expositions ouvertes à tous les domaines de l'activité humaine, où sont présentés des produits provenant de toutes les nations.
L'idée voit le jour au XIXe siècle, avec l'avènement de l'ère industrielle et l'affirmation du culte du progrès. Mise en œuvre d'abord par l'Angleterre, qui organise à Londres, en 1851, la première de ces manifestations internationales, elle est reprise dès 1855 par la France. Paris va même établir le record du nombre d'Expositions universelles accueillies, six en tout, en 1855, 1867, 1878, 1889, 1900 et 1937.
Économie, techniques, pédagogie, divertissement.
• Les Expositions universelles sont nées de la rivalité entre France et Angleterre. Cette dernière apporte, en 1851, la preuve des progrès accomplis par l'industrie britannique, notamment dans les produits de luxe, domaine-phare de l'économie française. Reflet de l'état d'une nation, de sa vitalité économique et de sa maîtrise technologique, terrain d'émulation, opération de propagande pour le pays organisateur, les Expositions universelles ont permis aux créateurs français de se confronter avec leurs concurrents étrangers. Dès le début, elles répondent à des programmes économiques et politiques - destinés, surtout, à glorifier la grandeur de la nation - mais aussi didactiques : ces vastes panoramas ont pour ambition de contribuer au progrès des connaissances. Conférences et congrès marquent des temps forts, où sont abordés tous les sujets : hygiène, démographie, condition féminine. Les visites guidées complètent la démarche. Déjà, en 1900, elles se font en anglais, russe et allemand. Puis, peu à peu, le souci d'enseignement est concurrencé par la nécessité de distraire, pour attirer le public et faire des recettes. Dès 1889, une gamme variée de divertissements est offerte. Les colonies deviennent également sources d'attraction. Mais les Expositions atteignent rarement l'équilibre financier, les recettes (produits des entrées, concessions et revente des matériaux) ne couvrant pas les dépenses (administration, travaux et exploitation).
Démonstrations architecturales.
• C'est l'architecture qui imprime dans la mémoire collective l'image de ces manifestations. Parfois éphémère, parfois durable, elle s'est voulue symbolique et spectaculaire, souvent prétexte à prouesses, induisant la tentation d'en conserver le témoignage ; en 1889, la tour Eiffel, en 1900, le Petit et le Grand Palais, le pont Alexandre-III ; en 1937, les palais de Tokyo et de Chaillot. La taille des Expositions s'accroît, d'événement en événement. En 1855, on construit des palais isolés (Palais de l'industrie aux Champs-Élysées, Palais des beaux-arts sur l'avenue Montaigne, Galerie des machines le long de la Seine). Dès 1867, l'architecture franchit le fleuve et gagne le Champ-de-Mars, qui accueille, à côté de l'écrasant palais de Le Play et Krantz, de forme concentrique, les pavillons des pays étrangers ou des compagnies commerciales. En 1878, toujours sur le Champ-de-Mars, un grand rectangle est occupé par des galeries perpendiculaires en forme de damiers, classées par nature dans un sens, par nation dans l'autre. Dans la rue des Nations se côtoient les pavillons étrangers, ou plutôt leurs façades, évocatrices des traditions architecturales nationales. Et, afin d'éviter l'écueil d'un décor factice, des autochtones sont appelés à conforter par leur présence l'authenticité de cette évocation. En 1889, l'Exposition s'empare de l'esplanade des Invalides et du quai d'Orsay avec trois bâtiments : le Palais des beaux-arts, la Galerie des machines et le Palais de l'industrie. La rue du Caire frappe les esprits, reconstruction d'une rue idéale avec des types d'architecture empruntés à toutes les époques. Quant à l'Exposition de 1900, la plus controversée, elle voit Petit et Grand Palais remplacer le Palais de l'industrie de 1855. La rue des Nations accueille cette fois, non plus des façades mais de véritables bâtiments.