Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Bergman (Hjalmar)

Écrivain suédois (Örebro 1883 – Berlin 1931).

Son œuvre rassemble, à mi-chemin entre symbolisme et réalisme, des nouvelles, des pièces de théâtre et des romans : Nous autres, les Book, les Kork et les Rooth, 1912 ; Mémoires d'un mort, 1918. Les Markurell de Wadköping (1919) et surtout le Clown Jac (1930) dépeignent l'échec et le meurtre psychique d'inadaptés. Cette œuvre est un des témoins les plus pathétiques de l'angoisse sans visage du monde moderne.

Bergman (Ingmar)

Cinéaste et écrivain suédois (Uppsala 1918 – île de Fårö 2007).

Si son œuvre cinématographique suffit à assurer sa gloire, Bergman est aussi un grand auteur dramatique, qui dirigea notamment le célèbre Dramaten de Stockholm. Dès 1942, il écrivit un drame, la Mort de Kasper, puis, en 1946, Jack chez les spectateurs, et, sous le titre Moralités (1948), trois pièces, dont le Jour finit tôt. Il s'intéressera au théâtre radiophonique (la Ville, 1951 ; Peinture sur bois, 1956) ; les scénarios du Septième Sceau, des Fraises sauvages, du Silence et de Persona seront publiés dans Une trilogie (1963) et Persona (1966). Éclate, au théâtre, le double thème central de sa pensée : non seulement, le sentiment de honte, l'humiliation, le mépris de soi, mais aussi l'angoisse de vivre engendrée par une forme de société. Par réaction contre le puritanisme traditionnel s'affirme la révolte contre Dieu et le père. En 1987, il a publié son autobiographie la Lanterne magique.

Bergounioux (Pierre)

Romancier français (Brive 1949).

Depuis 1984, il construit, en explorant sa mémoire personnelle et familiale, une œuvre exigeante et d'une rare cohérence. Ses intrigues, ténues et ciselées, reposent sur les épisodes d'une enfance provinciale et la reconstitution d'existences obscures (institutrice dans Miette, 1995 ; bûcheron dans Ce pas et le suivant, 1986) qu'on distingue parfois mal des pierres ou des papillons (le Grand Sylvain, 1993), dans un Quercy maternel heureux (la Maison rose, 1987) ou un Limousin paternel plus âpre (la Toussaint, 1994). Le travail de l'écrivain fixe les paroles et les gestes perdus, restitue dans toute leur complexité les sensations de l'homme face à la nature, de la plénitude à la peur face à l'énigme de l'altérité (la Bête faramineuse, 1986). Le fréquent motif du pas rappelle que l'écriture est une éthique (la Cécité d'Homère, 1995), mais surtout un cheminement inlassable qui s'inscrit dans et contre l'inexorable mouvement du temps. Il revient, dans le Premier Mot (2001), sur l'articulation de son enfance et de ses années d'études à Paris.

Bergsson (Gudbergur)

Écrivain islandais (Grindavík 1932).

Avec le succès retentissant de son roman Tomas Jonsson (1966), il s'est imposé comme l'un des romanciers les plus originaux de sa génération. Dans ses nouvelles (Jouets du dégoût, 1964) et surtout dans la trilogie Il dort dans les profondeurs (1973-1976), il décrit dans un style où se mêlent l'allégorie et le réalisme le plus violent la société islandaise contemporaine, obsédée par les valeurs matérielles (Histoire d'Ari Frodason et de Hugborg sa femme, 1980).

Berhânu Denqê

Écrivain éthiopien de langue amharique (Addis-Abeba 1915).

Membre, dans les années 1950, d'un groupe d'intellectuels dévoués au progrès de l'Éthiopie, il rompit avec le régime d'Hailé Sélassié en 1960, alors qu'il était ambassadeur de son pays à Washington. Il est l'auteur d'études historiques mais aussi d'une pièce de théâtre en vers (la Reine de Saba, 1951).

Berinski (Lev)

Poète de langue russe et yiddish (Bessarabie 1939).

Traducteur littéraire à Moscou jusqu'à son émigration en Israël en 1991, son œuvre en yiddish se caractérise par une grande liberté d'écriture. Ses audaces, qui l'apparentent aux futuristes et à la génération russe des années 1980, le placent au premier plan du renouveau poétique en yiddish.

Berk (Ilhan)

Poète et peintre turc (Manisa 1916).

Il fut tout d'abord l'un des principaux représentants du renouveau lyrique des années 1950 (la « Seconde Modernité »), caractérisé par son hermétisme (la Mer de Galilée, 1958 ; Cendre, 1979). Son inspiration le pousse, dès la fin des années 1970, à « relire » l'histoire ottomane et la vie des minorités chrétiennes d'Istanbul (Galata, 1985 ; Péra, 1990). Dialoguant de manière fructueuse avec les poésie française (il traduit en 1962 un choix de poèmes de Rimbaud) et anglo-saxonne, il n'aura cessé de se renouveler.

Berkowitz (Yitzhak Dov)

Écrivain israélien d'expression yiddish et hébraïque (Slutsk, Biélorussie, 1885 – Tel-Aviv 1967).

Après des études juives traditionnelles, il découvre la littérature de la Haskalah. En 1906, il épouse la fille de Cholem Aleichem, dont il traduira l'œuvre en hébreu. Au début de la Première Guerre mondiale, il émigre aux États-Unis, puis s'installe, en 1928, en Palestine, où il devient le rédacteur en chef de la revue Moznayim. Ses nouvelles (Verre, 1927 ; le Déraciné, 1936 ; l'Exilé, 1936) traitent des problèmes liés à l'émigration et du déchirement entre la vie juive traditionnelle et la civilisation moderne.

Berl (Emmanuel)

Écrivain français (Le Vésinet 1892 – Paris 1976).

Il fut surtout journaliste, essayiste et historien ; il collabora à Monde avec Barbusse, aux Derniers Jours avec Drieu La Rochelle, fut rédacteur en chef de Marianne (1932-1937), et dirigera, seul, Pavés de Paris (1938-1940). Ses essais contre la bourgeoisie l'ont rendu célèbre (Mort de la pensée bourgeoise, 1925 ; Mort de la morale bourgeoise, 1930). Il fit preuve d'un pacifisme militant, qu'il manifesta de façon ambiguë (il rédigea les deux premiers discours de Pétain). Il s'éloigna très vite de Vichy et se consacra à une réflexion sur la culture et la civilisation (Histoire de l'Europe, 1946-1947 ; Sylvia, 1952 ; À contretemps, 1969 ; le Virage, 1972 ; À venir, 1974).

Berlioz (Hector)

Compositeur français (La Côte-Saint-André 1803 – Paris 1869).

L'auteur de la Symphonie fantastique fut aussi un journaliste et un écrivain. Il rédigea des feuilletons critiques pour le Journal des débats pendant plus de trente ans : sa plume était bien connue pour son ironie et son art de la polémique passionnée. Amoureux de Virgile et de Shakespeare, Berlioz rédigea lui-même les livrets de certains de ses opéras, comme les Troyens, et fit preuve, toute sa vie, d'un très grand sens littéraire. Il publia des recueils de nouvelles musicales (les Soirées de l'orchestre, 1852 ; À travers chants, 1862), écrivit des Mémoires salués par tous comme un vrai chef-d'œuvre, et laissa une correspondance immense et variée.