Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
R

Renaudot (Théophraste),

médecin et publiciste (Loudun, Vienne, 1586 - Paris 1653).

Fondateur de la Gazette, future Gazette de France, Renaudot doit toute sa carrière au cardinal de Richelieu, auquel l'unissent des liens de clientèle et dont il sert fidèlement la politique. Grâce à cette protection, il accumule titres, pensions et monopoles, qui sont autant d'entorses aux privilèges traditionnels des corps de métiers parisiens - Renaudot n'appartenant à aucune corporation. C'est dans sa province natale, où il exerce la médecine - il a été reçu docteur en médecine à Montpellier, en 1606 -, qu'il fait la connaissance de Richelieu, évêque de Luçon alors en disgrâce. Dès 1625, il le rejoint à Paris, où il renonce à la confession protestante pour se convertir au catholicisme. Il doit alors batailler contre les six corps des marchands de Paris et les imprimeurs-libraires pour faire confirmer les multiples brevets royaux l'autorisant à ouvrir un « bureau d'adresse » (1630) - sorte d'agence d'emploi pour les pauvres, à la fois mont-de-piété et salle des ventes - et à imprimer la très officielle Gazette (1631), ainsi que la Feuille du bureau d'adresse (1633), journal de petites annonces. Il s'attire, de surcroît, l'hostilité de la faculté de médecine en organisant des conférences (1633) et en ouvrant un centre de soins gratuit (1640) contraire tant au monopole qu'à l'enseignement de la Faculté. Les procès qui se multiplient à partir de 1640, au moment où disparaissent ses protecteurs Richelieu et Louis XIII, ont raison de l'opiniâtre Renaudot, qui est contraint, en 1644, de cesser toutes ses activités, à l'exception de celles liées à la Gazette. Ce journal, qui prend d'emblée parti pour Mazarin, survit sous la Fronde et revient aux descendants de Renaudot, mort à demi ruiné.

Renault,

société de construction automobile créée le 25 février 1899 sous le nom de « Société Renault frères » par Marcel et Fernand Renault.

À partir de mai, ils produisent une voiturette dérivée du prototype conçu par leur frère Louis, dont la diffusion progresse vite : de 71 unités en 1899, elle passe à 1 600 en 1903, Renault appuyant son développement industriel sur ses succès sportifs. En 1909, Louis Renault se retrouve seul à la tête de la société et mise, pour développer l'entreprise, sur une large gamme de véhicules, de la populaire 6 CV à la distinguée 40 CV. En novembre 1929, Renault inaugure l'« usine de demain », bâtie sur l'île Seguin, à Boulogne.

La Seconde Guerre mondiale marque une rupture radicale. Incarcéré à la prison de Fresnes pour faits de collaboration, Louis Renault y meurt le 24 octobre 1944. Pierre Lefaucheux est nommé administrateur des Usines Renault, transformées en Régie nationale le 16 janvier 1945. Avec la 4 CV, présentée en 1946, Renault adopte une stratégie nouvelle, axée sur la « démocratisation » de l'automobile. En janvier 1952, l'ouverture de l'usine de Flins, entre Paris et Rouen, amorce la décentralisation de l'entreprise. Pierre Dreyfus remplace Pierre Lefaucheux en février 1955 et lance une grande offensive sur le marché américain : les exportations passent de 3 670 unités en 1956 à 117 000 en 1959 ... avant de décliner. Dreyfus encourage aussi l'étude de voitures fonctionnelles : la rustique R4 (1961), la familiale R16 (1965), la citadine R5 (1972). En mai 1968, Boulogne-Billancourt symbolise la révolte ouvrière. En 1975, Pierre Dreyfus cède sa place à Bernard Vernier-Palliez, qui engage la Régie en formule 1 (1977). En janvier 1979, Renault entre dans le capital d'American Motors. Nommé en 1982, Bernard Hanon décide de lancer le modèle Espace. Georges Besse lui succède en 1985, avec la lourde tâche de gérer la crise économique, mais il est assassiné le 17 novembre 1986, et c'est Raymond Lévy qui accomplira son œuvre. Ce dernier cède American Motors à Chrysler (1987), amorce la politique de « qualité totale » (1988), signe un protocole d'accord avec Volvo (1990), achève la prise de contrôle du constructeur d'autobus Mack (1990) et donne le feu vert au lancement de la Twingo (1992). Louis Schweitzer, président depuis 1992, prépare de nouvelles mutations, entame une privatisation partielle de l'entreprise (1994), se retire de la formule 1 - avec six titres de champion du monde des constructeurs (1992-1997) - et s'inscrit dans une stratégie de mondialisation en installant une usine au Brésil (1997). Mais Renault, incarnation pendant de longues années de la France industrielle, de ses conflits et de ses avancées sociales, semble avoir perdu sa place dans l'imaginaire collectif. La vente de l'île Seguin marque peut-être, symboliquement, la fin d'une époque.

Après son rapprochement raté avec Volvo, Renault, qui passe alors au secteur privé, l'État réduisant sa participation à 15,7%, se rapproche du constructeur japonais, Nissan, en 1999 et investit en Roumanie pour lancer la voiture à petit prix destinée au marché des pays de l'Est.

René d'Anjou,

dit le Roi René, roi de Jérusalem et de Sicile de 1435 à 1480, duc d'Anjou et comte de Provence de 1434 à 1480 (Angers 1409 - Aix-en-Provence 1480).

La figure du « bon roi » René illustre particulièrement bien le personnage du prince mécène et lettré, si caractéristique de la fin du Moyen Âge.

Second fils de Louis II d'Anjou et de Yolande d'Aragon, René d'Anjou n'a jamais eu le destin politique qu'il ambitionnait. Il connaît en effet de nombreuses difficultés pour asseoir son autorité sur un triple héritage territorial. Duc de Bar (1430), duc de Lorraine (1431) par son mariage avec Isabelle de Lorraine, puis duc d'Anjou, roi de Naples-Sicile à la mort de son frère Louis en 1434, et enfin roi de Naples à la mort de la reine Jeanne en 1435, il se voit contester ses titres sur l'ensemble de ces possessions. Chassé de Lorraine en 1431 et emprisonné, il doit ensuite abandonner Naples en 1442 et revenir en France. À l'exception de quelques participations à des expéditions militaires, au côté notamment de Charles VII, il se partage alors entre ses principautés d'Anjou et de Provence. Peu de temps après sa mort, en raison d'une politique successorale maladroite, l'Anjou et la Provence reviennent au royaume de France.