Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Barth (John)

Écrivain américain (Cambridge, Maryland, 1930).

Son œuvre romanesque compose un labyrinthe parodique et une variation permanente sur le thème de l'absurdité humaine : l'Opéra flottant (1956), où un homme revoit sa vie en songeant au suicide qu'il ne commettra pas ; la Fin de la route (1958), traité de l'impossibilité de choisir ; le Facteur Sot-Weed (1960), imitation, à propos du Maryland colonial, des récits picaresques ; l'Enfant-Bouc (1966), point de vue quasi animal sur le monde moderne d'un homme élevé parmi des chèvres. Chimère (1972) joue de l'allégorie et du mythe pour établir une problématique de la représentation romanesque, tandis que Perdu dans le labyrinthe (1968) réunit des nouvelles expérimentales. La prolixité de l'ensemble de l'œuvre (Barth avoue que son talent consiste à « rendre les choses simples complexes »), l'humour mis dans les références à l'Antiquité, aux croyances païennes, aux problèmes du langage, l'attrait pour l'illusion, attestent une aptitude au jeu, mais aussi à faire de ce jeu une occasion « de peur et de perplexité » (Sabbatique, un roman, 1982).

Barthélemy (Auguste Marseille)

Poète français (Marseille 1794 – id. 1867).

Les écrits réactionnaires de ce jeune royaliste ne l'empêchent pas de passer dans l'opposition libérale et d'écrire, en collaboration avec Méry, une série de pamphlets contre le gouvernement (la Villéliade, 1826 ; la Peyronnéide, 1827). Le ministère libéral Martignac installé, il se tourne vers l'épopée et nourrit le culte napoléonien d'une trilogie (Napoléon en Égypte, 1828 ; Waterloo, 1829 ; le Fils de l'homme) qui le mène en prison. Il est libéré par la révolution de Juillet ; ses éloges de Louis-Philippe (l'Insurrection, 1830) lui valent une pension, supprimée lorsque paraît la fameuse Némésis (mars 1831-avril 1832), satire hebdomadaire du pouvoir en place. Mais le scandale d'un nouveau retournement (la Justification de l'état de siège, 1832 lasse le public et voue à l'indifférence les poèmes descriptifs de la Bouillotte (1839) et ses dernières prises de position.

Barthélemy (abbé Jean-Jacques)

Écrivain français (Cassis 1716 – Paris 1795).

Après un roman, Carite et Polidore, attaqué en 1760 par Diderot pour son refus patent de vraisemblance (Analyse d'un petit roman), ce savant reconnu profita de la mode du retour à l'antique pour donner avec le Voyage du jeune Anacharsis un état des connaissances sur le monde méditerranéen. Le livre, publié en 1788, connut un immense succès. Sa langue et son didactisme en firent un classique de la littérature scolaire du XIXe siècle, souvent réédité, adapté sous forme d'abrégé ou imité.

Barthelme (Donald)

Écrivain américain (Philadelphie 1932 – Houston 1989).

Un roman, Blanche-Neige (1967), parodie du conte de Grimm, des nouvelles, depuis Revenez, Dr. Caligari (1964) jusqu'à les Beaux jours (1979), se saisissent des stéréotypes idéologiques et culturels du monde de la consommation pour les recomposer sur le mode de la dérision (le Père mort, 1975). Tout argument narratif ainsi ruiné, l'écrivain esquisse un autoportrait : nain occupé à reprendre et à habiter les discours quotidiens, il devient apte à dominer la disparité des objets communs. Si le monde du capitalisme multiplie et relativise les points de vue jusqu'à la cécité, tout savoir, tout langage est moyen de retrouver, sous une forme parodique, les figures de la culture américaine.

Bartol (Vladimir)

Écrivain slovène (Trieste 1903 – Ljubljana 1967).

Esprit libre et universel, il écrit des récits (Al araf, Récits humoristiques de Trzic), des essais philosophiques (Demon in éros). Dans son roman Alamut, à travers une histoire qui se déroule en 1092, en Iran, il expose ses convictions et sa philosophie. L'auteur nous livre ainsi une analyse lucide et cruelle, en même temps que les mécanismes, du terrorisme d'État et du fanatisme religieux.

Bartoli (Daniello)

Écrivain italien (Ferrare 1608 – Rome 1685).

Membre de la Compagnie de Jésus, il narra les missions des Jésuites dans le monde à travers une description en 27 volumes (Histoire de la compagnie de Jésus, 1650-1673) où il s'affirme comme un des plus grands prosateurs de son temps.

Bartov (Hanokh)

Écrivain israélien d'expression hébraïque (Petah Tikvah 1926).

Il prit part à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre d'Indépendance. Ses romans et ses nouvelles analysent les difficultés d'une jeunesse sans cesse prise entre la paix à la guerre (Calcul et conscience, 1953 ; le Petit Marché, 1957 ; Rentre chez toi Jonathan, 1962 ; la Brigade, 1965 ; De qui es-tu l'enfant ?, 1970 ; le Dissimulateur, 1975 ; Un petit juif, 1980 ; C'est Ishel qui parle, 1990 ; Mi-chemin dehors, 1994).

Bartra (Agustí)

Poète espagnol d'expression catalane (Barcelone 1908 – Tarrasa 1982).

Son premier recueil lyrique paraît pendant la guerre civile (Chant corporel, 1938). Les camps de concentration (Argelès et Agde) lui inspirent un roman, Christ de 200 000 bras (1942 ; version définitive 1968), et des poèmes amers (l'Arbre de foc, 1946). Exilé au Mexique, il rentre à Barcelone en 1970. Son œuvre propose une vision totale de l'homme dans un style épique alliant symboles et images visionnaires, porteurs des mythes universels et fondamentaux (La lune meurt avec l'eau, 1968 ; Poèmes du retour, 1972).

Barudi (Mahmud Sami al-)

Poète et homme politique égyptien (Le Caire 1839 – id. 1904).

Ministre de la Guerre (1881), il prit part à la révolte d'Orabi et fut interné à Ceylan. Son Dîwân fait de lui l'un des initiateurs de la renaissance littéraire arabe.

Basava
ou Basaveswara

Poète et philosophe indien de langue kannara (Bagewadi XIIe s.).

À l'origine de la secte des virasaiva ou lingayat, ce brahmane en lutte contre les inégalités sociales composa des homélies mystiques (vacana).

Basheer (Muhammad Vaikkam)

Écrivain indien de langue malayalam (Vaikom, Kerala, 1908 – Beypore, Calicut, 1994).

Ses romans peignent la vie quotidienne de la société musulmane et ses bouleversements dus à l'évolution économique (Ami d'enfance, 1944 ; Ton grand-père avait un éléphant, 1951).