Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

Vienne (traité de) [14 octobre 1809],

traité signé par la France et l'Autriche qui met fin à la campagne napoléonienne de 1809.

À la tête de l'armée autrichienne, l'archiduc Charles est vaincu par Napoléon à Wagram (6 juillet 1809). Bien que la situation puisse encore être sauvée, l'Autriche demande l'armistice le 12 juillet. Menés par Champagny, ministre français des Relations extérieures, et par Metternich pour l'Autriche, les pourparlers se concluent par un traité signé au château de Schönbrunn. L'Autriche cède à la France la Carinthie, la Carniole, une partie de la Croatie, Fiume et Trieste, et se voit contrainte d'entrer dans le Blocus continental. Elle doit en outre payer une indemnité de guerre de 75 millions de francs et dédommager les alliés de la France. Ainsi, la Bavière reçoit Salzbourg, la haute vallée de l'Inn et l'Engadine. Au grand-duché de Varsovie est attribué le nord de la Galicie (Cracovie et Lublin). Quant à la Russie, elle obtient, malgré son attitude ambiguë, la Galicie orientale. L'Autriche a perdu presque quatre millions de sujets et n'a plus accès à l'Adriatique.

Si l'Empire français s'agrandit encore grâce à ce traité, son avenir s'assombrit. De plus en plus multinationale, la Grande Armée perd en cohésion, et, à Wagram, l'attitude des contingents allemands a failli compromettre la victoire. Deux jours avant la signature du traité, un étudiant saxon, Frédéric Staps, a tenté d'assassiner Napoléon, à Schönbrunn, révélant ainsi l'impopularité grandissante de l'Empereur en Allemagne. Enfin, le tsar Alexandre, qui espérait acquérir le grand-duché de Varsovie, est mécontent du traité. Pour ébranler plus sûrement l'alliance franco-russe, Metternich propose à Napoléon, qui a vainement sollicité la main d'une sœur du tsar, celle de l'archiduchesse Marie-Louise. Mais l'opinion française n'apprécie guère ce mariage avec une Autrichienne, petite-nièce de Marie-Antoinette, qui sera célébré à Paris le 1er avril 1810.

Villaviciosa (bataille de),

victoire franco-espagnole pendant la guerre de la Succession d'Espagne (10 décembre 1710).

Au milieu de l'année 1710, la situation du roi Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV, paraît désespérée : battu à Saragosse, il doit abandonner Madrid, où son rival, l'archiduc Charles de Habsbourg, se fait couronner. Louis XIV envoie alors le duc de Vendôme au secours de son parent. Le sursaut des partisans de Philippe V permet de reconstituer rapidement une armée. Vendôme saisit l'occasion provoquée par la séparation des forces adverses en deux groupes : les troupes impériales de Starhemberg, d'une part, et les Anglo-Hollandais de Stanhope, d'autre part. Attaqué, Stanhope se retranche dans Brihuega, à une centaine de kilomètres à l'est de Madrid, et capitule le soir du 9 décembre. Vendôme se retourne alors contre Starhemberg, qui arrive à marche forcée pour secourir son allié. Le 10, les armées se rencontrent dans la plaine de Villaviciosa, coupée de murs de pierres sèches qui gênent les cavaliers. Vendôme fait faire des brèches dans ces obstacles et se place à l'aile gauche ; Philippe V charge sur l'aile droite et enfonce la cavalerie adverse. Enveloppée, l'infanterie des Impériaux se forme en carrés et repousse les Français, au point que Vendôme croit la partie perdue. Une ultime charge rompt les lignes ennemies. Starhemberg parvient à s'échapper et à rejoindre la Catalogne, mais il laisse morts, blessés ou prisonniers, les trois quarts de ses 12 000 hommes, alors que les pertes des troupes françaises et espagnoles sont d'environ 2 500 tués et blessés. Le succès de Villaviciosa sauve le trône de Philippe V d'Espagne, et marque un retournement de situation dans ce pays.

Villehardouin,

famille de la noblesse champenoise qui s'est notamment illustrée en Orient, aux XIIe et XIIIe siècles.

Chroniqueur et maréchal de Champagne sous le règne de Philippe Auguste, Geoffroi de Villehardouin (vers 1150-vers 1213) participe à l'organisation de la quatrième croisade (1202-1204), menée par Boniface II de Montferrat, et négocie avec les Vénitiens les conditions du voyage des croisés jusqu'en Orient. Habile orateur et fin diplomate, il joue un grand rôle dans les négociations avec l'empereur byzantin, Alexis III Ange, avant le détournement de la croisade sur Constantinople. Après la prise et le pillage de la ville (1204), il parvient à réconcilier le nouvel empereur choisi par les croisés, Baudouin Ier, avec Boniface de Montferrat, et reçoit le titre de maréchal de Romanie. Il accède par la suite au rang de premier conseiller du même Boniface de Montferrat, devenu roi de Thessalonique. Geoffroi de Villehardouin a aussi des talents littéraires, dont il fait preuve dans sa chronique, l'Histoire de la conquête de Constantinople, un témoignage exceptionnel sur la quatrième croisade et les établissements latins en Grèce.

En 1209, son neveu, Geoffroi Ier, se fait reconnaître comme prince d'Achaïe (ou de Morée), un territoire récemment conquis dans le Péloponnèse par Guillaume Ier de Champlitte. La dynastie Villehardouin se maintient jusqu'en 1278 dans la principauté d'Achaïe, qui est successivement gouvernée par Geoffroi II, fils de Geoffroi Ier et prince d'Achaïe de 1229 à 1246, puis par le fils de Geoffroi II, Guillaume de Villehardouin, prince d'Achaïe de 1246 à 1278.

Villèle (Jean-Baptiste Guillaume Joseph, comte de),

homme politique (Toulouse 1773 - id. 1854).

Le principal représentant du parti ultraroyaliste incarne l'échec de la politique de réaction conduite sous la Restauration à partir de 1820.

Aîné d'une famille noble du Lauragais, il entre en 1788 à l'École de marine d'Alais et participe aux combats navals contre l'Angleterre dans l'océan Indien. Hostile à la Révolution, il est emprisonné de mai à octobre 1794, puis s'établit dans l'île Bourbon (Réunion), où il combat l'abolition de l'esclavage, s'enrichit dans la culture du café et épouse, en 1799, la fille d'un riche planteur. Il regagne la France en 1807, et prend la tête de la vaste propriété familiale de Morvilles (Haute-Garonne). Il prête serment à l'Empire comme maire (1808) et conseiller général (1811), puis s'affilie en 1813 à la société secrète des Chevaliers de la foi et devient l'un des principaux chefs des royalistes toulousains. Après la première Restauration, il prend position contre la monarchie parlementaire (Observations sur le projet de Constitution, 1814). Opposant déclaré mais circonspect durant les Cent-Jours, il est nommé maire de Toulouse au début de la seconde Restauration (juillet 1815) ; il est alors débordé par les excès des « verdets » (groupes d'activistes royalistes arborant une cocarde verte, couleur du comte d'Artois), qui attaquent les jacobins et assassinent le général Ramel (août 1815). Élu député de la Haute-Garonne - département où il sera constamment réélu jusqu'en 1830 -, il siège parmi les ultras dans la Chambre « introuvable » (août 1815-avril 1816) et s'oppose à la politique modérée conduite par Richelieu et Decazes ; il s'affirme au sein du parti ultraroyaliste par ses compétences financières et son habileté tactique.