Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Sitwell (Edith)

Femme de lettres anglaise (Scarborough 1887 – Londres 1964).

Aristocrate, elle forme avec ses frères Osbert, mémorialiste (1892-1969), et Sacheverell, poète et critique d'art (1897-1988), un trio littéraire célèbre. En 1916, elle dirige avec Nancy Cunard le magazine Wheels (« Roues »), dans lequel elle prend la défense du modernisme. Elle débute dans la sécheresse expérimentale avec Façade (1922, musique de W. Walton) et Comédies bucoliques (1923), avant de redécouvrir le romantisme (la Belle au bois dormant, 1924 ; Gold Coast Customs, 1928). Elle a plus pleinement attesté son universalisme et sa compassion dans des œuvres inspirées de la Seconde Guerre mondiale comme Chansons des rues (1942), Chant du froid (1945), dans ses derniers recueils (Jardiniers et astronomes, 1953 ; les Exclus, 1962) et dans son autobiographie, On veille sur moi (1965).

Siwertz (Sigfrid)

Écrivain suédois (Stockholm 1882 – id. 1970).

Critique dramatique attaché à la direction du Théâtre de Stockholm, il a suivi les cours de Bergson à Paris (1907), son premier roman en garde la trace (les Pirates du lac Malär, 1911). Il se livre à une attaque des abus du capitalisme dans Dieu nourrit l'épervier (1920), son meilleur récit. Ancrées dans la réalité, ses nouvelles (le Grand Magasin, 1926 ; Compagnons de voyage, 1929) exhortent la littérature à assumer sa responsabilité historique.

Skácel (Jan)

Poète tchèque (Vnorovy 1922 – Brno 1989).

Prolongeant la lignée humaniste de Halas, de Mikulášek, il y ajoute une richesse métaphorique, proche parfois de la poésie populaire (Combien d'occasions pour la rose ?, 1958 ; Ce qui est resté de l'ange, 1960 ; l'Heure entre chien et loup, 1962 ; la Faute des pêches, 1975 ; Noisette pour un perroquet noir, 1976 ; Poèmes, 1982).

Skalbe (Kārlis)

Écrivain letton (Vecpiebalga, 1879 – Stockholm 1945).

Après avoir fondé en 1905 le journal Kāvi (l'Aurore boréale), qui défendait des idées proches de celles des révolutionnaires de 1905, Kārlis Skalbe fut contraint de quitter la Lettonie. Il se partagea alors entre la Suède, la Finlande et la Norvège avant de revenir en Lettonie en 1909. Dans sa poésie (Dans les fumées de la Terre, 1906 ; Rêves et Légendes, 1912), il exprima son insatisfaction de la réalité, sa soif de beauté et son profond sentiment de la nature. Il est également connu pour avoir écrit de nombreux contes, parmi lesquels Comment je partis voir la Fille du Nord (1904) ou encore Contes d'Hiver (1913). C'est d'ailleurs pendant son exil dans les années 1905-1909 qu'il avait eu l'occasion d'étudier le folklore de plusieurs pays, notamment le folklore scandinave. En 1944, il repartit en Suède où il mourut. Ses cendres ont été rapatriées en Lettonie, à Vecpiebalga, en 1992.

Skamander (Scamandre)

Groupe de poètes polonais formé à Varsovie en 1918 par J. Lechoń, J. Tuwim, A. Słonimski, J. Iwaszkiewicz et K. Wierzyński, rejoints par F. Przysiecki, S. Baliński, L. Okołów-Podhorski, M. Braun, Z. Karski, M. G. Karski, I. Tuwim, J. Brzechwa, J. Paczkowski, Ś. Karpinski, J. Minkiewicz. Ils s'expriment d'abord dans des revues d'étudiants (Pro Arte et Studio, 1916-1919), clament leurs vers au cabaret le Picador et se trouvent un nom en fondant la revue Skamander (1920-1928 et 1935-1939), rappelant un vers de Wyspiański qui compare la Vistule devant le château royal de Wawel à Cracovie au Scamandre sous les murs de Troie. Les Skamandrites ont en commun le respect des formes poétiques classiques, le désir d'écrire des vers accessibles à tous et le refus de la tradition prophétique de la poésie polonaise : « Et qu'au printemps, je vois le printemps, pas la Pologne », écrit Lechoń (Érostrate, 1920). Leur groupe exercera une influence majeure sur la forme poétique de l'entre-deux-guerres. Ils n'ont pas de programme, mais des postulats (vitalité, activité, le poète prend une part active dans la vie quotidienne de la Pologne renaissante) qui autorisent la coexistence de personnalités poétiques diverses, favorisent l'éclosion de talents originaux. Ils créent un nouveau héros lyrique, monsieur-tout-le-monde, le citadin banal, pour une « poésie du quotidien » qui s'exprime comme l'homme de la rue. L'irruption d'un vocabulaire nouveau en poésie converge volontiers avec l'intervention de l'humour ou de l'ironie, voire de la satire, jusque dans les textes les plus lyriques alors que l'ambiance spécifique de la poésie reste préservée. La Seconde Guerre mondiale disperse les Skamandrites aux quatre coins du monde. Ceux qui survivent au cataclysme évoluent de façons diverses, étroitement dépendantes du sort que le destin leur a réservé.

Skanderbeg (Gjergj Kastrioti, dit)

Prince albanais (vers 1403 – Alessio, auj. Lezhë, 1468).

Élevé dans l'islam, il abandonna les Ottomans (1443) et organisa depuis Krujë la résistance contre les Turcs avec le soutien de la papauté de Naples et de Venise. Il remporte à partir de 1463 plusieurs victoires contre Mehmed II. Il est le héros de drames de G. Lillo (1735), de Houdar de La Motte (1735) et de poèmes de Longfellow (Ballades, 1837) et de Naim Frashëri (Épos, 1898). Héros national de l'Albanie et symbole de la résistance aux pressions extérieures, le personnage de Skanderbeg est notamment évoqué par Ismaïl Kadaré dans les Tambours de la pluie (1970).

Skelton (John)

Poète anglais (Diss, Norfolk, v. 1460 – Londres 1529).

Précepteur du futur Henri VIII, humaniste respecté d'Érasme, il donne des satires vigoureuses dans la tradition de Langland (le Livre de Phyllyp Sparowe, 1503-1507), contre les religieux, contre les courtisans, d'une verve rabelaisienne (la Bouche de cour, 1509). Colyn Cloute (1519) est une satire anticléricale dont le héros est un paysan (Spenser se décrira lui-même sous le nom de Colin Clout, et son Retour de Colin Clout [1595] constituera une sorte d'autobiographie pastorale). Skelton marque le tournant de la Renaissance et le ralliement des intellectuels à la réaction populaire.

Skou-Hansen (Tage)

Écrivain danois (Fredericia 1925).

Les Arbres nus (1957), salué comme un des meilleurs romans danois sur la Résistance (il aura une suite avec le Fruit dur en 1977), inaugure une œuvre romanesque centrée sur les problèmes de responsabilité morale et politique, envisagés, à travers leurs manifestations les plus récentes telles que la drogue et le terrorisme (De l'autre côté, 1965 ; Retour, 1969 ; Troisième Mi-Temps, 1971 ; le Mouton de Panurge, 1973).