les caractéristiques de cette école : redécouverte du passé allemand, retour aux traditions, conservatisme teinté de nationalisme, exaltation de l'imaginaire. Par son goût, parfois excessif, du bizarre et du grotesque comme par un certain parti pris de laisser-aller dans l'écriture, il s'apparente aussi aux surréalistes, qui ont deviné en lui un précurseur.