Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Maalouf (Amin)

Journaliste et écrivain libanais de langue française (Beyrouth 1949).

Il vit en France depuis 1976. Il rencontre le succès dès son premier livre : les Croisades vues par les Arabes (1983). Romancier prolifique, Amin Maalouf commence par publier une série de romans historiques : Léon l'Africain (1986), récit de la vie d'un voyageur du XIVe s. ; Samarcande (1988), consacré à la vie d'Omar Khayam, poète persan, auteur des fameuses Roubaëyates, qui vécut au XIe s. ; les Jardins de Lumière (1991), où il relate l'histoire du fondateur du manichéisme, le prophète Mani. Avec le Premier siècle après Béatrice (1992), l'auteur change d'inspiration en s'inscrivant dans une problématique plus contemporaine, tandis que dans le Rocher de Tanios (1993), qui lui valut le prix Goncourt, il revient sur les lieux de son enfance. Les Échelles du levant (1996) et le Périple de Baldassare (2000) marquent le retour de l'écrivain à ses premières amours, le roman historique. Amin Maalouf a fait paraître, en outre, le texte d'une pièce de théâtre intitulée l'Amour de loin (2001), et un essai : les Identités meurtrières (1998).

Mabillon (Jean)

Historien français (Saint-Pierremont, Ardennes, 1632 – Paris 1707).

Bénédictin, il fut, au monastère de Saint-Germain-des-Prés à Paris, l'un des animateurs de la petite société savante organisée par le supérieur dom Luc d'Achery et qui réunissait du Cange, Baluze, Herbelot, Bossuet, le duc de Chevreuse. Il établit, à l'issue de travaux critiques qui soulevèrent de nombreuses polémiques (on l'accusa de préférer la rigueur scientifique à la piété), des collections de vies de saints qui font autorité (Acta sanctorum ordinis sancti Benedicti, 1668-1701 ; Vetera Analecta, 1675-1685). Il fut le créateur de l'histoire religieuse et diplomatique (De re diplomatica, 1681).

Mabinogion (le)

Recueil de onze légendes héroïques et de contes gallois, transcrits à partir d'une tradition orale, de la seconde moitié du XIe siècle à la fin du XIIIe. Le mot Mabinogion, pluriel de Mabinogi, signifie en vieux gallois « enfances », c'est-à-dire « exploits de jeunesse d'un héros ». Le recueil se divise en trois groupes  : viennent d'abord « les quatre Branches du Mabinogi » qui, sans être véritablement articulées, mettent en scène des personnages communs et font appel à une mythologie originale sans rapport exact avec les mythes gréco-latins ou germaniques ; quatre récits qui se rattachent au cycle arthurien, dont le célèbre Culhwch and Olwen (vers 1100) ; enfin trois « nouvelles », adaptations « receltisées » des romans de Chrétien de Troyes.

Mably (Gabriel Bonnot de)

Philosophe et écrivain français (Grenoble 1709 – Paris 1785).

Frère de Condillac, il quitta le séminaire pour les Affaires étrangères. Il se voua à l'histoire et à la politique (Parallèle des Romains et des Français, 1740 ; Observations sur l'histoire de France, 1765 ; De la manière d'écrire l'histoire, 1783 ; De la législation, ou Principe des lois, 1776 ; Observations sur le gouvernement et les lois des États-Unis, 1784). Sa critique du commerce, son goût de l'égalité et de la frugalité antique l'ont promu précurseur du communisme.

Mac Orlan (Pierre Dumarchey, dit Pierre)

Écrivain français (Péronne 1882 – Saint-Cyr-sur-Morin 1970).

Après une jeunesse pauvre parmi la bohème montmartroise (Rue Saint-Vincent, 1928 ; Montmartre, 1945), puis dans les villes portuaires de la Manche et de la mer du Nord (le Quai des brumes, 1927), il publia des contes humoristiques. Agent de liaison pendant la Première Guerre mondiale, il en revint blessé et profondément transformé. Il parcourut alors l'Europe en qualité de journaliste, interviewa Mussolini et évoqua pour Paris-Soir l'élection de Hitler à Berlin. Fasciné par la vie moderne, il écrivit une suite de romans envoûtants empreints d'une inquiétude qu'il appelle « le fantastique social », interprétation secrète d'une réalité d'apparence banale, transposition poétique du malaise qui ronge une Europe en crise (le Chant de l'équipage, 1918 ; À bord de l'étoile matutine, 1920 ; la Cavalière Elsa, 1921 ; la Vénus internationale, 1923). Avec Mademoiselle Bambu, roman d'espionnage récrit et augmenté quatre fois de 1932 à 1950, il publia l'un de ses récits les plus accomplis. Pénétré de l'idée que « l'essence de l'aventure est romanesque », Mac Orlan ne bride pas l'essor de l'imagination. Néanmoins, plusieurs de ses romans furent précédés et nourris par des reportages : Légionnaires (1930) et le Bataillon de la mauvaise chance (1933) préfigurèrent respectivement la Bandera (1931) et le Camp Domineau (1937). Mac Orlan excelle à peindre quelques personnages archétypiques comme le vagabond affamé, le soldat de fortune et le forban de mer, tous mus par une aspiration au dépassement. En définitive, ce sont les formes et les enjeux de l'aventure intérieure qui le passionnèrent. Ses récits inspirèrent des films qui figurent parmi les chefs-d'œuvre de cette période. En 1941, il publia un important roman d'aventure, l'Ancre de Miséricorde, et, après la guerre, élu à l'Académie Goncourt (1950), il écrivit des poèmes en prose et une soixantaine de chansons.

Macaulay (Thomas Babington, baron)

Homme politique et écrivain anglais (Rothley Temple, Leicestershire, 1800 – Camden Hill, Londres, 1859).

Whig convaincu, il fut magistrat aux Indes, ministre de la Guerre (1839-1845) et entra (1857) à la Chambre des lords. Collaborateur de l'Edinburgh Review (à laquelle il avait donné dès 1825 un article célèbre sur Milton), il tenta de mettre l'histoire romaine en ballades (Lais de la Rome antique, 1842). Critique perspicace (Essais critiques et historiques, 1843), orateur passionné (Discours, 1854), il a écrit une Histoire de l'Angleterre (1849-1861) qui reflète sa foi dans le progrès et une vision manichéenne des luttes politiques.

MacDiarmid (Christopher Murray Grieve, dit Hugh)

Écrivain écossais (Langholm 1892 – Édimbourg 1978).

Poète lyrique, il alterne, à l'instar de Burns, les élans et les replis caustiques (Un ivrogne regarde le chardon, 1926), mais renonce en 1934 à intégrer des mots de dialecte à sa poésie. Cofondateur du parti nationaliste écossais (SNP), marxiste (« Second hymne à Lénine », 1935), exclu du parti communiste pour déviation nationaliste (1938), réintégré (1957), il cherchera toute sa vie à enraciner sa terre et sa langue – le lallans, gaélique des Basses-Terres – dans un mouvement plus vaste (marxiste, panceltique), malgré les désillusions (In Memoriam James Joyce, 1955). Il incarne la renaissance écossaise et ses contradictions (Chant de la prairie, 1918 ; Chants des miracles de Jésus, 1921 ; Hors du désert, 1926 ; Sifflets, 1948 ; Un tour d'honneur, 1967 ; Une gerbe de Clyack, 1969).