Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
H

Haye (Grande-Alliance de La), (suite)

Cette première coalition contre Louis XIV assure une supériorité numérique aux ennemis de la France, à un moment où l'alliance avec l'Angleterre paraît chanceler, du fait de la sympathie de l'opinion protestante envers les Hollandais. La guerre contre la Hollande est devenue un conflit européen, et la nouvelle configuration des alliances est appelée à durer.

Haye (Triple-Alliance de La),

traité conclu le 23 janvier 1668 par l'Angleterre et les Provinces-Unies, rejointes par la Suède en mai.

Ces pays s'inquiètent du poids accru que confèrent à la France, dont ils sont pourtant les alliés, les succès de la guerre de Dévolution. Alors que la diplomatie française, menée par Lionne, parvient le 19 janvier à un accord secret prévoyant, dans la perspective de la mort sans héritier de Charles II d'Espagne, le partage des possessions espagnoles avec l'empereur Léopold, les deux puissances maritimes se rapprochent (elles s'étaient combattues en 1665-1667). Leur accord se présente comme une offre de médiation dans le conflit franco-espagnol : l'Espagne cédera quelques places fortes détenues aux Pays-Bas, mais la France devra renoncer à toute autre prétention, notamment sur la Franche-Comté, dont l'invasion est imminente ; sinon, les pays signataires entreront en guerre contre la France. Ulcéré par ce que l'ambassadeur hollandais lui présente comme de « respectueuses prières », Louis XIV entre en Franche-Comté pour acquérir un gage dans les négociations et proposer à l'Espagne une « alternative » : perdre cette province, ou bien une partie des Flandres.

La Triple-Alliance a donc à la fois brusqué les opérations militaires et hâté la paix d'Aix-la-Chapelle (2 mai). Mais elle marque aussi un inquiétant revirement des alliés de la France, dont Louis XIV tire la leçon en décidant d'envahir les Provinces-Unies.

Haye (Triple-Alliance de La),

traité conclu entre la France, l'Angleterre et les Provinces-Unies le 4 janvier 1717.

Les traités d'Utrecht (1713-1715) ont fondé un équilibre européen dans lequel, notamment, la France garantit les renonciations de son alliée espagnole en Italie (cession du Milanais et de la Sardaigne à l'Autriche) ; des concessions que le roi Philippe V et surtout son ministre Alberoni n'ont acceptées que formellement. Ces derniers tentent de se rapprocher de l'Angleterre, ce qui risque d'isoler la France. Pour assurer la paix et la prospérité auxquelles le pays aspire au sortir du règne de Louis XIV, le régent Philippe d'Orléans comprend qu'il faut jeter les bases d'une alliance avec l'ennemi d'hier. En cela, il s'oppose au président du Conseil des affaires étrangères, le maréchal d'Huxelles. Des négociations discrètes commencent entre l'abbé Dubois, homme de confiance du régent, et le ministre anglais Stanhope. Les Anglais reprochent à la France de protéger le prétendant Stuart (Jacques III) et d'armer le port de Mardyck à la place de celui de Dunkerque, que le traité d'Utrecht obligeait à détruire ; mais Georges Ier a besoin de la France face à la menace que fait peser le tsar sur ses possessions hanovriennes. Malgré l'opposition d'une partie des parlementaires whigs, et malgré la méfiance des Hollandais, le rapprochement a lieu, à la suite de la promesse française d'expulser le prétendant Stuart et de désarmer Mardick. Cela n'empêchera pas le déclenchement du conflit austro-espagnol au sujet de la Sardaigne, en juillet 1717.

Hébert (Jacques René),

journaliste et homme politique (Alençon 1757 - Paris 1794).

Davantage pamphlétaire que journaliste, Hébert, auteur du très populaire journal le Père Duchesne, est un des personnages les plus controversés de la période révolutionnaire. Pour beaucoup, il demeure un aboyeur grossier et sanguinaire dénonçant dans sa feuille traîtres et conspirateurs, ou encore un substitut du procureur de la Commune de Paris lançant cyniquement l'accusation d'inceste lors du procès de Marie-Antoinette. Bien souvent décrit comme un être inquiétant et trouble, il a aussi le tort d'être l'un des principaux chefs populaires parisiens en 1793.

De fait, ce fils d'un notable d'Alençon, réfugié à Paris en 1780 à la suite de déboires judiciaires, royaliste en 1789 et 1790, n'entre que tardivement dans le combat politique. En mars 1791, six mois après avoir lancé son journal (septembre 1790), il devient membre du Club des cordeliers, qui prend la tête du mouvement républicain et qu'il présidera en juin 1792. Chantre de la souveraineté populaire et du droit à l'existence, le Père Duchesne, qui appelle, comme d'autres, au meurtre préventif des traîtres avant les massacres de septembre, acquiert une grande notoriété à partir de l'hiver 1792. Membre de la Commune du 10 août 1792, Hébert devient, en décembre de l'année suivante, second substitut de l' « exagéré » Chaumette, le procureur de la Commune, et entre, en janvier 1793, au Club des jacobins, où il diffuse les positions des cordeliers. Dans le cadre de la lutte entre la Convention girondine et la Commune, cet adversaire acharné des girondins, qu'il dénonce violemment, est arrêté en mai 1793 et bientôt libéré sous la pression des sections parisiennes. Dès lors, et surtout après la mort de Marat (13 juillet 1793), dont il se présente comme le successeur, Hébert acquiert une influence prépondérante sur le mouvement révolutionnaire parisien, canalisant les insurrections populaires - notamment lors des journées de septembre 1793 qui mettent la Terreur à l'ordre du jour -, tandis que sa feuille devient le périodique le plus diffusé de France. Dès l'automne 1793, cependant, après l'arrestation des « enragés » dont il fait siennes les revendications, il est en butte aux attaques des robespierristes, soucieux de domestiquer le mouvement populaire et d'asseoir l'autorité du gouvernement révolutionnaire. Dénoncé par les dantonistes - les « indulgents » -, il est arrêté avec les principaux chefs cordeliers le 13 mars 1794, puis, accusé de fomenter un « complot de l'étranger », il est guillotiné le 24 mars. Avec sa mort, Robespierre met au pas la Commune mais perd un précieux appui populaire.

Héloïse,

femme lettrée, devenue religieuse (Paris, vers 1100 - couvent du Paraclet, près de Nogent-sur-Seine, 1164).