Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Robert d'Arbrissel, (suite)

La vie et l'action de Robert d'Arbrissel s'inscrivent au sein du mouvement érémitique qui parcourt la société du XIe siècle et qui contribue, d'une certaine manière, au succès de la réforme grégorienne. Cependant, au tournant des XIe et XIIe siècles, son œuvre finit par être rigoureusement encadrée par l'Église, pour donner naissance à un nouvel ordre.

Robert Guiscard,

conquérant normand de l'Italie du Sud et de la Sicile (vers 1015 - Céphalonie, Grèce, 1085).

Fils de Tancrède de Hauteville, petit seigneur de Normandie, Robert Guiscard s'impose comme l'un des principaux chefs guerriers normands attirés par les richesses de l'Italie méridionale du XIe siècle, déchirée par les rivalités entre Byzantins, Lombards et Arabes. En 1058, il est acclamé duc par ses troupes de Calabre, et en 1059, à Melfi, il est investi duc de Calabre, de Pouille et de Sicile par le pape Nicolas II, dont il se reconnaît le fidèle. Il poursuit ensuite activement la conquête de ces terres. Maître de la Calabre dès 1060, il conquiert d'abord, avec son frère Roger, la plus grande partie de la Sicile musulmane (1060-1072). Puis il achève la conquête de la Pouille byzantine (en prenant sa capitale, Bari, en 1071), et celle de la principauté lombarde de Salerne, dont la capitale tombe en 1077. Robert Guiscard se montre dans le même temps le principal soutien de la papauté dans le conflit qui l'oppose à l'empereur Henri IV : en 1080, il renouvelle sa fidélité au pape Grégoire VII, qu'il délivre de Rome et accueille à Salerne en 1084. Fort de ses conquêtes et de l'appui du souverain pontife, il s'efforce d'imposer son autorité à l'ensemble des chefs normands. Son mariage, en secondes noces, avec la princesse salernitaine Sikelgayta achève d'en faire un véritable prince. Même si au XIIe siècle les rois de Sicile sont issus de la descendance de son frère Roger, Robert passe rapidement pour le fondateur de l'État normand d'Italie du Sud. En outre, sa renommée de combattant valeureux et victorieux fait de lui l'un des principaux héros guerriers célébrés par l'aristocratie chevaleresque du XIIe au XVe siècle.

Robertiens,

nom utilisé pour désigner le clan aristocratique issu de Robert le Fort (mort en 866) jusqu'à ce que son descendant Hugues Capet devienne roi en 987.

À la fin du IXe siècle, les Robertiens apparaissent comme la plus puissante famille de Neustrie et se posent en rivaux des souverains carolingiens dans le royaume de Francie. Ils dominent entièrement les régions comprises entre la Seine et la Loire. Dès l'époque de Robert le Fort, ils sont comtes de Tours et d'Angers et reçoivent le titre de marchio (« marquis ») de Neustrie. En 882-883, ils acquièrent le comté de Paris et, au Xe siècle, les comtés d'Orléans, de Blois et du Mans, ainsi que plusieurs comtés bourguignons. En outre, ils multiplient les alliances avec les autres grandes familles de Neustrie, en particulier celle de Vermandois, et s'attachent un vaste réseau de fidèles, qu'ils placent à la tête de leurs cités comme vicomtes ou qu'ils nomment aux sièges épiscopaux. Ils contrôlent, enfin, de très nombreuses abbayes, en particulier l'abbaye royale de Saint-Martin-de-Tours et celle de Saint-Denis, acquise en 891. En 914, le roi est contraint de reconnaître la transmission héréditaire de tous leurs honores, titres, droits et domaines : ils sont désormais des princes territoriaux indépendants. L'adoption précoce d'une structure lignagère patrilinéaire et de la règle de la primogéniture accroît encore leur puissance. Plusieurs membres du clan parviennent à devenir rois à la faveur des invasions normandes et des difficultés des souverains carolingiens : Eudes, fils de Robert le Fort, est ainsi élu, couronné et sacré roi en 888 (il en sera de même pour son fils Robert Ier, en 922). En 936, Hugues le Grand est reconnu par le roi carolingien Louis IV comme le second personnage du royaume et reçoit le titre de « duc des Francs », porté jadis par Charles Martel et Pépin le Bref. En 937, Hugues s'intitule « duc des Francs par la grâce de Dieu ». Il entreprend une politique matrimoniale de prestige avec les Otton, rois de Germanie, et exerce une véritable tutelle sur Louis IV (mort en 954), qu'il retient même prisonnier quelques mois en 945. Son fils Hugues Capet recueille cet héritage et parvient, grâce aux réseaux de fidélité qu'il a su constituer en Lorraine et grâce à l'appui de l'archevêque de Reims, Adalbéron, à être élu roi en 987, après la mort du dernier souverain carolingien, Louis V. À la Noël de la même année, le couronnement et le sacre de son fils Robert (futur Robert II le Pieux, qui est donc associé au trône du vivant de son père) font définitivement entrer la couronne dans le patrimoine de son lignage.

Robespierre (Maximilien Marie Isidore de),

homme politique (Arras 1758 - Paris 1794). Si le révolutionnaire est, de loin, le plus connu de tous, l'homme reste plus mystérieux : cette notice n'entend proposer que quelques pistes explicatives.

Le censeur de la vie publique.

• Né dans une famille de robins et de marchands, Maximilien de Robespierre, orphelin de mère et tôt délaissé par son père, connaît d'abord la réussite scolaire - il obtient une bourse pour étudier au lycée Louis-le-Grand, à Paris, où il fréquente Camille Desmoulins - puis la réussite sociale dans sa ville d'origine. Avocat à partir de 1781, il y gagne des procès et y devient membre de l'Académie des belles-lettres (secrétaire perpétuel, puis directeur élu en 1786). Cette ascension, somme toute modeste, se heurte cependant à un ostracisme local, qu'il provoque par ses dénonciations abruptes des travers de ses contemporains. Il accentue sa mise à l'écart de la société par des écrits où il critique le clientélisme des métiers de justice puis, en 1788, la volonté des notables d'Arras de protéger leurs privilèges aux états d'Artois. Cette entrée en politique sous le signe de la radicalité se traduit par son élection - difficile - aux états généraux de 1789 comme député du Tiers. Il va s'y faire remarquer par de très nombreuses prises de parole (plus de mille entre 1789 et 1794), indépendamment de ses qualités d'orateur, qui restent controversées. Sa vie va désormais se confondre avec un engagement public de tous les instants. Quant à l'absence de vie privée, elle correspond à une inclination, mais aussi à un choix qui explique ses engagements ultérieurs et donne à l'homme une personnalité hors du commun : vivant frugalement chez le menuisier Duplay, à Paris, Robespierre a pu - à bon droit - être appelé « l'Incorruptible ».