Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
P

plaid, (suite)

À l'époque féodale, le service de plaid fait partie des obligations d'aide et de conseil du vassal envers son suzerain nées de l'engagement vassalique. Le terme est repris sous Saint Louis dans l'expression « plaids de la porte », pour désigner les assemblées judiciaires tenues par le roi en personne. Par extension, le plaid en vient à désigner, au bas Moyen Âge, toute forme de procès.

Plaine ou Marais,

durant la Révolution française, noms donnés à certains groupes de députés de la Convention.

Comment définir la Plaine ? Les historiens d'aujourd'hui - soucieux de classifications politiques rigides, sans doute anachroniques par rapport à la fin du XVIIIe siècle - l'ont souvent délimitée négativement : ses députés ne sont ni girondins ni montagnards ; ils soutiennent, tour à tour, les uns puis les autres. Mais cette caractérisation pose plus de questions qu'elle n'en résout, car, ainsi définie, la Plaine formerait la majorité de la Convention : une affirmation qui aurait sans doute étonné les contemporains des événements. La Revellière-Lépeaux - considéré parfois comme l'un des dirigeants de la Plaine - dans ses Mémoires avance que ses représentants sont des hommes aux convictions peu affirmées, susceptibles de changer rapidement d'opinion sous la menace - bref, des opportunistes apeurés par la Terreur. Mais il s'agit là d'une vision a posteriori, élaborée alors que les anciens conventionnels ont intérêt à se présenter comme des victimes passives de l'an II. Peut-on dire alors que les députés du Marais sont ceux qui, de 1793 jusqu'à thermidor an II, se sont tus ou se sont abstenus ? Ce serait transformer en « groupe » tous les « silencieux » : or, beaucoup de députés qui approuvent la Terreur n'ont jamais pris la parole. Cette difficulté de définir la Plaine est particulièrement manifeste quand on tente de faire la liste de ses dirigeants. Barère, Cambon, Sieyès et Boissy d'Anglas ont tour à tour été désignés comme ses hommes les plus en vue, affirmation qui n'est convaincante pour aucun d'entre eux : ainsi, Barère appuie d'abord les girondins, mais il est ensuite l'un des plus fermes défenseurs du Gouvernement révolutionnaire et l'un de ses orateurs les plus prolixes. Certains historiens ont insisté sur le caractère politiquement « modéré » de la Plaine par opposition aux « radicaux ». Cependant, aucun de ses dirigeants supposés n'a critiqué les mesures de salut public en l'an II, ni même mis en cause le système du Gouvernement révolutionnaire : au contraire, ils l'ont soutenu par leurs votes. On a aussi voulu voir dans la Plaine une coalition anticipant la majorité thermidorienne ; mais, au sein de cette dernière, on trouve aussi des montagnards de premier plan.

Il semble en définitive que l'expression « crapauds du Marais » désigne davantage, chez les montagnards et les sans-culottes qui l'emploient, une attitude politique qu'une appartenance à un parti ou à un groupe politique structuré. On fustige par ces termes les « tièdes », les « modérés », les « intrigants » et les partisans d'une république bourgeoise et « propriétaire », à tendance censitaire. Certains de ces traits sont effectivement présents dans la majorité « flottante » de la Convention, mais aussi chez les « modérés », les « indulgents » ou les thermidoriens. La Plaine apparaît donc comme une nébuleuse aux contours mal définis et évoluant tout au long de l'histoire de la Convention.

planification.

L'idée d'une planification de l'économie s'affirme dans les années 1930 comme remède à la dépression.

D'inspiration socialiste, elle se distingue de la « coordination » des branches, prônée par les gouvernements de l'époque, qui aboutit en 1934-1935 à une cartellisation des transports, de l'agriculture, du commerce. Tantôt les planificateurs rêvent de rapprocher le pays d'une économie dirigiste (plan de la CGT, 1934) ; tantôt, à l'instar de la SFIO, ils conçoivent l'essor du pays sous la direction d'un État qu'éclairent des entreprises nationalisées nombreuses et des offices professionnels ; tantôt, inspirés par le théoricien belge Henri de Man, ils veulent « dépasser » le socialisme dans la fusion « corporatiste » du patronat et des administrations « techniques », courant qui inspirera Vichy (Comités d'organisation et Délégation à l'Équipement national).

Instituée après la Libération, avec la création du Commissariat général au Plan (confié à Jean Monnet), la planification « à la française », dite « indicative », s'appuie sur des commissions où les partenaires sociaux dialoguent sous l'égide de l'État « expert ». Elle remplit alors plusieurs rôles successifs. Avec le Ier plan (1947-1953) et grâce à l'aide Marshall (1948-1952), elle est l'outil dirigiste de reconstruction et de modernisation d'une économie de pénurie ultraprotectionniste. Elle a pour leviers quelques secteurs prioritaires (charbon, électricité, sidérurgie, matériaux de construction, machinisme agricole) et l'action d'influentes commissions « horizontales » (main-d'œuvre, financement), Dans les IIe et IIIe plans (1952-1961), au reste inachevés, les financements bonifiés sont orientés vers quelques secteurs protégés par l'État (énergie, construction) et vers les biens d'équipement. Le IVe plan, préparé en 1959-1960, salue la jeune Ve République et l'attention portée par ses gouvernements, confirmée par le Ve plan (1966-1970), à la recherche, aux « grands équipements », à l'aménagement du territoire, à la modernisation agricole. Le VIe plan (1971-1975), formulé en 1969 quand la CEE a atteint les objectifs du traité de Rome (1957), insiste sur l'innovation, la productivité et la compétitivité industrielles, et place l'entreprise au cœur du développement. Jusque-là acteur de la croissance des « Trente Glorieuses », l'exercice planificateur est alors contrecarré dans ses ambitions par les chocs pétroliers (1973, 1979) ; puis, dans une économie plus ouverte, il connaît un déclin. Certes, le Commissariat subsiste comme « réservoir à idées », car des plans sont soumis régulièrement au Parlement. Mais il perd sa vertu d'« ardente obligation » (de Gaulle), malgré une tentative de relance par les socialistes en 1981-1984 (VIIIe plan). Entre-temps, la planification s'est banalisée auprès des collectivités territoriales, des entreprises publiques et privées.