Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Houellebecq (Michel)

Écrivain français (île de la Réunion, 1958).

Après un essai sur H. P. Lovecraft (1991), cet informaticien, ingénieur agronome de formation, publie Extension du domaine de la lutte (1994), premier roman marqué par un sens aigu de la critique sociale et un pessimisme corrosif, qui se retrouveront, radicalisés, dans deux romans controversés : les Particules élémentaires (1998) est à la fois tableau désenchanté d'une société – la nôtre – en perdition et un hymne prophétique à la pratique généralisée du clonage, appelé à sauver l'humanité en dissociant définitivement la reproduction du plaisir ; Plateforme (2001) a pour toile de fond la mondialisation du tourisme sexuel. Un même style délibérément – faussement ? – plat caractérise la poésie de Houellebecq (le Sens du combat, 1996 ; la Poursuite du bonheur, 1997 ; Renaissance, 1999).

Hougron (Jean)

Écrivain français (Mondeville, Calvados, 1923).

Fils et petit-fils d'ouvriers, il fait des études de droit et de philosophie et exerce divers métiers en parcourant la Thaïlande, le Laos, la Chine du Sud, le Viêt Nam. Cette expérience lui inspire le cycle de la Nuit indochinoise (Tu récolteras la tempête, 1950 ; la Terre du Barbare, 1958) et les récits de la Gueule pleine de dents (1970) et de l'Anti-jeu (1977). Sa réflexion sur le décalage entre la réussite sociale et l'accomplissement spirituel et moral nourrit cependant romans (Histoire de Georges Guersant, 1964 ; la Chambre, 1982 ; Coup de soleil, 1984) et nouvelles (les Humiliés, 1965), tandis que son angoisse devant l'absence de compréhension mutuelle entre les peuples s'exprime sur le mode de la science-fiction (le Signe du chien, 1961 ; le Naguen, 1980).

Houlak-Artemovskyî (Petro Petroytch)

Poète ukrainien (Horodychtche 1790 – Kharkiv 1865).

Universitaire réformiste, il est l'auteur de fables réalistes dénonçant la brutalité et la sottise des propriétaires des serfs (le Pan et le Chien, 1818 ; le Père et son fils, 1827), de versions burlesques des Odes d'Horace, et de ballades inspirées de Goethe (le Pêcheur) et de Mickiewicz (Pani Tvardovska) qui préfigurent le romantisme ukrainien.

hourrite

On a pu dire que la civilisation hourrite n'était qu'un des éléments du « complexe culturel cunéiforme ». En effet, si le hourrite, sans parenté identifiable, fut la langue officielle du royaume du Mitanni (XVIe-XIVe s. av. J.-C.), la littérature hourrite est surtout connue par les témoignages indirects des fouilles d'Ougarit en Syrie, de Mari en Mésopotamie, de Nouzi en Assyrie, de Tell al-Amarna en Égypte (lettre du roi Toushratta à Aménophis III) et surtout de la capitale du royaume hittite Hattousa. Peuple en perpétuelle expansion, toujours associé à d'autres ethnies, les Hourrites, éleveurs de chevaux et conducteurs de chars réputés, ont laissé un certain nombre de textes encore mal déchiffrés, principalement mythologiques et religieux.

   Outre des traductions du poème babylonien de Gilgamesh, les Hourrites possédaient des cycles évoquant leur panthéon composite et dont le plus célèbre relate la lutte du dieu-magicien d'Ourkirsh, Koumarbi, détrôné par son fils, le dieu de l'orage Teshoub. L'essentiel des textes conservés appartient cependant au domaine religieux, rituel et magique, caractérisé par l'emploi de la strophe et un formulaire répétitif.

   La littérature hourrite a joué avant tout un rôle d'intermédiaire et de diffuseur du vieux fonds mésopotamien dont les thèmes furent ainsi véhiculés en Anatolie et en Syrie, notamment à travers des figures épiques de héros « négatifs » ou modèles (Histoire de Kessi, Geste de Gourparanza) ou grâce à la réputation de leurs ouvrages techniques (Traité de Kikouli, en cinq tablettes, sur l'entraînement des chevaux, adapté en hittite).

Housman (Alfred Edward)

Poète anglais (Fockbury, Worcestershire, 1859 – Cambridge 1936).

Latiniste réputé, professeur à Cambridge, tenaillé par la frustration, il devient le spécialiste de l'écrivain romain Manilius. En 1896, il publie un premier recueil, intitulé Un gars du Shropshire, pastorale sombre dont la mythologie pessimiste (amours malheureuses, suicides) lui permet d'exprimer à demi-mot une sensibilité homosexuelle refoulée. Par leur mélange de patriotisme nostalgique et de pessimisme stoïque, ces poèmes connaissent un vif succès. Il faut attendre 1922 pour qu'il publie ses Derniers Poèmes, où sont rassemblés des poèmes écrits entre les années 1890 et la fin de la Première Guerre mondiale. Après sa mort, son frère Laurence réunira D'autres poèmes (1936). Tom Stoppard a consacré à Housman sa pièce Invention de l'amour (2000).

Houssaye (Arsène Housset, dit Arsène)

Écrivain français (Bruyères, 1815 – Paris 1896).

Ami de Gautier et de Nerval, il fit partie du groupe du Doyenné. Critique d'art à la revue l'Artiste (qu'il reprit à J. Janin en 1843), il multiplie les contacts entre peintres et écrivains, et publie Galerie de portraits du XVIIIe s., (1845) et Histoire de la peinture flamande et hollandaise (1847). Il sera administrateur de la Comédie-Française (1849-1856) et directeur du Théâtre-Lyrique (1875). On lui doit aussi des Souvenirs d'un demi-siècle (1885-1891). C'est à lui que Baudelaire dédicace le Spleen de Paris.

Houstalo (Jevhen)

Écrivain ukrainien (Staryï Jyvotiv 1937 – Kiev 1995).

Il travaille d'abord à la rédaction de l'Ukraine littéraire, puis aux Éditions l'Écrivain soviétique. Avant de se spécialiser dans la prose, il a débuté brillamment comme poète. En 1962, paraît son premier recueil de nouvelles, Des hommes parmi les hommes, puis viennent les Pommes du verger d'automne (1964), Baignée dans la livèche (1965). Il appartient à la « nouvelle vague » littéraire des années 1960, à cette génération de la littérature ukrainienne née au cours de la Seconde Guerre mondiale qui n'a pas cédé au dogmatisme imposé.

Hove (Chenjerai)

Poète et romancier zimbabwéen de langues shona et anglaise (né en 1954).

Fils de paysans, élevé dans un collège catholique, Chenjerai Hove commence à travailler comme professeur dans une école rurale en pleine guerre civile, dans les années 1970. Il tire de cette expérience tragique d'impuissance face aux combattants des deux bords un premier recueil de poésie. Lors de l'indépendance du Zimbabwe, il devient une personnalité littéraire, président de l'Union des écrivains et militant pour la responsabilité sociale de la littérature et de l'écrivain afin de donner une voix à ceux que l'on n'entend jamais. Hove réussit à composer dans Ossuaire (1989) une fiction pénétrée de souvenirs de l'oralité. Il a donné des recueils poétiques en shona, et deux autres romans, Ombres (1991) et Ancêtres (1996).