Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
I

Indra (Tiran Tcherakian, dit)

Poète arménien (Istanbul 1875 – déporté en 1921).

Son inspiration de chrétien, hostile à toute violence, et d'esthète exigeant transparaît dans son recueil de sonnets (le Bois des cyprès) et surtout dans son vaste poème en prose, le Monde intérieur (1906).

Infants de Lara (les) (Los infantes de Lara)

Légende castillane (fin du Xe s.) provenant d'une chanson de geste (avant 1250) et probablement d'une deuxième plus tardive (avant 1344), elle fut insérée dans la Chronique générale d'Alphonse X et dans la Chronique de 1344. Cette double source donna naissance aux plus anciens romances qui composent le cycle des Infants. Douze pièces du théâtre espagnol, dont une de Lope de Vega (1612), exploitent le sujet. La légende inspira au duc de Rivas un poème (1834) et la « chanson mauresque » de Hugo dans les Orientales.

Ingemann (Bernhard Severin)

Écrivain danois (Thorkildstrup 1789 – Sorø 1862).

Les poèmes épiques des débuts traduisent son goût pour un romantisme fantastique. Il puise en Italie une inspiration nouvelle dont témoignent son poème Valdemar le Grand (1824) et ses romans historiques dans le style de Walter Scott (Valdemar le Victorieux, 1826 ; l'Enfance d'Erik Menved, 1828 ; le Roi Erik et les hors-la-loi, 1833 ; Otto de Danemark, 1835). Ses Cantiques ont été adoptés par l'Église danoise.

inhitat (décadence)

Terme parfois appliqué, en Orient et en Occident, à la production littéraire arabe après le choc mongol du XIIIe s. et avant la renaissance (Nahda) du XIXe s. En réalité, si le jugement est valable pour les traditions littéraires classiques, qui commençaient en effet à s'épuiser, il ne l'est plus si l'on se penche sur les genres qui ont fait leur apparition pendant cette période. À commencer par un certain nombre d'instruments de travail, dictionnaires de langue ou bio-bibliographiques de grande ampleur, répertoires de termes techniques, vastes encyclopédies, qui sont indispensables, aujourd'hui encore, à la connaissance de l'ensemble de la culture arabe classique. En poésie, l'usage de nouvelles formes (kan wa-kan, dubayt, mawaliya), surtout lorsqu'elles se trouvent associées à une pensée mystique, comme chez un 'Abd al-Ghaniyy al-Nabulsi, a permis de produire des pièces originales, de même que le mélange prose-poésie dans les petites scènes de fiction (les masarih et tamathil) d'un Ibn al-Naqib. Cette période est aussi celle des grands romans, des grandes épopées, comme Baybars, Sayf Ibn dhi Yazan ou Banu Hilal. C'est plus généralement l'âge d'or d'une littérature moyenne, qui se distingue aussi bien du folklore que des textes classiques et qui vise à délasser et à distraire le plus large public. C'est à ce genre qu'appartiennent les célèbres Mille et une nuits. Cette civilisation tournée vers le spirituel, nostalgique, dont la marche, par comparaison avec le monde occidental, semble se faire au ralenti, a donc bien connu une «  décadence », mais celle-ci donc n'a sans doute pas affecté de la même manière tous ses moyens d'expression.

Inizan (Lan)

Écrivain français d'expression bretonne (Plounevez-Lochrist 1826 – id. 1891).

Prêtre, il ne fit qu'une médiocre carrière ecclésiastique, en raison de ses opinions légitimistes. Déchargé de tout ministère de 1871 à 1874, puis à partir de 1879, il consacra ses loisirs à écrire. En 1874 il publia un récit fantastique, Toull al Lakez (le Trou du Valet). Éditée en 1877-7188, son œuvre maîtresse, Emgann Kergidu (la Bataille de Kergidu), connut un succès populaire considérable : écrite dans un breton très riche et très pur, c'est l'histoire – partiale et enjolivée de détails imaginés – des combats de la chouannerie dans le Haut Léon. On lui doit aussi une vie de saint François d'Assise (Buhez Sant Fransez Asiz, 1898).

Innerhofer (Franz)

Écrivain autrichien (Krimml, près de Salzbourg, 1944 – Graz 2002).

Fils de paysans, il travaille à la ferme de son père avant de fréquenter un lycée pour adultes (1966), puis l'université de Salzbourg. Son roman autobiographique, De si belles années (1975), est, à travers le récit de l'enfance torturée du fils naturel d'un puissant fermier et d'une journalière, une analyse quasi ethnologique du côté noir du monde paysan. Les Grands Mots (1977) évoquent la tentative d'un jeune travailleur d'accéder au « monde de la parole ».

Inoue Hisashi

Écrivain japonais (Yamagata 1934).

Ayant perdu son père à 5 ans, il passa son l'adolescence dans une institution catholique. Il fit des études françaises à l'Université Sophia, tenue par les jésuites, à Tokyo. Il commença d'abord une carrière d'auteur de pièces radiophoniques : un feuilleton télévisé pour marionnettes (1964-1969) eut un grand succès et lui assura une bonne réputation d'humoriste. Les pièces de théâtre qui suivirent : le Nombril des Japonais (1969) ; l'Aventure de Dogen (1971) confirmèrent son talent original. Maître de parodies satiriques qui ne manquent ni de perspicacité ni de profondeur, il est également auteur de romans pleins de verves : Bun et Fun, 1969 ; le Père Mokinpotto sauve la situation, 1971 ; évocation humoristique de sa vie estudiantine avec un maître missionnaire français ; Double Suicide en menotte, 1971, la Vie de Don Matsugoro, 1973 ; son très sérieux roman autobiographique le Garçon numéro quarante et un, 1972, et Gens de Kirikiri, grande entreprise romanesque achevée en 1981.

Inoue Mitsuharu

Écrivain japonais (en Chine 1926 – Tokyo 1992).

Séparé de ses parents dès son plus jeune âge, il fut élevé dans la région de Nagasaki et, à l'âge de 14 ans, fut obligé de travailler dans les mines de charbon de Sakito. Après la guerre, il entra au parti communiste, puis le quitta en 1953. Poète, il est célèbre pour son roman les Gens de la terre (1963), où il évoque, en traitant le problème de la discrimination sociale, le tragique destin d'une victime du bombardement nucléaire de Nagasaki.

Inoue Yasushi

Écrivain japonais (Hokkaido 1907 – Tokyo 1991).

Fils d'un médecin militaire, il fut élevé dans la région d'Izu, à partir de 6 ans, par une grand-mère adoptive. Il s'intéresse à la poésie, travaille pendant quinze ans comme journaliste au journal Mainichi. Il opte définitivement pour la vie littéraire à 43 ans, lorsqu'il reçoit, en 1950, le prix Akutagawa pour son premier grand roman, Combat de taureaux (1946), histoire d'un journaliste solitaire et nihiliste dans la société chaotique du Japon d'après-guerre. Sa carrière d'écrivain prolifique se poursuit notamment avec le Fusil de chasse (1949), sorte de digression imaginaire sur un poème en prose du même titre composé précédemment, le Faussaire (1951) et Parois de glace (1959). Son intérêt pour le passé, du Japon comme de la Chine, s'exprime dans divers romans historiques : le Château de Yodo, 1955 ; la Tuile de Tempyo, 1958 ; le Loup bleu, 1959, la biographie romancée de Gengis-Khan ; Vent et vagues : le roman de Kubilai-Khan, 1963 ; Voyage au-delà de Samarkande, 1968 ; et son dernier roman Confucius (1989). Il est également auteurs de poèmes en vers libres : Pays du Nord (1958) et de deux romans autobiographiques : Asunaro (1954) et Shirobamba (1960).