Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Akhtal (al-)

Poète arabe (Hira ou Rusafa de Syrie v. 640 – Kufa v. 710).

Il constitue avec Djarir et al-Farazdaq le trio qui, pour la tradition littéraire arabe, symbolise la poésie à l'époque du califat umayyade de Damas. Né et resté chrétien, al-Akhtal est, pour l'essentiel, un poète « politique », engagé dans les luttes d'influence que se livrent, autour du califat, les groupes tribaux venus d'Arabie. La satire, la louange, l'exaltation du groupe tiennent la première place dans sa poésie.

Akhverdov (Abdurraguimbek Assadbekogly)

Écrivain azerbaïdjanais (Choucha 1870 – Bakou 1933).

Disciple d'Akhoundov, il est l'auteur de drames réalistes illustrant le déclin de la noblesse et la naissance d'une intelligentsia démocratique (le Nid détruit, 1896 ; l'Infortuné Jeune Homme, 1900), d'une tragédie shakespearienne antimonarchiste (Aga Mohammed-chah Kadjar, 1907) et de récits satiriques sur la classe dirigeante que publie sa revue Molla Nasreddin (Lettres d'enfer, Mes cerfs). Après 1917, il poursuit dans son théâtre la satire des survivances du passé (Vieille Génération, 1927 ; la Fête des femmes, 1928).

Akilan (P. V. Akilandam, dit)

Écrivain indien de langue tamoule (Pudukottai 1922 – ? 1988).

Ses romans sociaux et historiques (la Femme, 1946), ses nouvelles (l'Arbre à argent, 1942 ; le Volcan, 1970), ses pièces de théâtre évoquent la misère populaire, la libération nationale et surtout les problèmes de la femme dans la société.

akkadienne (littérature)

Alors que les littératures anciennes d'Israël, de la Grèce ou de Rome nous ont pour l'essentiel été transmises par une tradition ininterrompue, le dernier texte écrit en akkadien date des environs de l'an 70 de notre ère, et cette langue cessa alors d'être comprise jusqu'à son déchiffrement au XIXe s. La redécouverte de cette littérature est d'ailleurs loin d'être achevée : même des œuvres aussi importantes que l'épopée de Gilgamesh ne sont pas encore connues dans leur intégralité. Les plus anciens témoignages écrits en Mésopotamie que nous sommes en mesure de comprendre sont rédigés en langue sumérienne. L'akkadien apparaît pour la première fois aux alentours de 2500 av. J.-C., essentiellement sous la forme de noms propres. Ils témoignent ainsi de l'étroite symbiose dans laquelle vivaient alors Sumériens et Akkadiens. L'empire d'Agadé (vers 2340-v. 2200 av. J.-C.) vit pour la première fois une dynastie sémite au pouvoir : on adapta alors l'écriture cunéiforme sumérienne à la notation de la langue akkadienne. De cette époque datent les premiers textes littéraires akkadiens, notamment des extraits d'incantations, une soixantaine de lettres et un certain nombre de copies tardives d'inscriptions monumentales, où les souverains d'Agadé exaltaient leurs victoires. Sous la troisième dynastie d'Our (vers 2100-v. 2000 av. J.-C.), l'expression littéraire est à nouveau pour l'essentiel sous le signe du sumérien. Dans les siècles qui suivirent la dislocation de cet empire, la Mésopotamie connut des phases alternées d'éparpillement en petites principautés et de regroupements hégémoniques, l'exemple le plus célèbre étant celui d'Hammourabi (vers 1792-v. 1750 av. J.-C.), célèbre pour son Code de lois. Alors que l'emploi de la langue sumérienne se maintint dans l'ancien pays de Sumer (Isin, Nippour, etc.), l'akkadien fut employé de préférence dans les royaumes périphériques comme Mari, Assour ou Eshnounna. À cette époque, on constate en outre la scission définitive de l'akkadien en deux dialectes, l'assyrien (Mésopotamie du Nord) et le babylonien (Sud).

   Si la littérature paléoassyrienne (XXe-XIXe s. av. J.-C.) se limite presque exclusivement à la correspondance qu'échangèrent des marchands assyriens avec leurs collègues installés dans des colonies d'Asie Mineure (Cappadoce), la littérature paléobabylonienne (XXe-XVIIe s. av. J.-C.) est beaucoup plus abondante, et a pu mériter le qualificatif de « classique ». Elle comprend des genres très divers. À côté des hymnes et des prières, des épopées comme celle de Gilgamesh, des mythes comme « la descente aux enfers d'Ishtar » ou encore le poème d'Atrahasis, relatif à la création et au déluge, des recueils divinatoires comme la série dite shoumma izbou, la célèbre « stèle de Sargon » ou encore la Légende de Kutha sont les meilleurs exemples du genre baptisé pseudo-autobiographie, caractéristique d'une littérature apocryphe à but moralisant, qui faisait parler les souverains du passé les plus prestigieux, avant tout ceux de la dynastie d'Agadé. Il montre le caractère pragmatique de cette littérature, et aussi son profond enracinement dans la mentalité religieuse du temps.

   L'époque kassite et postkassite (XVe s.-XIe s. av. J.-C.) est la seconde – et dernière – grande période de création dans l'histoire de la littérature babylonienne, et cela malgré des conditions politiques et économiques moins brillantes qu'à l'époque paléobabylonienne. L'activité scribale est alors caractérisée par le souci de préserver l'héritage acquis et de maintenir vivante la tradition. Cela conduit à fixer définitivement, en des « versions canoniques », le texte des créations antérieures. Les compositions originales de l'époque manifestent une certaine volonté d'archaïsme. Ainsi, le dialecte utilisé n'est-il pas la langue contemporaine courante (médiobabylonien), mais un dialecte savant artificiel, le « babylonien standard » ; ces compositions recherchent volontiers l'emploi de mots rares, et sont pour tout dire assez académiques. La préoccupation issue du problème du mal donne alors naissance à deux œuvres majeures : le Poème du Juste souffrant, et la Théodicée, représentatifs de la littérature sapientiale qui connut alors un grand développement. Un type de monument particulier prit naissance à l'époque kassite, le koudourrou, borne en pierre à valeur d'acte de donation, dont le texte s'achève par des malédictions très développées, les dieux devant accabler de toutes sortes de maux celui qui contreviendrait aux clauses de l'acte.

   Les XVe et XIVe s. virent une expansion sans précédent de la langue akkadienne dans le Proche-Orient. Ainsi a-t-on retrouvé à Tell al-Amarna, site de la capitale du pharaon Aménophis IV, les restes de la correspondance, rédigée en akkadien, qu'échangeaient entre eux les grands souverains. Cette langue servait aussi à la rédaction des traités internationaux, comme celui qui fut conclu au début de XIIIe s. entre Ramsès II et le roi hittite Hattousili III. Mais son emploi ne se limitait pas à la diplomatie, et les scribes étrangers qui l'avaient apprise copiaient parfois des œuvres littéraires : à al-Amarna, on a également retrouvé des fragments du mythe de Nergal et Ereshkigal ou la légende du sage Adapa.

   Si les Assyriens n'ont jusqu'à présent guère été mentionnés, c'est qu'en matière de littérature leur dépendance à l'égard des traditions babyloniennes est considérable. Ainsi le roi Toukoulti-Ninourta Ier profita-t-il de sa victoire sur Babylone, v. 1235 av. J.-C., pour emporter comme butin de cette ville de nombreuses tablettes, et aussi pour déporter un certain nombre de scribes. Sa victoire sur Babylone fut célébrée par une épopée triomphale.

   Un des textes les plus célèbres de la littérature akkadienne semble avoir été composé vers la fin du XIIe s. sous le règne de Nabuchodonosor Ier : l'Enouma elish, communément appelé « Poème babylonien de la création ». Il s'agit en réalité moins d'un mythe cosmogonique proprement dit que d'un hymne à la louange du dieu de Babylone, Mardouk, promu à la tête du panthéon suméro-akkadien. Le texte, réparti en sept tablettes comptant chacune environ 160 vers, reflète la culture religieuse savante de cette époque, nullement la mentalité populaire.

   L'Épopée d'Erra, qui date du XIe s. av. J.-C., se présente comme une sorte de « méditation lyrique » sur les événements tragiques que vécut alors la Babylonie, invasions nomades et guerres civiles. Le poème, mettant en scène le dieu des Enfers et de la peste, Erra, est essentiellement constitué de dialogues entre les dieux. Sa valeur apotropaïque était jugée si grande que la peste ne devait jamais plus frapper aucune maison où se trouverait une copie de l'œuvre. La tablette fonctionne alors ni plus ni moins comme une amulette.

   Si aucune grande œuvre ne fut créée au premier millénaire, ce n'est pas que les sources d'inspiration se soient alors complètement taries. Certaines des pages les plus remarquables de la littérature akkadienne datent de cette période, par exemple la fameuse « Huitième Campagne » de Sargon II, ou tel passage des Annales néoassyriennes, comme le sac de Suse par Assourbanipal. La culture de ce temps nous semble néanmoins affectée d'une sclérose indéniable, qui s'explique pour des raisons linguistiques : l'akkadien est de plus en plus confiné à l'écrit, tandis que se répand l'usage de l'araméen. C'est dans cette langue que se véhiculent les traditions orales, avant leur fixation écrite : ainsi en est-il du cycle d'Ahiqar, conseiller légendaire du roi Assarhaddon, connu dès le Ve s. av. J.-C. par un papyrus araméen d'Éléphantine, et qui a fort peu de chances d'avoir eu un prototype akkadien. La préoccupation majeure des lettrés de l'époque est de conserver le corpus de la tradition, souci dont témoigne, entre autres, la constitution de la bibliothèque de Ninive par Assourbanipal.

   L'agonie de la littérature akkadienne fut lente : même après la conquête de la Mésopotamie par Alexandre, il subsista dans quelques centres de petits cercles de prêtres lettrés, recopiant inlassablement les textes de la tradition. Et c'est à Ourouk, d'où proviennent aussi les plus anciennes tablettes cunéiformes (seconde moitié du IVe millénaire av. J.-C.), que semble s'être maintenue le plus longtemps cette activité.