Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Palissot de Montenoy (Charles)

Écrivain français (Nancy 1730 – Paris 1814).

Engagé dans une carrière d'auteur dramatique plutôt banale (les Tuteurs, 1754), en 1755, dans sa comédie le Cercle, il s'en prit à Rousseau (il représentait le philosophe marchant à quatre pattes et mangeant une laitue) puis en 1757 à Diderot dans les Petites Lettres sur de grands philosophes, et connut un immense succès avec les Philosophes, qu'il fit représenter à la Comédie-Française en 1760. En 1764, il donna encore un long poème parodique et satirique, la Dunciade ou la Guerre des sots. Il se rallie à la Révolution (il fut nommé administrateur de la bibliothèque Mazarine), devient membre du Conseil des Anciens, et l'un des pontifes des théophilanthropes.

Palissy (Bernard)

Émailleur et écrivain français (Saintes ou Lacapelle-Biron v. 1510 – Paris 1589 ou 1590).

Établi à Saintes en 1539, il y consuma sa fortune pour découvrir le secret du vernis des poteries italiennes. En 1565, établi à Paris, il fut employé par Catherine de Médicis à décorer une grotte artificielle au palais des Tuileries. Mais, arrêté pour ses convictions réformées, il finit ses jours à la Bastille. Autodidacte, il s'appliqua à étudier les sciences naturelles – de la géologie à l'agronomie – et consigna les résultats de ses recherches dans trois discours publiés entre 1563 et 1580.

Pallis (Alexandros)

Écrivain grec (Le Pirée 1851 – Manchester 1935).

Démoticiste, il s'est surtout illustré par son activité de traducteur : son adaptation des Évangiles (1901) suscita des émeutes. Sa grande œuvre reste sa traduction de l'Iliade en vers de quinze syllabes fortement marqués par la chanson populaire.

Palma (Ricardo)

Écrivain péruvien (Lima 1833 – Miraflores 1919).

Il publie en 1865 un premier tome de poèmes, Harmonies, suivi en 1870 de Passiflores. En 1872 paraît la première partie de l'œuvre qui le rendra universellement célèbre, les Traditions péruviennes, dont la onzième et dernière série sera publiée en 1918. L'ensemble compose une somme temporelle, spatiale, sociologique, ethnologique et culturelle du Pérou, depuis l'époque précolombienne jusqu'au début du XXe siècle. Cette œuvre profondément originale a fait de nombreux émules en Amérique, et inaugura le genre fécond de la « tradition ». Palma est aussi l'auteur d'essais historiques ou philologiques (Néologismes et américanismes, 1895).

Palmer (Michael)

Poète américain (New York 1943).

Fondée sur les relations complexes entre les mots dans le poème, l'œuvre de Palmer étonne par sa neutralité opaque, mais elle est aussi à la fois constat et exemple de l'émerveillement wittgensteinien face aux phénomènes du monde : en un mouvement circulaire, le texte poétique explore localement les connections possibles, mais renvoie constamment le lecteur à l'impossibilité irréductible de dire le monde et le langage. Contre les facilités données par les conventions de la syntaxe et de la métrique, Palmer recherche des stratégies plus sophistiquées, capables de rendre des ens plus complexes (Sans musique, 1977). Influencé par Célan et Robert Duncan, ses poèmes, précédemment constats d'aphasie, tendent à l'effacement et au silence (Sun, 1996).

Paludan-Müller (Frederik)

Poète danois (Kerteminde 1809 – Copenhague 1870).

L'auteur dut sa célébrité à son grand poème byronien la Danseuse (1833), à la fois roman d'amour et satire de son époque. On retrouve l'influence de Byron dans la Chute de Lucifer, publiée la même année qu'Amour et Psyché (1834) : l'écrivain n'eut jamais recours aux sujets empruntés à la mythologie nordique, mais s'inspira d'une part de la mythologie classique ou biblique, d'autre part de la réalité contemporaine. Ses Poésies I et II (1837-1838) furent un échec. Il traversa alors une grave crise, au sortir de laquelle il s'installa à Paris ; c'est là qu'il écrivit la première partie d'Adam Homo, roman en vers, auto-analyse spirituelle et tableau critique de la société du temps. De retour au Danemark, il publia des poèmes mythologiques et termina Adam Homo : ce roman dont on a dit qu'il « combine le Satiricon de Pétrone et la Divine Comédie de Dante ». L'ouvrage retrace la vie d'un jeune homme des années 1830-1840 qui fait une brillante carrière sociale en trahissant l'un après l'autre tous ses idéaux ; il sera sauvé par l'amour d'une femme – comme le Peer Gynt d'Ibsen. Cette œuvre, qui parut de 1841 à 1848, fut une contribution majeure au romantisme danois. Paludan-Müller surprit enfin ses lecteurs en publiant un roman en prose, l'Histoire d'Ivar Lykke (1866-1873), contrepartie d'Adam Homo : le héros triomphe par sa seule volonté et non par l'amour qu'on lui porte.

Paludan (Jacob)

Écrivain danois (Copenhague 1896 – Birkerød, près de Copenhague, 1975).

Les Routes de l'Ouest (1922), écrit à la suite d'un séjour en Équateur, est une réaction contre le monde moderne et « l'américanisme ». Ses récits se situent dans la lignée de J. P. Jacobsen à Pontoppidan. Jørgen Stein (1932-1933) présente un monde où les valeurs morales sont ignorées. Paludan se consacra à des essais (l'Air de la campagne, 1944) où le sentiment de la nature touche au mysticisme.

pamphlet

Le pamphlet, en prose ou en vers, œuvre polémique et/ou satirique, brève, incisive, agressive, relève du genre rhétorique du blâme. Il est souvent éphémère en raison de son inscription dans l'actualité (ainsi des nombreux pamphlets de la Réforme, de la Fronde ou de la Révolution). Mais il est des pamphlets qui la dépassent, comme les Philippiques de Démosthène (IVe s. av. J.-C.), la Bataille des livres de Swift (1697), les Châtiments de Hugo (1852)... La violence et l'attaque ad hominem sont caractéristiques du pamphlet, qu'il s'agisse de religion (les Provinciales de Pascal, 1656-1657), de politique (P.-L. Courier, le Pamphlet des pamphlets, 1824 ; Barrès, Leurs figures, 1901), d'art (Zola, Mes haines, 1866) ou de littérature (J. Gracq, la Littérature à l'estomac, 1950). Les innombrables Lettres ouvertes... contemporaines, adressées soit aux bradeurs de l'histoire (Pierre Miquel), soit aux futurs illettrés (Paul Guth), soit à tout le monde (Jean Cau), témoignent de la violence des réactions à la crise culturelle.