Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Trafalgar (bataille de),

bataille navale remportée par les Anglais sur la flotte combinée franco-espagnole, à l'ouest de Gibraltar, le 21 octobre 1805.

Afin d'assurer à la France la suprématie commerciale et coloniale face à l'Angleterre, Napoléon projette un débarquement outre-Manche. Pour ce faire, il charge l'amiral de Villeneuve d'attirer la flotte ennemie sur la route des Antilles, puis de rejoindre Brest accompagné de la flotte espagnole : après avoir quitté Toulon en mars 1805, Villeneuve est suivi jusqu'à la Martinique par l'escadre anglaise, commandée par l'amiral Nelson. Au retour, cependant, il ne parvient pas à se défaire des Anglais et, au lieu de se diriger vers Brest, où sont bloqués les navires du vice-amiral Ganteaume, il s'enferme dans le port de Cadix (18 août). Soumis à un blocus, Villeneuve quitte finalement le port et affronte Nelson, au large du cap Trafalgar (21 octobre). Manœuvrant en ligne de file, il voit sa tactique battue en brèche par son adversaire qui, avec ses navires organisés en deux colonnes, coupe la ligne. La flotte franco-espagnole perd dans la bataille vingt-deux vaisseaux et plus de quatre mille marins. Nelson meurt au combat ; quant à Villeneuve, fait prisonnier, il se suicidera après sa libération. La bataille de Trafalgar, véritable désastre pour la France, dont la marine est anéantie, est un triomphe pour l'Angleterre, dès lors maîtresse incontestée des mers.

traite des Noirs,

trafic d'esclaves entre les côtes d'Afrique occidentale et les colonies d'Amérique, pratiqué par la France du XVIIe au XIXe siècle.

Dès le début du XVIIe siècle, la traite des Noirs permet d'utiliser une main-d'œuvre servile pour exploiter les plantations des Antilles. Le trafic négrier, véritable institution, est confié à de grandes compagnies de commerce colonial qui bénéficient d'un monopole et obtiennent de l'État primes et privilèges. Longue est la liste de ces compagnies, dont la plus connue est la Compagnie des Indes occidentales, créée en 1664. Bien moins dynamiques que leurs concurrentes anglaises ou hollandaises, elles périclitent et succèdent les unes aux autres durant deux siècles. Et si, en 1701, la France obtient de l'Espagne l'asiento (monopole de la traite négrière vers les colonies espagnoles d'Amérique), ce sont les Anglais, maîtres dans l'art du trafic de contrebande, qui remportent le contrat en 1713 (traité d'Utrecht).

On estime à 1,6 million le nombre d'esclaves « importés » en Amérique française entre le XVIIe et le XIXe siècle, dont plus de 80 % l'ont été durant le XVIIIe siècle. La traite commence sur les côtes du Sénégal et de Guinée, le long de la Côte de l'Or et du golfe du Bénin, à partir de forts, à la fois comptoirs commerciaux et places militaires. Troqués par des rabatteurs africains contre des denrées bon marché et des armes, les esclaves, entassés sur des navires, meurent en grand nombre durant la traversée de l'Atlantique par l'absence d'hygiène. Cependant, par souci de rentabilité, les négriers s'attachent à réduire le taux de mortalité, qui passe de 10 % à 5 % durant le XVIIIe siècle. À leur arrivée en Amérique, les Noirs sont vendus, sur le bateau ou à terre, à des intermédiaires qui s'enrichissent à la revente. Négoce prospère bien qu'onéreux, la traite fait la fortune des ports de l'Atlantique, dont Nantes qui, avec deux cents navires par an, est, au XVIIIe siècle, le premier port négrier de France. Contrairement à une idée reçue, tous les navires négriers ne ramènent pas en France des produits tropicaux, transportés par des bâtiments d'un plus gros tonnage, et le « commerce triangulaire » est en fait souvent un commerce bilatéral.

Malgré les pressions de la Société des amis des Noirs, créée à Paris en 1788, la traite n'est pas abolie durant la Révolution. Seules les primes aux armateurs négriers sont supprimées en 1793. Ce n'est que le 29 mars 1815, pendant les Cent-Jours, que Napoléon, cherchant à s'attirer les bonnes grâces de l'Angleterre, décide de supprimer la traite. Toutefois, le trafic clandestin demeure et ne disparaîtra qu'après l'abolition définitive de l'esclavage, en 1848.

traites,

droits de douane perçus sur les marchandises, sous l'Ancien Régime, aux frontières non seulement du royaume mais aussi des provinces.

Au fil des siècles, le rattachement à la couronne française de provinces conservant le plus souvent leurs usages a eu pour conséquence de perpétuer de multiples frontières intérieures, au passage desquelles les marchandises sont taxées. La perception de ces impôts indirects est affermée, les droits variant en outre selon les régions. Il en résulte un système douanier intérieur d'une extrême complexité, favorisant abus et fraudes, et entravant gravement le commerce et la production nationale. En 1664, Colbert décide de simplifier et d'uniformiser les traites dans les provinces dites « des cinq fermes », la plupart voisines de l'Île-de-France et intégrées depuis longtemps au domaine royal. Cependant, à côté de ce groupe, dénommé « l'Étendue », deux autres systèmes douaniers subsistent, concernant les provinces « réputées étrangères » (Bretagne, Angoumois, Guyenne, Limousin, Languedoc, Provence, Dauphiné, Lyonnais, Artois, Flandre) et celles de l'« étranger effectif », tardivement annexées au royaume (Alsace, Lorraine et Franche-Comté). Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les économistes réclament la réforme des traites, tandis qu'en 1789 de nombreux cahiers de doléances en dénoncent l'arbitraire. En les abolissant le 5 novembre 1790, la Constituante libère enfin le marché intérieur.

tranchées,

dispositif défensif enterré, particulièrement caractéristique de la guerre de positions menée pendant le premier conflit mondial.

Dès la fin de l'année 1914, l'échec de la guerre de mouvement condamne les différentes armées à s'installer dans des tranchées. Cette organisation très particulière du front marque l'incapacité d'appliquer les principes appris dans toutes les écoles de guerre, ceux de l'offensive rapide. Désormais, il s'agit d'une guerre de siège : il faut tenir et tenter de chasser l'ennemi de la position d'en face. Jusqu'à la reprise de la guerre de mouvement au printemps 1918, les hommes vont donc vivre, combattre et mourir dans ces longs réseaux de boyaux parallèles, qui courent, sur le front occidental, de la mer du Nord à la Suisse, soit environ 650 kilomètres.