Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Contre-Révolution, (suite)

Après le 10 Thermidor, la confusion est progressivement levée : le noyau des contre-révolutionnaires de la première heure, incarnation de la nostalgie d'une France absolutiste alliée dorénavant à la catholicité et à la ruralité traditionnelles, est définitivement constitué. Dans cette perspective, l'activité proprement idéologique a suivi plutôt que précédé l'action. Le premier représentant du courant contre-révolutionnaire est certainement l'Anglais Edmond Burke, qui, dès 1790, dans ses Réflexions sur la Révolution française, condamne, au nom du respect des traditions, les innovations politiques françaises reposant sur un système - philosophique autant que politique - inédit. À partir de 1797, le Savoyard Joseph de Maistre voit dans la Révolution une punition divine. Ainsi, l'opposition Révolution/Contre-Révolution est perçue comme l'affrontement philosophique et métaphysique de deux entités, au mépris des subtilités de l'histoire. Dans les faits, les principes des contre-révolutionnaires conséquents s'articulent autour de la volonté de revenir à une monarchie respectueuse des corps intermédiaires et des pouvoirs des élites nobiliaires, en refusant totalement toutes les réformes introduites à partir de 1788. Cette intransigeance des chefs - notamment des deux frères du roi - constitue incontestablement l'une des faiblesses du mouvement, qui n'a pas pu ni su rallier à sa cause nombre de déçus de la Révolution. À long terme, cependant, elle façonne le camp contre-révolutionnaire, au point de marquer durablement la vie politique française.

contrôleur général des Finances,

principal ministre du gouvernement royal aux XVIIe et XVIIIe siècles.

La fonction est créée par Henri II en 1547 : deux contrôleurs généraux des Finances sont alors chargés de vérifier les sommes encaissées, ou dépensées, par le trésorier de l'Épargne. Ces deux postes, institués sous forme d'offices, connaissent divers aléas : ils sont parfois réunis, ou supprimés au profit des intendants des Finances. Dans tous les cas, contrôleurs et intendants demeurent subordonnés au surintendant des Finances, qui, tel Sully, a rang de ministre.

En 1661, le surintendant Fouquet est destitué par Louis XIV, et sa fonction, supprimée. Désormais, le roi ordonne lui-même les dépenses, tout en confiant la gestion quotidienne à l'intendant des Finances Jean-Baptiste Colbert, qui a tout fait pour abattre Fouquet. En 1665, Colbert reçoit le titre de contrôleur général, sous la forme d'une commission (les offices de contrôleur disparaissent). Avec lui, le contrôleur général s'impose comme le chef des intendants et de toute l'administration des Finances.

Artisan et principal bénéficiaire de cette promotion, Colbert insuffle beaucoup de dynamisme à l'institution. Cumulant plusieurs postes ministériels, il concentre entre ses mains non seulement l'administration financière mais aussi la direction de toute l'économie du pays, imposant de fait la prééminence des bureaux du contrôle général, qu'après sa mort l'institution conservera.

Depuis le règne de Louis XIV jusqu'à la Révolution, le contrôleur général constitue donc le personnage clé du gouvernement. Outre la fiscalité et le budget, sa compétence s'étend à la monnaie, au domaine royal, aux eaux et forêts, aux mines, à l'industrie et au commerce, à l'agriculture, aux ponts et chaussées, à l'assistance, etc. Il est à la fois le ministre des Finances et de l'Économie, et, par le biais des Finances, il place les autres ministres sous sa dépendance. Aussi, dans la gestion administrative, le chancelier est-il totalement éclipsé : le contrôleur général correspond avec les intendants des provinces, qu'il nomme lui-même le plus souvent, leur adressant des instructions détaillées.

Pourtant, à la fin du XVIIIe siècle, la fonction est fragilisée par la très grave crise financière, et par l'incapacité des contrôleurs généraux d'imposer les réformes nécessaires. Aussi, ceux-ci se succèdent-ils à un rythme accéléré (Silhouette, Terray, Turgot, Calonne sont les plus célèbres), sans pouvoir engager une œuvre de longue haleine.

Convention nationale,

troisième Assemblée révolutionnaire, qui a siégé du 20 septembre 1792 au 26 octobre 1795.

Après le 10 août 1792, l'Assemblée législative suspend le roi de ses fonctions, et décide de laisser place à une Convention, élue au suffrage universel masculin, chargée d'établir une nouvelle Constitution. Réunie pour la première fois le 20 septembre, la Convention abolit à l'unanimité la royauté le 21, et décide, le 22, de dater désormais les actes publics de l'an I de la République. Le 25, elle déclare : « La République française est une et indivisible. »

Girondins et montagnards

• . L'origine sociale des 749 conventionnels diffère peu de celle de leurs prédécesseurs (plus d'un tiers d'hommes de loi). Près du quart ont déjà été députés, et plus de la moitié ont exercé des fonctions locales. À « droite », les girondins forment 18 à 22 % de l'Assemblée, alors que, à « gauche », les montagnards en représentent environ 35 %. Au centre, une majorité de députés constitue la Plaine (ou le Marais), qui, en suivant girondins ou montagnards, fait pencher la décision d'un côté ou de l'autre. Aucun de ces groupes n'est homogène, et les frontières qui les séparent ne sont pas toujours tranchées, certains députés étant, tour à tour, proches des girondins et des montagnards, selon les sujets débattus. L'opposition entre la Gironde et la Montagne, qui recoupe les luttes sociales et politiques dans le pays entre modérés et sans-culottes, domine les débuts de la Convention. Députés girondins et montagnards s'affrontent lors du procès du roi (jugé par la Convention), et aussi à propos de l'articulation entre droit à l'existence et droit de propriété, ou encore de la politique à mener pour conduire la guerre, terminer la Révolution, asseoir la République, etc. L'insurrection des 31 mai-2 juin 1793 entraîne la chute de la Gironde et la victoire de la Montagne à la Convention.

Le gouvernement révolutionnaire.

•  Le 24 juin, les conventionnels adoptent une nouvelle Constitution, d'inspiration très démocratique ; mais son application est reportée à la paix, et l'Assemblée décide de ne pas se séparer avant que la République soit solidement établie : « Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République, celui du gouvernement révolutionnaire, de la fonder » (Robespierre). Les députés décrètent donc, le 10 octobre, que « le gouvernement est révolutionnaire jusqu'à la paix » et, le 14 frimaire an II (4 décembre 1793), que « la Convention est le centre unique de l'impulsion révolutionnaire ». Pendant l'an II, la Convention montagnarde vote une série de lois sociales et politiques destinées à « fonder » une République démocratique soucieuse du « bonheur du peuple » : décrets de ventôse, organisation d'un système d'assistance et de soins (grand livre de la bienfaisance nationale), instruction primaire gratuite et obligatoire, abolition de l'esclavage... Parallèlement, elle continue la lutte contre les « ennemis » de la Révolution, ceux qui s'opposent à la fondation de cette République : poursuite de la guerre à l'extérieur et à l'intérieur (Vendée), renforcement de la justice révolutionnaire et de la Terreur (loi du 22 prairial an II). Mais des divergences au sein même de la Montagne aboutissent au 9 Thermidor (27 juillet 1794) et à l'élimination des robespierristes.